[Decade - TERMINÉ] Les Meunier à travers les âges

Chez les Meunier, les jours se suivent et se ressemblent un peu. Cuisine, ménage, jardinage et peinture pour Augustine, journées à la banque et soirée sur l'établi d'ébéniste pour Joseph. Le samedi arrivé, Augustine décida de passer un peu de bon temps à lire un livre, la grossesse la fatiguait plus qu'elle ne l'aurait cru. Sa mère avait toujours dit qu'elle était de nature délicate, la vie au grand air canadien lui avait pourtant jusque là bien réussi...


Joseph lui, avait un peu mal aux doigts à force de rater la planche avec son marteau, ben non, quand on n'est pas manuel, on n'est pas manuel ! Alors pour éviter de perdre une phalange, il se dit que pêcher quelques truites pour faire bouillir la marmite feraient bien plaisir à sa petite femme. Et puis le poisson, ça requinque un peu, non ? Maladroitement il y passa la journée mais finit par ramener le dîner. Eh, c'est déjà ça !


C'est qu'il y tenait à sa chère Augustine, il fallait qu'elle mène cette grossesse à terme et prenne soin d'elle. Il serait alors le plus heureux des hommes.


Dans le quartier, les femmes étaient pleines de sollicitude pour la future mère. Emma Eldridge, la femme du pasteur, s'arrêta dans sa promenade pour donner de petits conseils à Augustine. Il faut dire qu'Emma a déjà eu 4 enfants, beaux et forts, alors Augustine, dont la mère est bien loin, n'est pas mécontente de l'avoir sous la main. Avant de partir, Emma lui prédit un gros garçon, quelque chose à propos de la forme du ventre.


Et quelques temps plus tard, il s'avéra que la femme du pasteur ne s'était pas trompée, Augustine mit au monde, dans les cris et la douleur, un petit Marcel, qui fut tout de suite pendu à son sein.


Joseph était ravi, mais rentrait de plus en plus tard de son travail, et quand il arrivait il mangeait un dîner rapide et s'installait à son atelier. But : réussir à faire une baignoire pour cesser les toilettes au lavabo. Mais qu'il en était loin encore... Pendant les longues journées, Augustine continuait à peindre. Elle arrivait à revendre quelques toiles au marchand d'arts et ça aidait un peu. Il avait bien fallu agrandir la maison pour l'arrivée de Marcel, et le jeune couple souhaitait une famille nombreuse.


Souvent, les amies d'Augustine venaient passer quelques heures avec elle pendant que Joseph travaillait et que Marcel dormait. Grace Cooper posa tout un tas de questions sur l'accouchement, elle qui n'arrivait pas à tomber enceinte. Augustine ne fut pas avare de détails, elle n'oublia rien.

"Et là, j'ai perdu les eaux et c'était l'inondation !!!!"
Grace n'était plus bien sûre de vouloir tomber enceinte finalement...

Marcel était un bébé idyllique, il ne pleurait jamais, s'ils étaient tous comme ça, Augustine était prête à en avoir dix !


Mais le temps passait et Augustine n'était pas enceinte... Marcel grandit et devint de plus en plus turbulent. Depuis quand on jetait la nourriture par terre? Quand son père travaillait d'arrache-pied pour les faire vivre et que sa mère mettait tout son coeur dans son éducation !


Si Marcel devait être son seul enfant, il n'était pas question d'en faire un petit malotru. Alors, le soir venu, Augustine lui raconta "La petite fille aux allumettes", pour qu'il apprenne à quel point il était chanceux de grandir dans une famille aimante avec un toit sur la tête. Quant à savoir si un enfant si jeune risquait d'être traumatisé par cette histoire, on ne s'en préoccupait guère à l'époque ! Toujours est-il que l'éducation du petit occupait bien sa mère, elle ne trouvait même plus guère le temps de se savonner. Etait-il temps de réclamer à nouveau la baignoire à son mari ?


Parfois, en rentrant le soir, Joseph trouvait Augustine épuisée déjà couchée, et leur petit Marcel qui s'était levé seul en train de jouer, alors malgré la fatigue, il prenait le temps de lui lire une histoire et de le mettre au lit. Un soir il le trouva dehors sous l'orage et s'empressa de le mettre à l'abri. Si ce garçon restait fils unique, il serait préférable de ne pas le laisser foudroyer, non ?


Un matin, alors qu'elle allait entretenir son potager, Augustine fut surprise de trouver Mr Cawley's, le patron de Joseph, en train d'admirer ses plantes. Alors qu'il lui posait des questions sur sa maison, elle lui expliqua qu'ils vivaient plutôt chichement et n'avaient toujours pas de quoi agrandir la maison et acheter une baignoire pour nettoyer le petit. Mr Cawley's parut tout à fait horrifié.

"Ce n'est pas que je me plaigne, ne vous méprenez pas ! Mais je croyais qu'avec toutes les heures que mon mari passe à la banque, il aurait gravi les échelons plus vite... Je ne le vois pour ainsi dire plus."

Le soir venu, Joseph fut très fier d'annoncer à Augustine qu'il avait reçu une promotion. Il imaginait déjà les changements à apporter dans leur foyer. Sa femme tut la visite de Mr Cawley's dans la matinée, il fallait laisser croire à son mari qu'il tirait tous les cordons de la bourse, c'est important la fierté masculine.


En réalité, elle aussi avait une bonne nouvelle à annoncer, elle était enfin à nouveau enceinte ! Son mari était fou de joie, tellement de bonnes nouvelles dans la journée. Leur fils, en revanche, promettait de ne pas s'en laisser conter.