Forum Discussion
Quatrième année
Automne - Semaine 14 (1/2)
Point de vue de Thérèse
L’automne s’installait doucement sur Brindleton Bay, mais la douceur ne l’été ne semblait pas vouloir lui céder la place.

Le soleil persistait, bienveillant, mais les températures étaient à présent moins élevées et nous étions heureux d’en avoir fini avec les grosses chaleurs. L’atmosphère était plus agréable, et les animaux restaient volontiers dehors, une grande partie de la journée. 
Alain avait prolongé son séjour chez nous malgré le retour de Mathurin et d’Oliver, qui avaient bien profité de leur séjour à Sulani.
Les enfants avaient une semaine de congés pour les vacances d’automne, et ils invitaient régulièrement Jérôme et Greta pour passer l’après-midi avec eux.
Ces quatre-là formaient vraiment une bonne équipe. 
Cyrielle avait même réussi à tous les convertir à son activité favorite, et ils s’en amusaient beaucoup même s’il était très rare que leurs parties de pêche se terminent par un poisson dans l’assiette. 
Alain était venu me trouver, un matin, pour me demander l’autorisation d’aller camper dans la forêt d’Henford-on-Bagley avec sa cousine et leurs deux amis.
Je n’y vis aucun inconvénient car ces jeunes étaient plutôt sérieux, mais je préférai tout de même en parler d’abord à Rahul. Il me semblait plus correct d’avoir aussi son avis.
Lorsque je fis part de notre réponse à mon neveu, il s’empressa d’aller prévenir Cyrielle :
- Alors ? Qu’est-ce qu’ils ont dit ?
- Ils sont d’accord ! On part demain après-midi et on passe la nuit là-bas.
Je pouvais entendre d’ici l’enthousiasme de ma fille :
- Cool !! On va s’éclater, j’ai hâte d’y être !
- Bon, je vais appeler les autres pour les prévenir.
Le lendemain matin, Rahul avait aidé Alain à descendre deux tentes du grenier. Il y en aurait ainsi une pour les filles, et une autre pour les garçons.
Cyrielle, quant à elle, s’était attelée à la préparation d’une salade composée, avec les légumes du jardin. Elle s’était entendue avec Greta pour que ce soit elle qui ramène le dessert.
Point de vue de Cyrielle
Cette partie de camping entre amis a été géniale ! Nous avons planté nos tentes près de la rivière, non loin d’une table de pique-*, puis nous sommes allés nous baigner. 
Nous avons ensuite fait une petite balade jusqu’à la cascade. Il faisait vraiment bon dans cette forêt. C’était très agréable. 
Le magnifique point de vue, que nous avions de là-haut, inspira Greta qui nous proposa une partie de cache-cache dans les ruines.
Tout le monde approuva. Les ruines étaient superbes, et elles se prêteraient bien à notre jeu, avec ses nombreuses possibilités de cachettes. Nous partîmes en courant, tout joyeux. 
- Bon, on est d’accord, ce sont les filles contre les garçons. On se cache les premières et on se donne vingt minutes. Si vous nous trouvez toutes les deux, vous avez gagné. Ensuite, ce sera à votre tour de vous cacher. Si une seule équipe gagne, elle donnera un gage aux perdants. Ça marche ?
- Oui.
- Alors, on y va.
Je n’eus pas vraiment de chance... Jérôme me trouva en moins de cinq minutes. Je crois qu’il n’en revenait pas, lui-même.
- Qu’est-ce qu’on fait, maintenant ? me demanda-t-il.
- Je crois qu’on va attendre ici. On a encore un bon quart d’heure à tuer.
Depuis que je l’avais rencontré, au Festival des épices, c’était la première fois que nous nous retrouvions seuls, sans amis autour de nous.
Nous restâmes un moment nous regarder, sans savoir que dire d’autre, puis il s’approcha de moi et saisit ma main.
- Je sais que tu es la cousine d’Alain et je ne sais pas ce qu’il pensera de tout ça, mais tu me plais beaucoup, Cyrielle. Est-ce que je te plais aussi ?
S’il me plaisait ? J’avais l’impression que j’allais m’évanouir, tellement il était près de moi. Mes jambes tremblaient mais je réussis à balbutier un « oui » timide et à peu près audible. 
