..

Automne An 2. - Partie 1

La saison d'Automne débuta dans cet atmosphère morne & déchirante. Telle ses feuilles caractéristiques virevoltantes au vent, emportées par le râle du dernier voyage, les jours s'écoulèrent lugubres & froids. Les nuages gris & opaques semblaient lourds de pluie mais comme si le ciel estimait que assez d'eau coulait déjà sur nos joues, ils se gardèrent bien de nous envoyer la moindre goutte qui nous aurait à coup sûr transpercer de froideur et glacer les os.

Toute la famille est bien entendue en deuil & l'ambiance dans la maison a été calmé d'un coup sec. Les enfants ne sont plus à la fête & même Mathilde, qui pourtant était en pleine phase de colère s'est jointe au chagrin commun en ne cherchant plus le conflit pour l'instant. Nos animaux aussi, sûrement dû au contrecoup, se sont mis à agir bizarrement. Eux qui s'entendaient toujours à merveille en venaient à se battre à la moindre occasion.



Je ne saurais dire si c'est la somme des évènements qui amena à cette conséquence mais Clarissa devint une enfant délicate durant cette période. La petite bambine énergique laissa place à une fille silencieuse & discrète, qui ne demandait rien & ne parlait quasiment plus. Bien que très proche de ses sœurs, elle semblait s'enfermer dans un mutisme qui peut-être la rassurait ? J'étais perdue & avec l'esprit totalement pris ailleurs, je n'avais pas réellement de temps à lui consacrer. Je le regrettais bien sûr mais ...




Mon cher petit trésor, Baby ... quel souvenir garderas tu de ton père ? Aucun j'en ai peur. Si seulement tu pouvais te souvenir de la chaleur de ses bras, te berçant doucement avant de quitter la pièce à pas feutrés. Nous pourrons bien sûr te parler de lui, évoquer avec toi son souvenir, te montrer les albums photos illustrateurs des évènements de sa vie. Mais cela ne sera jamais aussi fort que sa présence réelle à tes côtés, mon fils. Même si parfois, entre 2 nuits solitaires & frissonnantes j'ai l'impression de sentir son être dans la maison. C'est comme si son entité était là, comme si elle arpentait le salon avec un aspect fantomatique et que j'avais beau faire je ne pouvais ni la voir ni la toucher.



Pourtant, un soir aussi désolé que les autres, un nouveau cataclysme s'abattit sur nous. Mathilde, après avoir passé une journée exécrable à son travail pris sa revanche sur notre seul moyen de subsistance : le barbecue, en y mettant le feu. Heureusement Elsa, saisissant tout son courage ainsi qu'un extincteur que l'on avait cru bon d'acheter & de laisser à proximité (bien nous en pris !) put rapidement éteindre les flammes dévorant l'appareil tandis que le monstre qui me servait d'aînée riait de sa bonne farce. Exhortée vertement par sa cadette à cesser cette attitude, elle finit par participer à l'extinction malgré elle mais se jurant intérieurement de recommencer dès que l'opportunité se présenterait.

Ce n'était plus possible, j'étais à bout. Pourtant je ne pouvais pas la mettre dehors ; non pas que l'envie m'en manquait ni même que j'aurais culpabilisé, juste je ne pouvais pas administrativement parlant. Cependant le soutien de ma deuxième réussissait à me faire supporter tout ça & j'en gardais une vive reconnaissance au coeur envers elle ainsi qu'une grande bouffée de fierté.



Par un clair matin de soleil, mon petit trésor angélique est devenu un enfant morose. Affecté très certainement par l'ambiance du foyer cet impact sur sa personnalité ne devrait pas me surprendre et pourtant j'aurais tellement voulu qu'il en soit autrement. Il fallut réaménager sa chambre, sans compter que Sultan était malade encore un souci de ce côté là. Évidemment vu les restrictions impossible d'avoir un RDV chez le vétérinaire, ce qui au vu du prochain acte à venir n'aurait pas été fructueux de toute façon ... le pauvre chat choisissant ce même jour pour nous quitter. Contrairement aux apparences il ne décéda pas de sa maladie mais de vieillesse, notre ami était bien plus âgé que nous le pensions alors qu'il était pourtant vrai que nous les avions adoptés lui & Mochi l'hiver dernier.



Accablé par le chagrin & très vieux lui aussi Mochi ne tarda pas à le suivre pour faire sa dernière Grande Sieste. Arrivés le même jour, partis le même jour. Si gloutons, si gentils, leurs ronrons nous manqueront. Toute la famille se réfugie à l'étage, pour s'isoler dans toutes les pièces possibles afin d'y pleurer pour extérioriser leur accablement. Ca ira mieux demain, ce n'est qu'une très grande plaie ouverte mais elle finira pas se tarir cette plaie. Même la douleur doit passer, un jour nouveau viendra et lorsque le soleil brillera il n'en sera que plus éclatant. Nous nous souviendrons éternellement de nos félins si câlins.



L'accumulation de tous ces malheurs, couplée au fait que j'étais déjà au sommet de ma carrière ; je décidais de démissionner. Même si la retraite n'était pas permise, une habile manœuvre administrative me permit de quitter mon poste sans trop de lourdes conséquences. Il était temps pour moi de laisser la place ; j'étais maintenant une personne âgée, une " senior " comme disent les médias & j'avais le sentiment d'avoir assez donné pour ce pays.

Mes belles années étaient maintenant derrière moi, que de temps à passer depuis ce jour où je partis en colonie de vacances ... Sans oublier les 10 ans où la ville fut inhabitable, puis mon retour, mon installation dans cette petite maison au bord de la rivière, ma rencontre avec Mario, nos enfants, notre mariage désastreux (qui aujourd'hui pourtant me fait doucement sourire). Je devins nostalgique je crois ... Ais je des regrets ? Peut être .. Je préfère ne pas me poser la question , cela évite de remuer de douloureuses choses à l'intérieur de moi.

Pour ce qui est de l'avenir je ne suis pas inquiète. Même si ma fille aînée est un brin colérique je sais que à 4 ils s'en sortiront, d'ailleurs Mathilde revint avec une promotion : elle passe Responsable d'Agents (bon courage à eux !). Elle doit maintenant travailler son charisme , ce qui au vu de son caractère bourrin s'annonce compliqué. Mais étrangement cela se passe bien & elle enchaîne directement avec une nouvelle promotion : Agent de Terrain qui lui sera accordé au tout dernier moment , la laissant dans un état d'énervement proche tellement de l'explosion car pour elle cette attente était un manque de respect envers ses compétences. Cela promet pour la suite ...

Je suis vieille maintenant & j'en viens à me demander si cette année ne sera pas mon dernier hiver ...

Objectifs