Forum Discussion
Snezhkaia
4 years agoSeasoned Ace
Merci beaucoup @Arcaluce :kissing_heart: cet univers est devenu tellement important pour moi alors ça me touche vraiment qu'il te plaise autant :blush:
Exactement, c'est tout à fait ça ! Chat échaudé craint l'eau froide pour Orion et Lorelei, de son côté, veut juste croquer la vie à pleine dent, vivre pleinement cette expérience magique qui n'arrive qu'une fois dans l'éternité (du moins, en principe).
Les deux souffrent mais aucun d'eux ne peut réellement comprendre l'autre. Lorelei par ignorance et Orion par la connaissance de la douleur. Il l'a vécu dans sa chair et le paye encore au quotidien malgré les siècles.
*****
Chapitre 7
Point de vue de Lorelei
Ça fait des semaines maintenant que l’on se contente de se croiser pour ne pas s’affronter. Nous nous limitons aux contacts nécessaires pour notre mission. Rien de plus. Nous n’avons jamais évoqué ce cri. Je n’ai jamais évoqué son rejet. Je me suis contentée de recherches personnelles sur le sujet.
Oui, il est possible d’avoir une seconde âme-sœur si l’un des d’eux n’en a jamais eu. C’est extrêmement rare mais c’est possible.
Oui, il est possible de rejeter le lien. Si on y met suffisamment de volonté, on peut totalement nier son existence et le faire disparaître. Mais là aussi, il faut une certaine détermination pour parvenir à ses fins. Je connais suffisamment Orion pour savoir qu’il pourra y parvenir. Le compte à rebours est lancé.
Par contre, s’il obtient gain de cause, je n’ai aucune idée des conséquences que cela aura pour moi. Je n’ai rien trouvé à ce sujet. Et je ne sais pas si je veux savoir pour le moment vu l’état dans lequel ça m’a mis la dernière fois. Surtout qu’il ne semble plus se battre contre le lien. Je ne le ressens plus en tout cas.
Point de vue d’Orion
J’évite Lorelei depuis cette nuit-là. Elle ne m’a jamais posé de question. Pas une seule allusion à ce cri. Comme s’il ne s’était rien passé. Même si elle m’a entendu. Je le sais. Elle ne peut pas l’avoir loupé. Mais elle se tait. Elle fait comme si. Et je la remercie.
Mais aujourd’hui, il est temps que je grandisse un peu. Je dois changer mon comportement. Je ne peux pas faire abstraction de ce lien. D’autant qu’il se maintient avec la mission. Ou peut-être parce que je le veux au fond.
J’ai mis des jours entiers à accepter cette fatalité après l’avoir initialement rejeté de toutes mes forces. J’en ai voulu à Caïn de ce mauvais tour. Mais je n’ai pas le courage pour lutter. Je n’ai plus l’ardeur, la rage de vaincre. Ou je n’ai plus envie. Peut-être. Je ne sais. Je ne sais plus. Trop de questions. Aucune réponse.
J’enchaîne les rondes depuis la dernière qui a porté ses fruits. Je suis galvanisé. Et aujourd’hui, je suis de bonne humeur. Je sais pourquoi. Ce matin, mes pas m’ont mené là où j’avais vu les Oréades pour la première fois. Comme si je voulais me convaincre une bonne fois pour toutes.
Et je les ai vus. Ils formaient une farandolle. Comme la première fois. J’entendais ce petit bruit cristallin quand ils faisaient bouger leur corolle de glace. Contrairement à ce que j’imaginais, je n’ai pas souffert. J’ai souri et je les ai regardés s’agiter devant moi. J’ai laissé ce sentiment de bien-être m’envahir. Je l’ai accueilli. Le lien. Je l’ai accepté.
Quand je suis revenu à la maison le soir, Lorelei était dans le jardin, en train de lire. Je l’ai observée à la dérobée pendant quelques instants. Et j’ai compris. J’ai mesuré ma chance. Des vampires seraient prêts à brûler au soleil pour un simple regard de sa part. Ils se damneraient pour une parole. Je ne peux pas rejeter ce lien. C’est stupide. Pas pour une crainte de revivre l’horreur de la perte.
Je m’approche à pas de loup en ramassant de la neige et me précipite pour lui mettre dans le dos. Elle hurle en m’insultant de tous les noms d’oiseau et j’éclate de rire. Un rire franc. Comme je n’en ai pas eu depuis des siècles. Il résonne à mes oreilles, me parait étrange.
Point de vue de Lorelei
J’ai entendu des pas dans mon dos mais je n’ose pas me retourner. Je ne sais pas comment réagir. Je ne sais plus. Je guette le bruit de ses chaussures et attend celui des marches pour savoir s’il rentre ou non. J’aviserai en fonction de son comportement.