Il déposa alors un baiser furtif et maladroit sur mes lèvres, puis s’éloigna aussitôt.
- Je suis désolé. Je n’aurais pas dû faire ça... mais j’en avais tellement envie. Tu me pardonnes ?
Je me serrai alors contre lui :
- Je n’ai rien à te pardonner. Tu peux même recommencer, si tu veux.
J’aurais tellement aimé qu’il recommence, mais nous entendîmes la voix braillarde de mon cousin, non loin de nous :
- J’ai trouvé Greta ! Dis-moi que tu as trouvé ma cousine, Jéjé !
Et comment qu’il m’avait trouvée ! Nous nous éloignâmes l’un de l’autre mais je ne pouvais m’empêcher de le regarder. Il était vraiment trop mignon !
Lorsque nous rejoignîmes notre campement, Jérôme et moi étions un peu gênés mais, je ne sais pas pourquoi, j’avais l’impression que Greta aussi, semblait mal à l’aise. En plus, elle souriait bêtement.
Alain nous en donna vite l’explication. Greta lui plaisait, depuis un moment déjà et, lorsqu’il avait trouvé sa cachette, il avait décidé de se lancer.
Leur histoire s’était passée plus ou moins de la même façon que la nôtre, puisque mon cousin avait fini par embrasser mon amie.
Une sacré petite cachottière, celle-là ! Je ne savais même pas qu’elle craquait pour Alain. Mais, j’étais vraiment contente. 
Jérôme en profita pour annoncer à Alain que nous étions aussi en couple depuis la partie de cache-cache :
- Puisque tu as embrassé Greta, tu ne m’en voudras pas si je te dis que j’ai embrassé Cyrielle, hein ?
- Ben non ! Pourquoi tu crois que j’ai organisé cette partie de camping ?
Nous rîmes aux éclats. C’était tout à fait le genre de mon cousin de manigancer ce genre de plan, mais aujourd’hui, ça avait bien fonctionné.
Alain n’en restât pas là :
- Je vous rappelle que vous avez perdu au cache-cache, les filles ! Et j’ai une super idée de gage. Je vais en parler avec Jérôme.
Greta et moi avions préparé le pique-* pendant que les garçons chuchotaient. Nous avions tout mis sur la table pour ne plus avoir à nous lever ; ma bonne salade faite maison, ainsi que les tartelettes emmenées par Greta. Il s’agissait d’une recette bien appréciée à Tartosa.
Jérôme et Alain vinrent nous rejoindre lorsque nous les appelâmes pour le dîner, et Alain nous fit part du gage qu’il avait concocté :
- Voilà, vous savez tout. Mais Jérôme a insisté pour que vous soyez d’accord. Si vous ne l’êtes pas, on choisira un autre gage.
Jérôme se tourna vers moi :
- Si le gage ne te plait pas, je comprendrai. Je veux vraiment que vous soyez d’accord, toutes les deux. Et je tiens à rappeler que l’idée vient de ton cousin.
Comment dire ? Je ne savais même pas quoi répondre, alors que Greta me regardait avec un air insistant.
- Tu n’es obligée de rien, Cyrielle, insista Jérôme. L’organisation des couchages est très bien comme elle est. 
Peut-être, mais mon cousin diabolique avait décidé de changer la donne avec son gage manipulateur qui énonçait que Greta dormirait avec lui, et que je dormirais avec Jérôme. Greta continuait de m’observer avec un petit sourire en coin. Est-ce que je rêvais ou est-ce qu’elle avait réellement envie de partager sa tente avec Alain ? 
La nuit tombait sur la forêt d’Henford-on-Bagley, alors que les promeneurs se faisaient de plus en plus rares et que nous entamions notre dessert.
Je rappelai à mon cousin que mes parents nous faisaient confiance, et que son père faisait confiance à mes parents. Nous ne pouvions pas faire n’importe quoi.
Et puis, personnellement, je ne me sentais pas encore prête pour passer une nuit avec Jérôme. Nous venions à peine de nous embrasser.
- Alors, c’est réglé, lança Jérôme. Les filles dans leur tente, et nous, dans la nôtre. C’était comme ça que c’était prévu, après tout. On s’occupera de trouver un autre gage demain matin.
