Forum Discussion
G8/ Chapitre 18 - In vino veritas
_________________________________
Shelby était sortie du bloc opératoire peu de temps après que nous soyons revenus à l’étage, Léandre et moi.
Je me retrouvais seul à nouveau dans cette chambre avec Rose. Mais aujourd’hui, elle dormait paisiblement. Son visage était serein.
J’avais l’impression qu’une éternité s’était écoulée depuis cette fameuse nuit où je l’avais retrouvée, dans son déshabillé bleu, devant chez nous...
Une éternité... Et pourtant, c’était hier... J’avais failli la perdre. Les coupables ne resteront pas impunis, je m’en fis la promesse. Je m’en occuperai moi-même.
[Point de vue de Rose]
Lorsque je m’étais réveillée, je m’étais retrouvée face à Shelby (elle m’avait demandé de l’appeler ainsi), le docteur qui m’avait opérée, la deuxième fois. Je lui avais demandé où était Caleb, et elle m’avait dit l’avoir envoyé prendre une douche, et manger un peu.
Elle m’expliqua que Caleb était toujours resté à mon chevet, que j’avais beaucoup de chance d’avoir un mari qui m’aimait autant.
Elle m’apprit que Caleb avait remué ciel et terre pour me sauver, allant jusqu’à me donner cinq litres de son plasma pour me remettre sur pied. Elle me fit alors un compte-rendu détaillé de l’intervention que j’avais subie pour me proposer d’aller ensuite prendre l’air dans le jardin de l’hôpital.
- On n’est pas bien, ici, au soleil ? me demanda-t-elle.
- Si. Alors, vous êtes un vampire ?
Elle sourit :
- Ça vous dérange ?
- Non. Je vous remercie de m’avoir sauvée, Shelby.
- Vous n’avez pas à me remercier. Je n’ai fait que mon travail.
- Et quelle est votre idée sur la perte de mon bébé ?
- C’est l’œuvre d’un vampire, j’en suis sûre. Heureusement, le plasma de votre mari va permettre de tout régénérer.
- Vous voulez dire que je pourrai à nouveau tomber enceinte ?
- Oui. Vous pourrez enfanter, Rose.
- Oh, mon Dieu...
J’avais du mal à croire ce que j’entendais. C’était inespéré.
Shelby s’était retirée avec l’arrivée de Caleb.
Caleb m’avait embrassée et je sentis dans son baiser toute la peur qu’il avait eue de me perdre...
Le jour de ma sortie, cinq jours après, Caleb était venu me chercher. Il m’annonça que ma famille attendait dans le couloir pour me voir.
- C’est pas vrai...
- Ils étaient déjà là quand je suis arrivé. Je n’ai pas pu faire grand-chose.
- Mais qu’est-ce que je vais leur dire ? Ça fait des années que nous ne nous sommes vus...
- Tu as déjà vu tes deux oncles, Yann et Gildas, lorsque tu t’es levée entre deux comas. Tu ne te rappelles pas ?
- Non... Je ne me souviens même pas m’être réveillée...
- Eh bien, ça s’était très bien passé.
- Ils doivent tous m’en vouloir à mort.
- Mais non. Ils sont surtout heureux de te savoir en vie. On a tous cru que tu allais mourir.
- J’aimerais rentrer tout de suite à la maison.
- Après les avoir vus, d’accord ?
- Tu vas rester près de moi ?
- Bien sûr. Je ne te quitterai pas des yeux.
Caleb me tint par la main et m’accompagna en dehors de la chambre. Et je la vis tout de suite... Tatie Morgane... S’il y a une personne dont je savais qu’elle avait souffert de mon absence, c’était elle.
Mais il était trop tard.
Les voir tous là me bouleversait. Je lâchai la main de mon mari et m’avançai vers eux d’un pas, que j’espérais, assuré. Je n’entendais qu’elle... Mais Papa prit la parole.
Mais je ne voyais qu’elle, je n’entendais qu’elle. Je voulais qu’elle me serre fort. Elle m’en voulait.
Puis elle me prit dans ses bras. Ma tatie... J’avais oublié à quel point je l’aimais...
Puis Gildas m’avait lui aussi prit dans ses bras...
Puis Papa était venu me parler...
Et Maman m’avait enlacée.