Mais le bruit ne vient pas. Je me concentre et n’entends que le crissement de ses chaussures dans la neige. Au lieu de l’éloigner, il se rapproche. Mon cœur s’accélère. J’appréhende et j’attends ce moment. Cette confrontation. Que l’on puisse enfin mettre cartes sur table.
Totalement absorbée à ma tâche, je ne comprends qu’avec un train de retard qu’il est réellement dans mon dos, quand la neige gelée recouvre mes épaules nues. Je lâche un cri de surprise et repousse d’un geste brusque mon journal intime qui tombe dans la neige. Je l’entends rire. Tout simplement. La situation me paraît invraisemblable mais je ne me laisse pas le temps de la réflexion.
Bien évidemment, j’ai répliqué. Ça a eu un effet défouloir : j’ai balancé autant de boules de neige que ma vitesse me le permettait comme pour me venger de l’indifférence qu’il témoigne à mon égard depuis des jours. J’évacue ma colère et la bataille opère rapidement un effet thérapeutique sur moi.
Rapidement, son rire devient communicatif. C’est plus fort que moi. Au fond, je ne peux pas lui en vouloir. C’est impossible. Quoiqu’il fasse, j’accepterai de lui pardonner. J’en ai la certitude.
« Waow ! Je ne sais pas ce que j’ai fait pour mériter autant de hargne mais tu es en forme ! »
N’y tenant plus, je m’engouffre dans la brèche qu’il vient d’ouvrir :
« Tu veux vraiment une raison ou tu préfères que je m’abstienne ?
- Je ne pensais pas que tu me détestais à ce point !
- Les sentiments contraires sont parfois très proches ! »
Je sais qu’il comprend chacun de mes sous-entendus alors j’en profite.
« Tu m’ignores depuis des jours et là, monsieur est d’humeur espiègle donc je dois obtempérer ? »
On s’arrête pour reprendre notre souffle. Il tourne les yeux vers moi et son visage devient sérieux. Son regard est intense, profond. Mon cœur s’accélère de nouveau. J’ai l’impression que le monde entier peut l’entendre battre alors qu’il n’en n’a pas besoin.
Point de vue d’Orion
Je prends le temps avant de répondre à sa provocation. C’est le moment de vérité. Je suis à une fourche et je dois choisir la direction que je souhaite prendre pour l’avenir. J’ai fait mon choix. Je ne veux pas foirer cet instant. Caïn me donne une seconde chance. Je dois la saisir. Je vais la saisir.
« Disons plutôt un marché. Je vais me détendre dans les sources chaudes. Soit tu me rejoins, soit tu vaques à tes occupations et m’ignore pour me rendre la monnaie de ma pièce. Je pense que c’est une offre honnête. »
Je n’attends pas sa réponse et fonce dans la maison pour me changer avant de regretter de m’être littéralement jeté à l’eau sans mauvais jeu de mot. Mon cœur bat la chamade. Je suis terrifié. Je surveille la porte en ne sachant pas si j’espère l’entendre rentrer pour se changer ou pour aller s’enfermer dans sa chambre et me foutre un vent phénoménal. Je ne sais pas si elle hésite car elle ne court pas. J’entends ses pas dans l’escalier. D’habitude, elle utilise la vitesse vampirique mais pas là. Elle prend le temps.
Elle ouvre la porte. Je ferme les yeux pour faire le vide et pousser mon ouïe. Le bruit d’un tiroir. Sa porte-fenêtre. Elle ne viendra pas. Elle ne me rejoindra pas. Elle va méditer sur son balcon. Pour me fuir. Trop tard. J’ai trop attendu. Je l’ai trop repoussé.
J’hésite à sortir mais je ne veux pas passer pour un lâche alors j’enfile mon maillot et vais me cacher dans les sources chaudes.
Point de vue de Lorelei
Je le vois s’élancer dans la maison comme s’il avait le diable à ses trousses. Et je reste là, à attendre. Sa proposition est honnête, c’est vrai. Mais je ne sais pas quoi en faire pour autant. J’ai peur. Orion est comme un animal sauvage blessé. Si je m’approche de lui, il peut autant m’accepter que m’agresser. Il est totalement imprévisible. Mais d’un autre côté, c’est lui qui le propose.
Je rentre à mon tour dans la maison, toujours plongée dans mes réflexions. Je ne cours pas dans les escaliers. Je prends mon temps pour peser le pour et le contre. Faire un choix. Mon choix. Déterminant qui plus est. A partir de maintenant, plus rien ne sera pareil.
