[Challenge Colonie-terminé] Nouveau monde (MAJ 10/06)

J’en avais testé plusieurs,des voies,mais rien qui ne me satisfaisait vraiment.
J’aimais être à l’extérieur et je songeais à entamer une carrière d’horticultrice,sans bien sûr oser en parler à mes parents qui auraient jugé cela indigne de notre condition.




Ils ont été tellement soulagés quand Dimitri est venu demander ma main. Leur fille si problématique allait finalement avoir un mari riche et bien comme il faut,ils n’auraient plus à en rougir !


Dimitri et moi étions voisins depuis toujours. Je ne le connaissais que de loin,notre différence d’âge de 5 ans ayant fait que nous ne fréquentions jamais les mêmes établissements scolaires ni les mêmes personnes.
Je le trouvais beau,ça oui… je le regardais parfois sortir de chez lui,le matin,pour monter dans se belle voiture.


Je n’imaginais pas un instant que lui aussi me regardait,et c’est avec une immense surprise que je me suis rendue compte qu’il me faisait les yeux doux lors de ma fête d’anniversaire,pour mes 18 ans.


Papa et Maman avaient invité tout le gratin,évidemment,et il en faisait partie,c’était indéniable.
J’ai craqué pour ces beaux yeux et cette voix chaude,qui me faisait plus de compliments que je n’en avais encore jamais entendus dans ma vie.


Jamais je n’aurais imaginé ce soir là qu’il savait être vraiment méchant,quand il voulait…
Je l’ai découvert plusieurs mois après,alors que notre relation évoluait petit à petit,alors que nous commencions à bien nous connaître.




Ce n’est pas à moi qu’il est venu demander ma main. Aurais-je osé lui dire «non» si ça avait été le cas? L’aurais-je même voulu,d’ailleurs? Après tout,nous passions souvent de bons moments ensemble,tous les deux,malgré nos caractères bien différents .
Non,c’est à Papa qu’il est venu en parler. Et de fil en aiguille,presque sans m’en rendre compte,je me suis retrouvée Madame Dimitri Letters.


Plus besoin de me tourmenter à chercher ma voie,la carrière de mon mari et nos fortunes familiales respectives étaient bien suffisantes pour assurer notre train de vie dispendieux...
Dimitri et moi avons passé une année dans notre magnifique demeure,toute proche de celles de nos parents. Je continuais à courir,tous les jours,c’était toujours et encore mon défouloir,mon besoin vital.


Je jouais,aussi...encore. J’avais emporté tout mes jouets fétiches,je ne pouvais m’en passer.


J’étais souvent seule,Dimitri travaillait beaucoup. Je n’avais pas vraiment d’amis...que des relations mondaines que je n’appréciais pas particulièrement.
Mais je n’étais pas malheureuse. Je passais beaucoup de temps à me raconter des histoires,je meublais ainsi sans peine ma solitude.


Plus difficiles étaient souvent les moments où Dimitri était à la maison.
Il aimait beaucoup les belles choses,et ce penchant était largement satisfait par notre fortune.
Il aimait aussi beaucoup paraître à son avantage aux yeux du monde. Et si cela était le cas la plupart du temps,il y avait pour lui quelques points noirs dans sa vie,dûs aux «bizarreries» de son épouse qui faisaient jaser certains.


Il avait de plus en plus de mal à accepter mes «tares» comme il disait. Mes jouets et mes sautes d’humeur,il en avait plus qu’assez. Il voulait que je passe plus de temps à me faire des relations convenables parmi les femmes du quartier,et à réfléchir à des passe-temps moins « débiles ».


Il savait avoir les mots qui faisaient mal,qui me faisaient pleurer.


Mais il s’excusait à chaque fois,après,et me disait qu’il m’aimait.


Nos disputes se terminaient invariablement sur l’oreiller,sans gagnant ni perdant.


Qu’elles me semblent futiles maintenant,ces disputes,quand j’y repense.
Si nous avions su ce qui allait arriver,nous serions nous comportés différemment ? Aurions nous plus « profité » de la vie ?


Le jour où Dimitri est rentré en courant,paniqué,hurlant de courir tout de suite dans l’abri anti-atomique,j’ai cru qu’il était devenu fou.


Mais sans lui,et sans notre fortune qui nous avait permis d’acheter cette maison avec abri anti-atomique,je serais morte comme tous les autres.


Les jours précédents,nous avions entendu parler aux infos d’une énorme météorite qui allait passer au large de la Terre.
A son bureau, Dimitri a fait partie de ceux qui ont eu la dernière de toutes les infos ce jour-là : la météorite avait brusquement dévié sa trajectoire et nous fonçait droit dessus. Dix minutes plus tard,juste le temps pour lui de rentrer et de m'alerter,le monde explosait.
De notre abri,nous avons ressenti un choc monumental,et perdu tous les deux connaissance. Quand nous sommes revenus à nous,c’est une dévastation totale que nous avons trouvé autour.
Je n’ai vraiment plus la force de repenser vraiment à ces moments. Tout ce que je peux dire,c’est que nous étions seuls,au milieu de ruines et de cadavres déchiquetés. Nos parents étaient introuvables.
Nous avons eu beau chercher des survivants,nous n’en avons pas trouvé. Plus de téléphone,plus de télé,plus d’électricité. Rien ne fonctionnait. Nous n’avons même pas vu l’ombre de cette météorite,elle avait dû tomber loin d’ici,et être gigantesque au vu des dégâts provoqués dans un si large rayon.
Je ne sais pas si le monde entier a été touché,je ne sais même pas s’il y a des survivants quelque part. Forcément,oui. Il le faut.


Dimitri et moi les avons recherchés avec l’énergie du désespoir,après la catastrophe,mais rien...
Au bout de quelques jours,il nous a fallu quitter la ville tant l’odeur du charnier était devenue insupportable.
Avec quelques provisions et bagages,nous nous sommes partis bien loin de chez nous,en rase campagne. Nous avons erré des jours durant,épuisant petit à petit nos maigres provisions,les complétant avec des fruits glanés de ci de là,et dormant à la belle étoile.
Les rares villages par lesquels nous passions étaient tous en ruines,et sans trace d’un être vivant.
Quand nous sommes tombés,au détour d’un chemin,sur cette vieille bâtisse isolée et miraculeusement intacte,nous en avons à peine cru nos yeux...