Il fallait que je prenne l’air... L’atmosphère me pesait. J’avais repéré Tonton Yann et mon cousin Maxime qui discutaient dehors.
Tonton était extraordinaire. Il se comportait comme si nous nous étions vus la semaine dernière. Pourtant, j’entendis son souffle profond lorsqu’il me serra contre lui, il était soulagé.
J’étais vraiment heureuse de retrouver mon chez moi. Lilith nous attendait.
- Alors, comment ça va, sœurette ?
- Mieux maintenant que je suis ici.
- Je vous propose d’aller vous changer. Je finalise le dîner. Emmanuelle va nous rejoindre.
- Super ! Je vais prendre une douche, alors.
Mon mari embrassa ma main, comme il le faisait parfois, un geste hérité de ses ancêtres, et que j’adorais.
Mon mari était devenu très romantique soudain.
Caleb m’embrassa tendrement.
Mais au lieu de profiter l’un de l’autre, il avait fallu descendre à la cuisine rejoindre Lilith et Emmanuelle.
Caleb me prit dans ses bras.
Le sommeil tardait à venir. Je tournais et virais dans mon lit lorsque je décidai d’aller chercher un livre dans la bibliothèque. Caleb et Lilith étaient au bar, en pleine discussion, sur moi. Ils ne m’avaient pas vue.
- Je ne supporterai pas de la perdre.
- Je crois que tu as trop bu, frérot... C’est notre quatrième verre de Plasma Mary.
- Et alors ? En quoi, ça te dérange ?
- Ça ne me dérange pas. C’est juste qu’en général, c’est dans ces moments-là que tu t’épanches. Alors, je préfère te prévenir. Je sais que tu n’aimes pas t’épancher.
- Aujourd’hui, j’en ai besoin. Et ce ne sont pas quatre verres qui vont me retourner la cervelle. J’ai cru qu’elle allait mourir, Lilith, tu comprends ?
- Bien sûr que je comprends. Tu sais que je comprends.
J’avais décidé de m’éloigner. Je ne voulais pas qu’ils me voient mais je voulais savoir...
- Alors tu sais que je ne supporterais pas de vivre sans elle. C’est au-dessus de mes forces.
- Pourtant, ça arrivera un jour... Elle est humaine, Caleb, tout comme l’était mon mari, mon amour.
Je m’étais assise pour écouter. Je savais que ce n’était pas bien d’espionner. On nous l’apprend depuis notre plus tendre enfance. Mais l’envie de savoir était la plus forte.
- Je m’en suis remise. Enfin, si j’ose dire ça comme ça car il me manque toujours et je le pleure encore. Mais toi, Caleb... Rose est ta faiblesse, tu le sais ?
- Malheureusement oui. J’en suis parfaitement conscient. Mais c’est ainsi.
- Et si tu la transformais ?
- Mais tu es complètement cinglée ! Tu sais bien ce que nous coûte la vie éternelle !
- Oui, je le sais. Et je sais aussi que tu l’avais refusée à Samuel quand il te l’a demandé.
- Justement. Alors tu oublies ça.
- Si tu avais accepté, Samuel serait encore avec toi, à l’heure qu’il est.
- Lilith... Tu ne peux pas me reprocher ce que toi-même, tu n’as pas fait. Ton mari aussi te l’a demandé...
- Oui. Et cela fait des années que je regrette ma décision. Tu vois, Caleb. Il y avait bien longtemps que je n’avais pas ressenti autant d’amour pour quelqu’un qui ne soit pas de notre famille... Je considère Rose comme ma sœur. Alors j’aimerais qu’elle reste avec nous.
- Je t’ai dit d’oublier. On ne touche pas à l’humanité de Rose.
- D’accord, j’oublie. Mais ne me regarde pas comme ça. On dirait que tu vas me mordre...
- Tu sais, Lilith... Le pire, c’est que j’aime bien cette idée...
- Quelle idée, Caleb ?
- Que Rose reste près de moi pour l’éternité... Je caresse cette idée, mais c’est celle d’un égoïste.
- Absolument pas. Tu l’aimes. Ce n’est pas de l’égoïsme. C’est de l’amour.
Non, Caleb n’était pas égoïste. Plus j’y pensais et plus je voulais rester à jamais près de lui...