J’arrive dans ma chambre et ouvre le tiroir où se trouvent mes affaires de sport. D’un côté, le short pour la méditation, de l’autre, le bikini. J’ai besoin d’air. J’étouffe avec le stress, l’anxiété. Je suis en train de faire une véritable crise d’angoisse. C’est le comble ! Un vampire qui suffoque alors qu’il n’a pas besoin de respirer … Dame nature a de l’humour ! Je plains les humains qui doivent subir de plein jouet cette sensation désagréable.
J’ouvre la porte-fenêtre et ferme les yeux en respirant l’air frais à plein poumons. L’air gelé s’engouffre dans mes bronches et m’apaise immédiatement. La glace. Le meilleur remède pour m’apaiser. J’ouvre les yeux, me précipite vers le tiroir et prend le maillot de bain à la volée pour l’enfiler.
J’attends ce moment depuis si longtemps. Ce n’est pas le moment de flancher, de le fuir. Mais s’il me repousse, il verra de quel bois je me chauffe !
Point de vue d’Orion
Je suis installé dans les sources chaudes depuis quelques minutes. J’ai fermé les yeux pour ne pas affronter la réalité. La solitude. Je ne veux pas la voir. Je sais que j’en suis responsable.
Du bruit dans la neige. J’ouvre les yeux bien décidé à faire fuir le pauvre animal qui aura osé troubler mon moment de déprime mais je m’arrête tout net. C’est elle. Elle est venue. Elle me regarde, silencieuse (ce qui est suffisamment rare pour le noter !). Elle continue de me fixer alors qu’elle entre dans l’eau.
Elle vient s’installer à côté de moi sans détacher ses yeux des miens. Je ne prononce pas un mot. J’en suis bien incapable.
Puis j’entends une voix dans ma tête :
« Je n’arriverai pas à le dire à haute voix. A mon tour de te proposer un marché : soit tu ignores ce message, ce qui signifiera que tu veux réellement rejeter le lien, soit tu réponds à haute voix, signe que tu l’acceptes ».
Je prends une grande inspiration et lui réponds :
« Merci d’être venue. Je pensais qu’il était trop tard … Alors tu l’as senti …
- Le lien ? Bien sûr que je le ressens. Même si j’ai mis du temps à comprendre ce que c’était. Bien plus que toi.
- Tu parlais de rejet …
- Le cri. »
Je me mets à rire, gêné par cette franchise. Quand elle veut mettre les pieds dans le plat, elle n’hésite pas !
« Je pense que toute la Sibérie m’a entendu ce soir-là …
- Je crois même que Sixam en a fait une breaking news à son journal de 20h ! »
Je ris pour lui montrer que je ne prends pas la mouche. Je sais qu’il faut du courage pour tourner mes réactions en dérision avec ma susceptibilité. Aridai et Leïla en ont fait les frais plus d’une fois ! Leïla… Etrange. Penser à elle ne me fait plus mal. Comme une cicatrice qui se désensibilise enfin. Elle est toujours là, elle fait partie de moi mais ne me fait plus souffrir. Je regarde Lorelei avec son petit air mutin, son regard espiègle.
« Merci.
- De rien.
- Tu ne vas pas m’aider hein ?
- Non. Pas cette fois. Je pense que je mérite bien ça non ?
- Oui. Tu le mérites. Merci de me laisser une chance de me rattraper. Je sais que je n’ai pas été très … sympathique…
- C’est le moins que l’on puisse dire ! »
J’encaisse les coups et la laisse se défouler. Pour une fois, ce sera moi qui prendra et non les autres. Je reprends de nouveau une grande inspiration et là, le flot de parole sort tout seul :
« J’ai mis du temps à accepter ce lien. Je ne voulais pas y croire. Pour moi, c’était un piège, un mauvais tour de Caïn. Je ne pouvais pas vivre un tel lien une seconde fois. Je veux dire, c’est tellement rare ! Je suis franchement pas un grand romantique comme tu as pu le constater alors pourquoi moi ? Pourquoi me permettre de revivre cette expérience hors norme ? Je … C’était trop dur … Si jamais je n’avais pas gain de cause … Ça aurait été trop dur à encaisser … La déception aurait été trop grande … C’était plus simple de te tenir à distance … De me renfermer comme je sais si bien le faire depuis des siècles. Ça fait des siècles que je n’ai pas approché une femme. Avec Aridai, on est devenu deux vieux c*** ruminant ensemble encore et encore. On se concentrait sur l’organisation pour ne pas voir le vide dans notre vie. Voir l’autre vivre exactement la même vie, sans amour, sans sentiment permettait de légitimer notre choix. Et puis Coline a débarqué et lui a retourné la tête. En fait, elle lui a remis les idées en place mais je ne voulais pas l’admettre. C’était admettre que moi aussi je me plantais. Et puis, à ton tour, tu as débarqué ! Franchement, quand j’ai commencé à ressentir ce bien-être à tes côtés, je me disais que c’était forcément une blague ! Tu es tout le contraire de ce que je cherche ! C’est pas un reproche ou une critique hein ! Pas du tout ! Mais … Enfin … Tu … t’es le jour et je suis la nuit ! Tu es diplomate, je suis mufle ! Tu es sociable, je suis solitaire ! On a rien à faire ensemble ! Et pourtant … »
Et pourtant … je ne sais plus quoi ajouter alors je lui laisse la parole :
« Et pourtant, Caïn avait envie de rire un grand coup en nous observant et en a décidé autrement. Je me suis posée exactement les mêmes questions. Mais parfois, les opposés s’attirent pour de bonnes raisons. Pour se contrebalancer. Ou peut-être que le destin a décidé de s’amuser un peu et a tiré nos numéros à la loterie. On se saura jamais pourquoi mais une chose est sûre, le lien est là.