Mon cousin fit une drôle de tête, et Greta daigna enfin ouvrir la bouche :
- Tu ne vas pas me faire ça, Cyrielle ! On voulait juste se retrouver tranquillement, Alain et moi.
- Cyrielle préfère que vous restiez entre filles, riposta Jérôme. Je n’irai pas contre sa volonté.
- Si vous n’avez pas envie de vous bécoter, vous n’êtes pas obligés de la faire ! argumenta Alain, sans aucun tact. Vous pouvez juste dormir ensemble, entre amis.
- Vous me gonflez tous ! finis-je par lancer. Faites comme vous voulez ! On échange les tentes, ça me va ! Et au moins, il n’y aura pas d’histoire.
- Tu es vraiment sûre ? s’inquiéta Jérôme.
Je me tournai alors vers Greta.
- Et toi ? Tu es sûre que c’est ce que tu veux ?
- J’en suis certaine.
Je ne voulais pas me disputer avec Greta, alors, je m’avouai vaincue.
- Très bien ! On change les tentes ! Si ça convient à tout le monde, ça me va aussi !
- Super ! J’ai emmené des jeux de société et on va pouvoir s’amuser, tous les deux. Ce sont des jeux basiques, mais rien ne vaut les valeurs sûres !
Jérôme avait l’air enthousiaste, mais il avait intérêt à ne pas faire n’importe quoi, sinon il verrait de quel bois je me chauffe.
A peine avions-nous fini de débarrasser la table que Greta et Alain s’éclipsèrent pour profiter de leur nouvelle tente commune. Ils avaient l’air pressés de se retrouver. 
Et ça ne loupa pas... Quelques minutes plus tard, alors que je finissais d’emballer les restes de nourriture, quelques petits bruits se firent entendre en provenance de leur tente. 
Je refermai la glacière et entraînai Jérôme pour une baignade dans la rivière.
- Wow, mais c’est qu’elle est drôlement froide !
Nous parvînmes à faire quelques longueurs et nous sortîmes vite de l’eau. Tout mouillés que nous étions, la fraîcheur de la nuit, nous tomba dessus, saisissante.
- Je crois que nous devrions aller nous couvrir, dis-je à Jérôme, en souriant.
Le pauvre avait l’air frigorifié.
Cela ne l’empêcha pas de prendre mes mains à nouveau pour m’assurer qu’il ne tenterait rien cette nuit. Ses mains tremblaient, et ses dents claquaient mais je suis certaine que je n’y étais pour rien. Nous avions froid et nous filâmes jusqu’à la tente pour nous sécher et enfiler nos sweats. 
Nous nous allongeâmes ensuite tranquillement, chacun dans notre duvet, puis nous souhaitâmes bonne nuit. J’eus beaucoup de mal à dormir, le sachant à proximité. Je passai une partie de la nuit à somnoler, puis à me réveiller. Jérôme avait l’air de dormir paisiblement. Je m’assis alors sur mon duvet, dans un souffle.
- Tu veux que je vienne contre toi ? entendis-je.
Il ne dormait pas non plus.
- Si tu veux... Je n’arrive pas à dormir...
Nous attachâmes nos duvets ensemble, puis je m’allongeai sur le côté, tandis qu’il vint se lover contre moi, en cuillère. Je sentis ses doigts me caresser le dos, apaisants... Je me sentais bien. Je pensais que j’allais finir par m’endormir mais ses caresses eurent un tout autre effet sur moi, et je me retournai pour qu’il m’embrasse. Finalement, cette tente eut magnifiquement raison de moi.

Nous en sortîmes vers cinq heures du matin. Jamais je n’aurais pensé vivre une telle expérience. Nous avions bécoté, nous avions somnolé d’un sommeil entrecoupé de câlins, dans le dos ou sur les bras, dans la nuque ou dans les cheveux, mais nous ne pouvions plus rester dans la tente. Dormir nous était impossible. C’était magique. Je me sentais une autre.
La nuit était fraîche mais nous avions envie d’en profiter. Jérôme m’embrassa, puis m’embrassa encore en me chuchotant de jolis mots à l’oreille. Nous ne voulions pas réveiller Alain et Greta. 