- Lilith, je suis heureux que tu sois à mes côtés. Tu es pleine de bon sens.
- Je te connais, Caleb. Par cœur. Et je t’aime aussi.
- Alors, raconte-moi. Comme ça, tu reprends goût à la nourriture humaine ?
- Assurément. Mais pas plus d’une fois par jour pour le moment. Shelby est très stricte là-dessus. Son traitement est progressif.
- Et tu pourras normalement refaire trois repas par jour dans le futur ?
- Oui, elle me l’a assuré.
- Et pour ton intolérance au soleil ? Qu’a-t-elle dit ?
- Malheureusement, cela se traite comme une allergie. Il faut que je m’expose au soleil un petit peu plus chaque jour. Mais Rose n’étant pas là pour me booster, je t’avoue que j’aie un peu laissé tomber.
- Rose est revenue. Je suis sûre qu’elle se fera un plaisir de t’aider.
- Bien sûr, je le sais. Rose est ma sœur, Caleb.
Bien sûr que j’allais continuer à l’aider. Lilith était ma sœur. Elle venait de le dire et je ressentais la même chose. Je ne l’abandonnerai pas. Je l’aimais, ma grande sœur.
- Te rappelles-tu que le Créateur a parlé de deux vampires qui allaient nous aider dans ce fameux combat ? Est-ce que tu crois que Shelby pourrait être l’un des deux ?
- Je n’en serais pas étonnée. Elle est du côté du Bien. Il ne nous manquerait plus qu’un vampire dans ce cas...
- Oui. Mais cela voudrait dire que le combat se rapproche...
- Pas sûr. Nous ne savons même pas encore contre qui nous allons nous battre, ni pourquoi.
- Et les « men in black », tu en penses quoi ?
- Les « men in black » ?? C’est qui, ça ?
- Les oncles de Rose. Je les ai surnommés ainsi le jour où ils sont arrivés à l’hôpital dans le même costume noir d’agent secret. Ce sont les Protecteurs de l’Elue.
- Mais pourquoi veux-tu savoir ce que j’en pense ?
- Parce qu’ils vont se joindre à nous pour le combat.
- C’est du délire ! Ils ne pourront pas combattre des vampires. Ils sont humains.
- Yann m’a assuré le contraire. Et je le crois. Ils ont peut-être des pouvoirs de protecteur qu’on ignore.
- Je me demande bien quels pouvoirs ils pourraient avoir...
- Alors, tu en penses quoi ?
- Je ne les connais pas plus que ça, mais je crois que toute aide sera la bienvenue.
- On est d’accord. Et ces types sont sérieux. Je pense aussi qu’ils en savent plus qu’ils ne le disent.
- Comme quoi par exemple ?
- Je n’en sais fichtrement rien ! Mais Yann et moi avons convenu de nous revoir pour parler sérieusement. J’espère qu’il m’en dira plus.
- Tu crois qu’il pourrait savoir qui s’en est pris à Rose ?
- J’en doute mais si c’était le cas, je pourrais au moins aller régler son compte au coupable.
- Attention, si ce sont des humains, tu ne pourras pas faire n’importe quoi.
- Tu veux quand même pas que je laisse ce crime impuni ?
- Surtout pas, non. Je te dis juste de faire attention à ce que tu vas faire. Tu pourrais te retrouver en prison.
- Tu m’as prix pour un novice, Lilith ? Tu as déjà oublié comment j’effaçais nos traces ?
- C’est vrai que tu étais très doué. Mais c’était il y a presque mille ans...
- Ça ne s’oublie pas. Et en plus, de nos jours, il y a des techniques modernes.
- Il y a aussi des techniques modernes pour retrouver un coupable. Bon, je crois que je vais rentrer Caleb.
Il fallait que je m’éclipse... Il était temps pour moi de remonter dans la chambre.
- Merci d’être resté un peu avec moi. Cela m’a fait du bien de discuter. J’en avais besoin.
- A ton service.
- Et fais attention en traversant la rue, hein ? On a bu pas mal de plasma mary.
- T’en fais pas gros bêta, je devrais y arriver.
A suivre... 😊
Crédits poses :
Caleb portant Rose : BEXOSIMS
Rose et Caleb dans la cour de l'hôpital : LEALLAI
Rose et Caleb, dansant dans la chambre : KATVERSE