- Tu es mon âme-sœur.
- Oui, nous sommes âmes-sœurs. »
La discussion a continué pendant de longues heures. Nous avons parlé de nos ressentis, de nos craintes. Nous avons ri. J’ai pleuré. En évoquant Leïla. Pour exorciser le mal et l’empêcher de nous nuire à l’avenir.
Puis j’ai pris mon courage à deux mains, je l’ai touchée. Elle ne s’est pas enfuie. C’est bon signe non ? Peut-être qu’elle a raison. Peut-être que j’ai le droit au bonheur après tout ?
Elle me donne envie d’y croire. Je lui fais confiance. Pour la première fois depuis des siècles, je suis serein, paisible. Pour la première fois depuis des siècles, je n’ai plus peur de vivre.
***
Une renaissance. Une véritable renaissance. Comme un Phoenix. Depuis ce jour où j’ai enfin eu le courage d’affronter la vérité, je me sens revivre pleinement. Ma tristesse est toujours là, enfouie au fond de moi. Cette tristesse est éternelle. Elle fait partie de moi, elle est ancrée dans mon âme mais j’arrive à envisager l’avenir maintenant.
Elle arrive même à me rendre insouciant. Les frivolités que je fuyais ne me semblent plus aussi futiles. Du moins, je profite de l’instant présent. Malgré le contexte, j’arrive à relâcher la pression et je n’en suis que meilleur quand on part en mission. Mon esprit est plus vif. Plus concentré. Je me consacre pleinement à ma tâche quand je suis de ronde ou que j’exploite une piste.
Nous discutons beaucoup désormais. Que ce soit à voix haute ou par télépathie. Sa nature de palimpseste renforce la connexion entre nos esprits. Alors que j’avais mis des années pour réussir à communiquer par la pensée avec Leïla, c’est naturel avec Lorelei.
Alors qu’il me faisait peur, il me rassure désormais. A chaque instant, je sais que je peux compter sur elle, sur sa présence, son soutien.
Point de vue de Lorelei
Tout est devenu si facile avec Orion. Je me surprends encore à me demander si je rêve ou si c’est réel car ça me semble trop beau pour être vrai. On vient de si loin. Jamais je n’aurai cru que notre relation s’améliorerait aussi vite, aussi bien.
Nos esprits sont liés en permanence grâce à ma nature. Les premiers jours, après qu’il eut accepté totalement le lien, je luttais sans cesse pour rompre le contact par peur de me montrer intrusive mais un jour, en rentrant de l’école, j’étais éreintée et je lui ai dit directement que j’étais trop fatiguée pour chercher à empêcher la connexion. Il m’a regardé, surpris et m’a répondu qu’il ignorait que je devais le combattre en permanence pour ne pas laisser nos esprits communiquer.
Je lui ai alors rappelé l’histoire des pièces qui se cherchent mutuellement et le fait que je dois sans cesse museler mon esprit pour qu’il n’entre pas en contact avec le sien.
Il m’a alors répondu de but en blanc qu’il fallait que j’arrête. Je l’ai regardé bouche bée car j’étais persuadée du contraire. Il m’a dit de laisser faire. Qu’il était assez grand pour bloquer son esprit, le protéger, le jour où il ne voulait pas parler. Pour mon plus grand soulagement, ça n’est jamais arrivé. Enfin, si. Une fois. Mais c’était pendant une discussion avec Aridai donc je pense que c’était pour me préserver de leurs affaires car il sait que je n’approuve pas.
Un autre effet bénéfique, c’est que je partage directement ses souvenirs. Je vois littéralement à travers ses yeux, comme si j’utilisais mon don avec ses yeux. La première fois que ça nous est arrivé, on n’a pas compris tout de suite. J’étais en plein cours et boum, j’ai vu des hommes menacer le tenancier d’un bar local. Je me suis demandée si je ne m’étais pas téléportée tellement ça semblait réel. Mais non, je voyais à travers ses yeux. Je vivais ses souvenirs immédiats avec simplement quelques secondes de décalage.