Nous passâmes un moment à discuter (ce que nous n’avions pas vraiment fait jusque-là) et nous nous découvrîmes beaucoup de points communs. Lui aussi, tout comme moi, aimait la nature mais il était également fan de nouvelles technologies. Il se passionnait pour tout ce que notre planète avait à nous offrir. 
Il connaissait le nom des étoiles par cœur et me les montra les unes après les autres. Le ciel était complètement dégagé, et nous nous étions allongés dans l’herbe, près de notre tente, pour l’observer de plus près. Nous n’avions définitivement plus envie de dormir. 
Vers six heures et demie, Alain et Greta se réveillèrent, alertés par l’odeur des bananes de mon jardin, que j’étais en train de faire griller pour le petit déjeuner. 
Ils ne mirent pas longtemps à comprendre que quelque chose s’était passé entre nous, durant la nuit. 
Jérôme n’arrêtait pas de m’embrasser.
- Tu crois qu’ils l’ont fait ? demanda Greta à mon cousin.
- Bien sûr ! Ça se voit, non ?
- Ça me rassure. Au moins, on n’est pas les seuls à avoir transgressé les règles.
- Quelles règles ? lui répondit Alain, comme s’il n’avait pas compris.
- Je te préviens, lui dis-je d’un air sérieux, si tu vas tout raconter à mes parents, ce n’est même plus la peine de venir me voir, c’est clair ?
- Et pourquoi je ferais une chose pareille ? Je ne suis pas fou à ce point. Rahul me tuerait.
Greta continuait de sourire bêtement :
- Moi, je suis très contente pour vous deux !
Et elle était aussi visiblement très contente pour elle-même et Alain.
Point de vue de Thérèse
Lorsqu’ils étaient rentrés de leur virée camping, ce soir-là, nous avions dîné puis nous étions retrouvés, au salon, avec les jeunes, après le repas. Jérôme devait repartir dans la soirée, pour retrouver sa famille, tandis que nous ramènerions Alain chez mon frère, le lendemain.
Rahul les avait abreuvés de questions : Comment c’était, qu’est-ce que vous avez fait etcetera, etcetera...
Quel curieux il faisait, mon mari, toujours méfiant ! Mais les jeunes n’avaient pas l’air de s’en offusquer et ils nous racontèrent leurs visites dans la forêt et dans les ruines, ainsi que leur baignade dans la rivière. 
Pourtant, quand il leur demanda comment s’était passée leur nuit dans les tentes, ma fille nous répondit du tac au tac :
- Ben, on a dormi, c’est tout !
Alain acquiesça d’un air tout gêné, et Jérôme semblait ne pas oser ouvrir la bouche, mal à l’aise
Rahul ne s’aperçut de rien et goba leurs paroles. Pourtant, je ne pus m’empêcher d’observer la réaction de ma fille, et je sus que quelque chose s’était produit, quelque chose que Rahul n’aurait pas apprécié. Mais il n’avait pas le sixième sens d’une mère. Quelque chose s’était concrétisé entre Jérôme et Cyrielle. 
J’en eus la confirmation quatre semaines plus tard, alors que nous étions seules au jardin, Cyrielle et moi, et qu’elle me demanda de la conduire en urgence chez le médecin. Il me fallut user de diplomatie pour avoir une idée précise de ce qui semblait l’affoler. Elle paraissait vraiment inquiète, et elle finit par déballer son sac :
- J’ai bécoté avec Jérôme et... j’ai du *.
La situation était grave, je le sentais au plus profond de moi, mais je voulais la rassurer et, surtout, ne pas la juger. J’esquissai un sourire bienveillant :
- D’accord. Je vais tâcher de nous obtenir un rendez-vous chez le médecin dès ton retour de l’école, mais, en attendant, essaye de ne pas trop penser à ça. Ce n’est peut-être qu’un simple dérèglement inoffensif. Cela arrive parfois.
Cyrielle me promit de ne pas s’en faire puis s’en fut, en courant, pour ne pas rater son bus.
Je passai la journée à m’occuper des bêtes et des plantes, et à éviter Rahul. Je ne voulais surtout pas lui avouer mes craintes car il aurait été furieux. J’eus de la chance dans notre malheur, car il s’absenta, en fin de matinée pour aller rendre visite à Kim, qui ne se sentait pas très bien, et avait besoin qu’on lui fit quelques courses. 
