[Défi repeuplement] Le Campement Cépagagné...

Le Campement Cépagagné (9)


C'est sur ces bonnes intentions athlétiques que notre vie s'organisa dorénavant.
Nos séances de jardinage, de pêche, de bricolage, d'aménagement du territoire étaient entrecoupées d'exercices d'entraînement qui n'étaient pas toujours accueillis avec l'engouement qu'ils méritaient.

Après Maryvonne, ce fut au tour de Starlette de tenter une rebuffade:

"Joe, ça va juste pas être possible les pompes aujourd'hui ! Je viens juste de refaire ma manucure et mon vernis à paillettes est même pas sec !"






Malheureusement pour elle, Joe décréta que l'argument était non recevable...

"Ben quoi, elle est pas obligée d'enfoncer ses ongles dans le sol ! Tu vois bien qu'elle y arrive quand même ! "






Je dois bien admettre qu'entre Maryvonne et Starlette, fallait pouvoir prendre sur soi pour supporter leurs jérémiades ! Même mon Jeannot d'ordinaire assez flegmatique a parfois eu un peu de mal.

"Ecoute Charlotte, elles sont sympas tes copines, mais là j'en peux plus ! Elles squattent ici à longueur de journée à nous regarder bosser comme des dingues en déblatérant des inepties à faire fuir un zombie affamé. Alors tu te débrouilles comme tu veux, tu les renvoies chez elles, tu les emmènes à la pêche... Qu'elles aillent s'occuper de leurs gosses, je sais pas moi ! Mais FAIS QUELQUE CHOSE OU JE PETE UN CÂBLE !ù%&!!.€*!!!!"






Bon, c'est vrai que j'ai moi-même envisagé un court instant de les démembrer à la scie sur mon établi pour les enterrer au fond du jardin sous le tas de compost... mais on n'est plus très nombreux pour repeupler la planète, alors il a fallu trouver autre chose. Une petite mise au point diplomatique s'imposait:

"Ecoutez les filles... C'est super sympa de votre part d'être venues nous filer un coup de main comme ça (compétence charisme, one point!) mais je crois qu'on va s'en sortir Jean et moi. On est vraiment très gênés que vous soyez obligées de négliger vos bébés et vos maris pour nous prêter main-forte alors que vous avez vos propres maisons à construire! Promis, dès qu'on a fini d'aménager notre maison on viendra vous aider à peaufiner les vôtres. Allez, tope-là, on fait comme on a dit !!! Et encore merci pour votre contribution à notre bien-être..."

Je ne suis pas bien sûre qu'elles aient bien saisi l'ironie du trucmuche car elles ont regagné leurs pénates à grand renfort de "Y'a pas de quoi! Ce fut un plaisir! N'hésite pas à demander si tu as besoin!"






On a enfin pu reprendre notre petit train-train en paix.
Jules était vraiment un petit bout adorable et sage comme une image qui ne perturbait guère nos activités quotidiennes, alors qu'on entendait brailler les filles de nos voisins depuis notre jardin !!!






Et puis un jour, alors que nous revenions de notre formation commando de l'après-midi, stupéfaction: Jules avait disparu de son berceau !!!!

Prise de panique j'hurlai son nom comme une hystérique... pour me rendre compte qu'à quelques mètres de là les autres criaient aussi fort que nous celui de leurs filles. Complètement affolés, nous nous sommes tous retrouvés devant notre campement.

"Mais enfin, où ont-ils bien pu passer ? Nous ne les avons laissés seuls que le temps de la sieste!" hoquetait Maryvonne.






La nuit approchait et malgré nos recherches nous n'avions trouvé aucune trace de nos bébés.
Les hommes sont repartis dans la nuit à l'extérieur du camp pour fouiller les environs. L'attente nous paraissait interminable aux filles et à moi. Nous n'en menions pas large !

La lune était déjà haute dans le ciel, nous étions au désespoir, toutes quatre assises sur le bord du trottoir. C'est alors que nous avons vu revenir Jean et Bud... puis Bertrand... suivi de Joe... et de nos enfants ! Oui, de nos enfants qui cavalaient piteusement derrière eux !

Qu'est-ce qu'ils avaient grandi !!! Tous ensemble, au même moment... et livrés à eux-mêmes, ils s'étaient mis d'accord pour une petite sortie d'exploration improvisée ! C'est Bud qui les a retrouvés errant au bord de la route à l'extérieur du campement. Visiblement, ils essayaient de se souvenir de quelle direction ils étaient venus:

"Heuuu... alors toi la blonde, tu fermes ta bouche parce que depuis toute à l'heure tu dis que des co**eries et qu'à cause que tu dis que des co**eries, on reverra plus jamais nos parents ! "






Alors chacun est rentré chez soi dans le calme avec sa progéniture... Le bonheur de les avoir retrouvé sains et saufs nous empêchait de leur démonter la tête immédiatement sans les sommations d'usage!

"Mon poussin, tu as tellement grandi ! Tu es magnifique ! Nous sommes tellement heureux qu'il ne vous soit rien arrivé... tu sais, il est très dangereux de sortir du camp, il y a là-bas des créatures terrifiantes qui..."

"Ahhhh... tu veux parler des filles !!! C'est vrai qu'elles m'ont fait flipper, surtout la Chantal là, une vraie tigresse ! Pfiouuuu... "

Jean et moi nous nous sommes regardés, un sourire en coin... Non seulement il est beau notre fiston, mais redoutablement perspicace aussi !





(à suivre...)