Quand j’ai pris conscience de cette nouveauté, je lui en ai parlé tout de suite par télépathie. Il avait senti quelque chose de différent sans savoir précisément ce que c’était. Il m’a expliqué qu’il avait pensé à moi en se disant qu’il faudrait me prévenir de passer par ici pour voir si des traces de souvenir pouvaient nous intéresser vu la scène à laquelle il assistait en direct. Et pouf ! La simple pensée a permis de faire un pont mental entre nous. Ce lien est magique.
***
Point de vue d’Orion
Ce soir, on a décidé de vivre une soirée en amoureux. Loin des problèmes. C’est étrange de dire ça. Elle veut faire une soirée à la mode « humaine » donc glace et petite brioche devant un bon film. Ça aussi c’est étrange.
Et j’ai accepté. Je suis complètement fou mais j’ai dit oui sans hésiter. Si Aridai me voyait, je crois qu’il se bidonnerait ! Je ne lui ai rien dit. Je crois que je suis encore trop fier pour lui avouer que je suis raide dingue de Lorelei. C’est sûr, il va me charrier ! Avec tout ce que j’ai dit pour éviter cette collaboration, il a de quoi se payer ma tête dans les grandes largeurs !
Je m’acharne sur cette fichue machine tout en bougonnant car je n’arrive pas à la programmer :
« Ah ! Ce doux son à mon oreille ! Tu ronchonnes trésor !
- C’est … rah … ça marche pas ton truc !
- Mais si ! Si tu ne t’énervais pas dessus tout de suite, ça marcherait encore mieux ! Crois-moi ! »
Le bip libérateur retentit enfin ! C’est bon ! C’est lancé !
Alors que la machine se met en branle, je verse le lait. Lorelei ne me laisse pas tranquille pour autant :
« Tu vois qu’elle marche.
- Ça ne marchait pas !
- Si tu n’appuies pas sur les bons boutons, elle ne va pas fonctionner ! Elle n’a pas le don de prescience !
- Je te dis que ça ne marchait pas et pourtant, j’ai fait exactement la même manip !
- Si je cherchais encore l’inventeur de la mauvaise foi, je pense que je viens de le trouver !
- Gnagnagnagnagna …
- Hm ! Mature ça ! Je devrais te présenter mes élèves ! Vous vous entendriez à merveille ! »
Les chamailleries se poursuivent pendant que les brioches cuisent et que la glace turbine. Elles se terminent par une attaque chatouille en règle après avoir couru dans toute la pièce pour s’attraper. Loyalement au début, c’est-à-dire sans pouvoir. Bien évidemment, je finis par ruser en me transformant en brume. Oui, de la ruse. Pas de la triche, voyons !
Mais elle est bien plus rapide que moi avec sa vitesse surnaturelle donc je la laisse gagner. Bien évidemment. Je n’ai pas perdu. Ça se saurait !
« Allez, Mister Grinch ! Les brioches sont prêtes !
- Je ramène la glace ! Va t’installer et préparer pour le film ! »
« Alors, dis-moi ! Quel navet cinématographique as-tu trouvé ?
- Un film sur les vampires !
- Tu plaisantes j’espère ?
- Non ! Un film avec des vampires qui scintillent ! Je veux le voir ! Ça va être drôle ! Darius l’avait évoqué quand il est arrivé à Windenburg mais je n’ai jamais pris le temps de le regarder alors quand j’ai cherché une idée pour ce soir, je me suis dit que ça tombait à pic ! En plus, il y a une histoire d’amour ! »
« Au secours !!!! C’est quoi cette horreur ! Ils méritent la prison !
- Roh ! Fais pas ton grincheux ! C’est super mignon ! Regarde ce qu’il fait par amour ! C’est trop chou ! J’adore ! »
Ce film était un supplice pour mes yeux mais la soirée était fantastique ! Nous avons passé notre soirée à faire les langues de vipère et Lorelei cache bien son jeu car elle peut être très … incisive quand elle veut ! Les acteurs et le scénariste en ont pris pour leur grade ! Pire que moi !
Une merveilleuse soirée à graver dans mes souvenirs.
Exactement, c'est tout à fait ça ! Chat échaudé craint l'eau froide pour Orion et Lorelei, de son côté, veut juste croquer la vie à pleine dent, vivre pleinement cette expérience magique qui n'arrive qu'une fois dans l'éternité (du moins, en principe).
Les deux souffrent mais aucun d'eux ne peut réellement comprendre l'autre. Lorelei par ignorance et Orion par la connaissance de la douleur. Il l'a vécu dans sa chair et le paye encore au quotidien malgré les siècles.
