[Challenge] Secret Project [24/02 - Chapitre 5]

Merci @pytisa et @Sihu pour votre passage ! ^_^ J'espère que je ne décevrai pas vos attentes !





« - Bonjour. Je suis Andrew.
- Enchantée. Agnès. »
Nous ne nous étions encore jamais rencontrés. C’est lors de notre installation que nous avons fait connaissance. Timidement.





« Wouah ! C’est très sympa ici. Tout est déjà installé ! »






« - Et la cuisine est entièrement équipée !
- Les fenêtres sont immenses !
- Dommage que le jardin ne soit pas aménagé… La vue aurait été encore plus belle.
- Je pourrai le faire si tu en as envie. »






« - C’est chic !
- C’est sûr que ça n’a rien à voir avec mon petit studio ! »






« - Ah c’est la chambre ! On ne va peut-être pas y aller tout de suite hein ?
Je sais bien qu’il voulait détendre l’atmosphère mais la gêne que je ressentis en cet instant fut plus forte que tout.
- Je n’ai pas été voir correctement à l’extérieur. Je vais y faire un tour.
- Attends, je t’accompagne. »






Les hauteurs de Windenburg. Voilà l’endroit que j’avais choisi pour m’installer. Nous installer. Le Bureau des Affaire Familiales m’avait fait parvenir un fascicule regroupant des dizaines de photos de maisons dans un très grand nombre de régions. J’avais pour instruction de choisir la maison qui me plaisait le plus. Windenburg m’a tout de suite charmée. Cette petite ville me rappelait Veronaville, dont j’étais originaire. Cela faisait des années que je n’y avais pas mis les pieds. J’étais partie du domicile familial très jeune pour m’installer à San Myshuno. Je voulais découvrir la vie citadine, apprendre à m’en sortir par moi-même. Ca n’avait pas été facile tous les jours. Plus d’une fois, j’avais bien failli rentrer chez mes parents… Et voilà qu’aujourd’hui je venais habiter une ville de campagne ô combien similaire à ma Veronaville…






« - La vue est à couper le souffle…
- Oui. C’est superbe… »






« - Je vais prendre une photo !
- Haha ! Mais tu sais, c’est chez nous maintenant. Tu auras tout le loisir d’admirer le paysage.
- C’est vrai…
- … Tu sais quoi ? Tu as raison ! Ce terrain mérite d’être mieux aménagé. Je te propose qu’on réfléchisse à la façon d’embellir ce jardin. La transformation ne se fera pas en un jour mais on y travaillera petit à petit. Qu’en penses-tu ?
- Oui, c’est une bonne idée.
Cet homme était plein de bonne volonté mais je n’arrivais pas à me sentir à l’aise. La situation était au-delà de l’étrange ! Pourtant, il paraissait particulièrement calme.
- Il est déjà tard. Rentrons manger ! »






« - Je pensais qu’on aurait à installer toutes nos affaires en arrivant. Du coup, j’avais prévu des sandwichs.
- C’est très bien, répondis-je en forçant un sourire.
Le silence s’abattit sur la cuisine. Je décidai de faire un effort.
- Ca n’a pas été trop dur pour toi de…tout quitter ?
- Oh, non. Tout juste un petit pincement.
- Même pour ton travail ? Ca n’a pas été trop compliqué ?
- Non. J’étais militaire. Je suis arrivé au bout de mon contrat. Avant de m’engager j’ai été sportif de haut niveau. Je faisais partie de l’équipe de Willow Creek. Quand j’ai su qu’on partait pour Windenburg j’ai pris les devants. J’ai appelé le centre sportif. Il s’avère que l’entraîneur de l’équipe de Windenburg prend sa retraite à la fin du mois. Ils cherchaient quelqu’un pour le remplacer. Je dois passer les voir demain.
- Ah, c’est super !
- Et toi ? Tu n’appréhendes pas trop de ne plus pouvoir travailler ?
- Un peu… Mais je trouverai de quoi m’occuper ici. Surtout si on décide d’aménager le jardin. Et puis… Ca me laissera du temps pour m’adonner à l’écriture.
- L’écriture ?
- Oui. Je travaillais dans une petite maison d’édition à SanMyshuno. J’avais toujours cette envie de passer de l’autre côté et de proposer mes propres manuscrits. Malheureusement, je n’avais jamais assez de temps pour ça. »






Après le déjeuner nous avions décidé de nous familiariser un peu plus avec notre nouvelle maison. C’est tout naturellement que je me mis à parcourir les livres de la bibliothèque. Notre bibliothèque… J’allais avoir du mal à m’y faire…
Alors que je sortais du salon. Je remarquai une porte, au fond du couloir. Il ne me semblait pas que nous y étions entrés. C’est vrai que j’avais un peu coupé court à la visite après l’épisode de la chambre…
« - C’est quoi cette pièce ? Tu y es entré ? demandai-je.
- Non. Ca doit être un bureau. »






En ouvrant la porte je découvris une chambre aux murs colorés. Une grande fenêtre laissait entrer la lumière du soleil couchant. Un berceau trônait au centre de la pièce, caressé de rayons dorés. C’était une chambre d’enfant.
Interdite, je fis demi-tour et m’enfermai dans ma chambre.






Andrew eut la décence de me laisser seule quelques minutes avant de me rejoindre.
« - Ecoute… Je comprends que tout ça, ce soit beaucoup de changements… Mais ce n’est pas ce que tu voulais ? Je veux dire, entrer dans ce programme ?
- Si... Mais…
Je n’étais pas prête à me confier à ce quasi-étranger. C’était au-dessus de mes forces.
- Je ne vais pas te sauter dessus si c’est ce qui te fait peur, me dit-il dans un petit rire.
- Non, je sais bien. Enfin, je me doute.
- On ne se connait pas. On prendra le temps qu’il faut.
Mon cœur s’allégea un peu. C’est vrai. Nous n’étions pas pressés. Il allait d’abord falloir apprivoiser toute cette nouveauté.
- J’ai vu dans un placard qu’il y avait un vieux matelas et quelques couvertures. Je vais te laisser la chambre. Je m’installerai dans celle du fond.
- Tu es sûr ? Ca ne te dérange pas ?
- Non. Je pense que c’est mieux. Pour le moment. »






J’eus du mal à trouver le sommeil ce soir-là. Je ne connaissais rien de l’homme avec qui j’allais partager le reste de ma vie. Mon « binôme » comme l’indiquait le contrat.
J’aurais aimé être avertie de la présence de cette chambre et du fait qu’elle soit déjà meublée. J’avais mes raisons de participer à ce programme et je ne comptais pas les lui dévoiler si vite. Mais je ne pouvais pas m’empêcher de me demander quelles étaient ses raisons, à lui ? Ce n’était pas un acte anodin de s’engager par contrat à une personne que l’on ne connaissait ni d’Eve ni d’Adam et que l’on n’avait même pas choisie.
Nous étions dans une drôle de situation… Embarqués dans une aventure qui ne nous laisseraient pas indemnes…