Je récupérai Cyrielle à la sortie du lycée et nous arrivâmes un peu en avance, au cabinet gynécologique de la ville. La secrétaire enregistra la visite de Cyrielle puis nous informa que le Docteur Levasseur avait du * dans ses rendez-vous :
- Il y a deux personnes devant vous.
Trois jeunes filles attendaient dans la salle d’attente. Nous supposâmes que l’une d’elle avait rendez-vous avec l’autre médecin.
Nous nous assîmes l’une à côté de l’autre ; Cyrielle avait l’air inquiet.
- Et si j’étais enceinte, Maman ? me chuchota-t-elle. Ce serait terrible...
- Essaye de ne pas t’en faire. Nous aviserons après avoir vu le médecin.
Mais j’étais inquiète, moi aussi. Je lui pris la main et la tint doucement dans la mienne, puis nous attendîmes ainsi, en silence, que l’on nous appelle.
Nous dûmes patienter une bonne heure avant de voir notre tour arriver.
Le docteur Levasseur était une femme sympathique qui nous mit tout de suite à l’aise. On sentait qu’elle avait l’habitude de s’adresser aux adolescentes. Elle commença par demander à Cyrielle si elle voulait que je patiente dans la salle d’attente, ou si elle préférait que je reste avec elle.
Cyrielle ne voulait pas que je m’éloigne et le docteur entreprit donc de lui poser quelques questions, et de discuter avec elle.
Evidemment, j’aurais préféré ne pas entendre certains détails intimes sur ma fille, mais je tenais à ce qu’elle se sente rassurée, alors j’écoutai leur conversation sans les interrompre. Et puis, je ne voulais pas être de ces mères qui ne communiquent pas avec leur enfant. Ma fille devait se sentir libre de s’exprimer devant moi.
Lorsqu’elles eurent terminé, Le docteur Levasseur conduisit Cyrielle jusqu’à la table d’examen.
Lorsque celui-ci fut terminé, je l’entendis ébaucher son diagnostic :
- Tu n’es pas enceinte, tu n’as plus rien à craindre.
- Oh, merci docteur !
Le docteur n’y était pour rien, mais qu’est-ce que j’étais soulagée !
- Tes hormones t’ont joué un vilain tour, mais tout va bien. Ça arrive souvent à l’adolescence. Je vais te prescrire un petit traitement, mais aussi la pilule. Je pense que ta maman n’y verra pas d’inconvénient.
- Bien sûr que non, approuvai-je en constatant que ma fille avait retrouvé son sourire.
La professionnelle de santé se tourna vers Cyrielle :
- Et interdiction de bécoter tant que tu n’auras pas pris ce que je t’ai prescrit. On est bien d’accord ? lui dit-elle chaleureusement.
- Oh oui.
Lorsque nous sortîmes du cabinet médical, il faisait nuit. Je fus surprise de voir Jérôme, mais Cyrielle me dit qu’elle l’avait prévenu de sa visite chez le médecin.
« Au moins, il se sent concerné... », ne pus-je m’empêcher de penser.
Cyrielle s’empressa de lui donner la bonne nouvelle.
- Je suis navré de m’imposer comme ça, me dit-il, mais je ne voulais pas attendre derrière mon téléphone. J’ai préféré venir.
- C’est tout à ton honneur, le rassurai-je. J’envoie un petit sms à mon mari pour le prévenir qu’on ne va pas tarder, puis j’aurai deux ou trois choses à vous dire, à tous les deux.
Evidemment, je leur fis la morale. J’avais beau être cool, il était hors de questions qu’ils me refassent un coup pareil, et je comptais bien le leur faire savoir.
Cyrielle laissa parler son petit ami qui tentait de s’excuser maladroitement, et ne vint, à aucun moment à son secours.
Je décidai donc de mettre un terme à son calvaire :
- Allez, on n’en parle plus. Tu devrais rentrer chez toi maintenant. Par contre, Cyrielle sera privée de sortie pendant une semaine.
- Oui, d’accord, Madame Bellecour. Merci !
Il fallait quand même que je marque le coup mais, franchement, je me trouve plutôt cool, comme mère !

La suite juste au-dessous🙂