Chapitre 7
Point de vue de Lorelei
Ça fait des semaines maintenant que l’on se contente de se croiser pour ne pas s’affronter. Nous nous limitons aux contacts nécessaires pour notre mission. Rien de plus. Nous n’avons jamais évoqué ce cri. Je n’ai jamais évoqué son rejet. Je me suis contentée de recherches personnelles sur le sujet.
Oui, il est possible d’avoir une seconde âme-sœur si l’un des d’eux n’en a jamais eu. C’est extrêmement rare mais c’est possible.
Oui, il est possible de rejeter le lien. Si on y met suffisamment de volonté, on peut totalement nier son existence et le faire disparaître. Mais là aussi, il faut une certaine détermination pour parvenir à ses fins. Je connais suffisamment Orion pour savoir qu’il pourra y parvenir. Le compte à rebours est lancé.
Par contre, s’il obtient gain de cause, je n’ai aucune idée des conséquences que cela aura pour moi. Je n’ai rien trouvé à ce sujet. Et je ne sais pas si je veux savoir pour le moment vu l’état dans lequel ça m’a mis la dernière fois. Surtout qu’il ne semble plus se battre contre le lien. Je ne le ressens plus en tout cas.
Point de vue d’Orion
J’évite Lorelei depuis cette nuit-là. Elle ne m’a jamais posé de question. Pas une seule allusion à ce cri. Comme s’il ne s’était rien passé. Même si elle m’a entendu. Je le sais. Elle ne peut pas l’avoir loupé. Mais elle se tait. Elle fait comme si. Et je la remercie.
Mais aujourd’hui, il est temps que je grandisse un peu. Je dois changer mon comportement. Je ne peux pas faire abstraction de ce lien. D’autant qu’il se maintient avec la mission. Ou peut-être parce que je le veux au fond.
J’ai mis des jours entiers à accepter cette fatalité après l’avoir initialement rejeté de toutes mes forces. J’en ai voulu à Caïn de ce mauvais tour. Mais je n’ai pas le courage pour lutter. Je n’ai plus l’ardeur, la rage de vaincre. Ou je n’ai plus envie. Peut-être. Je ne sais. Je ne sais plus. Trop de questions. Aucune réponse.
J’enchaîne les rondes depuis la dernière qui a porté ses fruits. Je suis galvanisé. Et aujourd’hui, je suis de bonne humeur. Je sais pourquoi. Ce matin, mes pas m’ont mené là où j’avais vu les Oréades pour la première fois. Comme si je voulais me convaincre une bonne fois pour toutes.
Et je les ai vus. Ils formaient une farandolle. Comme la première fois. J’entendais ce petit bruit cristallin quand ils faisaient bouger leur corolle de glace. Contrairement à ce que j’imaginais, je n’ai pas souffert. J’ai souri et je les ai regardés s’agiter devant moi. J’ai laissé ce sentiment de bien-être m’envahir. Je l’ai accueilli. Le lien. Je l’ai accepté.
Quand je suis revenu à la maison le soir, Lorelei était dans le jardin, en train de lire. Je l’ai observée à la dérobée pendant quelques instants. Et j’ai compris. J’ai mesuré ma chance. Des vampires seraient prêts à brûler au soleil pour un simple regard de sa part. Ils se damneraient pour une parole. Je ne peux pas rejeter ce lien. C’est stupide. Pas pour une crainte de revivre l’horreur de la perte.
Je m’approche à pas de loup en ramassant de la neige et me précipite pour lui mettre dans le dos. Elle hurle en m’insultant de tous les noms d’oiseau et j’éclate de rire. Un rire franc. Comme je n’en ai pas eu depuis des siècles. Il résonne à mes oreilles, me parait étrange.
Point de vue de Lorelei
J’ai entendu des pas dans mon dos mais je n’ose pas me retourner. Je ne sais pas comment réagir. Je ne sais plus. Je guette le bruit de ses chaussures et attend celui des marches pour savoir s’il rentre ou non. J’aviserai en fonction de son comportement.
Mais le bruit ne vient pas. Je me concentre et n’entends que le crissement de ses chaussures dans la neige. Au lieu de l’éloigner, il se rapproche. Mon cœur s’accélère. J’appréhende et j’attends ce moment. Cette confrontation. Que l’on puisse enfin mettre cartes sur table.
Totalement absorbée à ma tâche, je ne comprends qu’avec un train de retard qu’il est réellement dans mon dos, quand la neige gelée recouvre mes épaules nues. Je lâche un cri de surprise et repousse d’un geste brusque mon journal intime qui tombe dans la neige. Je l’entends rire. Tout simplement. La situation me paraît invraisemblable mais je ne me laisse pas le temps de la réflexion.
Bien évidemment, j’ai répliqué. Ça a eu un effet défouloir : j’ai balancé autant de boules de neige que ma vitesse me le permettait comme pour me venger de l’indifférence qu’il témoigne à mon égard depuis des jours. J’évacue ma colère et la bataille opère rapidement un effet thérapeutique sur moi.
Rapidement, son rire devient communicatif. C’est plus fort que moi. Au fond, je ne peux pas lui en vouloir. C’est impossible. Quoiqu’il fasse, j’accepterai de lui pardonner. J’en ai la certitude.
« Waow ! Je ne sais pas ce que j’ai fait pour mériter autant de hargne mais tu es en forme ! »
N’y tenant plus, je m’engouffre dans la brèche qu’il vient d’ouvrir :
« Tu veux vraiment une raison ou tu préfères que je m’abstienne ?
- Je ne pensais pas que tu me détestais à ce point !
- Les sentiments contraires sont parfois très proches ! »
Je sais qu’il comprend chacun de mes sous-entendus alors j’en profite.
« Tu m’ignores depuis des jours et là, monsieur est d’humeur espiègle donc je dois obtempérer ? »
On s’arrête pour reprendre notre souffle. Il tourne les yeux vers moi et son visage devient sérieux. Son regard est intense, profond. Mon cœur s’accélère de nouveau. J’ai l’impression que le monde entier peut l’entendre battre alors qu’il n’en n’a pas besoin.
Point de vue d’Orion
Je prends le temps avant de répondre à sa provocation. C’est le moment de vérité. Je suis à une fourche et je dois choisir la direction que je souhaite prendre pour l’avenir. J’ai fait mon choix. Je ne veux pas foirer cet instant. Caïn me donne une seconde chance. Je dois la saisir. Je vais la saisir.
« Disons plutôt un marché. Je vais me détendre dans les sources chaudes. Soit tu me rejoins, soit tu vaques à tes occupations et m’ignore pour me rendre la monnaie de ma pièce. Je pense que c’est une offre honnête. »
Je n’attends pas sa réponse et fonce dans la maison pour me changer avant de regretter de m’être littéralement jeté à l’eau sans mauvais jeu de mot. Mon cœur bat la chamade. Je suis terrifié. Je surveille la porte en ne sachant pas si j’espère l’entendre rentrer pour se changer ou pour aller s’enfermer dans sa chambre et me foutre un vent phénoménal. Je ne sais pas si elle hésite car elle ne court pas. J’entends ses pas dans l’escalier. D’habitude, elle utilise la vitesse vampirique mais pas là. Elle prend le temps.
Elle ouvre la porte. Je ferme les yeux pour faire le vide et pousser mon ouïe. Le bruit d’un tiroir. Sa porte-fenêtre. Elle ne viendra pas. Elle ne me rejoindra pas. Elle va méditer sur son balcon. Pour me fuir. Trop tard. J’ai trop attendu. Je l’ai trop repoussé.
J’hésite à sortir mais je ne veux pas passer pour un lâche alors j’enfile mon maillot et vais me cacher dans les sources chaudes.
Point de vue de Lorelei
Je le vois s’élancer dans la maison comme s’il avait le diable à ses trousses. Et je reste là, à attendre. Sa proposition est honnête, c’est vrai. Mais je ne sais pas quoi en faire pour autant. J’ai peur. Orion est comme un animal sauvage blessé. Si je m’approche de lui, il peut autant m’accepter que m’agresser. Il est totalement imprévisible. Mais d’un autre côté, c’est lui qui le propose.
Je rentre à mon tour dans la maison, toujours plongée dans mes réflexions. Je ne cours pas dans les escaliers. Je prends mon temps pour peser le pour et le contre. Faire un choix. Mon choix. Déterminant qui plus est. A partir de maintenant, plus rien ne sera pareil.
J’arrive dans ma chambre et ouvre le tiroir où se trouvent mes affaires de sport. D’un côté, le short pour la méditation, de l’autre, le bikini. J’ai besoin d’air. J’étouffe avec le stress, l’anxiété. Je suis en train de faire une véritable crise d’angoisse. C’est le comble ! Un vampire qui suffoque alors qu’il n’a pas besoin de respirer … Dame nature a de l’humour ! Je plains les humains qui doivent subir de plein jouet cette sensation désagréable.
J’ouvre la porte-fenêtre et ferme les yeux en respirant l’air frais à plein poumons. L’air gelé s’engouffre dans mes bronches et m’apaise immédiatement. La glace. Le meilleur remède pour m’apaiser. J’ouvre les yeux, me précipite vers le tiroir et prend le maillot de bain à la volée pour l’enfiler.
J’attends ce moment depuis si longtemps. Ce n’est pas le moment de flancher, de le fuir. Mais s’il me repousse, il verra de quel bois je me chauffe !
Point de vue d’Orion
Je suis installé dans les sources chaudes depuis quelques minutes. J’ai fermé les yeux pour ne pas affronter la réalité. La solitude. Je ne veux pas la voir. Je sais que j’en suis responsable.
Du bruit dans la neige. J’ouvre les yeux bien décidé à faire fuir le pauvre animal qui aura osé troubler mon moment de déprime mais je m’arrête tout net. C’est elle. Elle est venue. Elle me regarde, silencieuse (ce qui est suffisamment rare pour le noter !). Elle continue de me fixer alors qu’elle entre dans l’eau.
Elle vient s’installer à côté de moi sans détacher ses yeux des miens. Je ne prononce pas un mot. J’en suis bien incapable.
Puis j’entends une voix dans ma tête :
« Je n’arriverai pas à le dire à haute voix. A mon tour de te proposer un marché : soit tu ignores ce message, ce qui signifiera que tu veux réellement rejeter le lien, soit tu réponds à haute voix, signe que tu l’acceptes ».
Je prends une grande inspiration et lui réponds :
« Merci d’être venue. Je pensais qu’il était trop tard … Alors tu l’as senti …
- Le lien ? Bien sûr que je le ressens. Même si j’ai mis du temps à comprendre ce que c’était. Bien plus que toi.
- Tu parlais de rejet …
- Le cri. »
Je me mets à rire, gêné par cette franchise. Quand elle veut mettre les pieds dans le plat, elle n’hésite pas !
« Je pense que toute la Sibérie m’a entendu ce soir-là …
- Je crois même que Sixam en a fait une breaking news à son journal de 20h ! »
Je ris pour lui montrer que je ne prends pas la mouche. Je sais qu’il faut du courage pour tourner mes réactions en dérision avec ma susceptibilité. Aridai et Leïla en ont fait les frais plus d’une fois ! Leïla… Etrange. Penser à elle ne me fait plus mal. Comme une cicatrice qui se désensibilise enfin. Elle est toujours là, elle fait partie de moi mais ne me fait plus souffrir. Je regarde Lorelei avec son petit air mutin, son regard espiègle.
« Merci.
- De rien.
- Tu ne vas pas m’aider hein ?
- Non. Pas cette fois. Je pense que je mérite bien ça non ?
- Oui. Tu le mérites. Merci de me laisser une chance de me rattraper. Je sais que je n’ai pas été très … sympathique…
- C’est le moins que l’on puisse dire ! »
J’encaisse les coups et la laisse se défouler. Pour une fois, ce sera moi qui prendra et non les autres. Je reprends de nouveau une grande inspiration et là, le flot de parole sort tout seul :
« J’ai mis du temps à accepter ce lien. Je ne voulais pas y croire. Pour moi, c’était un piège, un mauvais tour de Caïn. Je ne pouvais pas vivre un tel lien une seconde fois. Je veux dire, c’est tellement rare ! Je suis franchement pas un grand romantique comme tu as pu le constater alors pourquoi moi ? Pourquoi me permettre de revivre cette expérience hors norme ? Je … C’était trop dur … Si jamais je n’avais pas gain de cause … Ça aurait été trop dur à encaisser … La déception aurait été trop grande … C’était plus simple de te tenir à distance … De me renfermer comme je sais si bien le faire depuis des siècles. Ça fait des siècles que je n’ai pas approché une femme. Avec Aridai, on est devenu deux vieux c*** ruminant ensemble encore et encore. On se concentrait sur l’organisation pour ne pas voir le vide dans notre vie. Voir l’autre vivre exactement la même vie, sans amour, sans sentiment permettait de légitimer notre choix. Et puis Coline a débarqué et lui a retourné la tête. En fait, elle lui a remis les idées en place mais je ne voulais pas l’admettre. C’était admettre que moi aussi je me plantais. Et puis, à ton tour, tu as débarqué ! Franchement, quand j’ai commencé à ressentir ce bien-être à tes côtés, je me disais que c’était forcément une blague ! Tu es tout le contraire de ce que je cherche ! C’est pas un reproche ou une critique hein ! Pas du tout ! Mais … Enfin … Tu … t’es le jour et je suis la nuit ! Tu es diplomate, je suis mufle ! Tu es sociable, je suis solitaire ! On a rien à faire ensemble ! Et pourtant … »
Et pourtant … je ne sais plus quoi ajouter alors je lui laisse la parole :
« Et pourtant, Caïn avait envie de rire un grand coup en nous observant et en a décidé autrement. Je me suis posée exactement les mêmes questions. Mais parfois, les opposés s’attirent pour de bonnes raisons. Pour se contrebalancer. Ou peut-être que le destin a décidé de s’amuser un peu et a tiré nos numéros à la loterie. On se saura jamais pourquoi mais une chose est sûre, le lien est là.
- Tu es mon âme-sœur.
- Oui, nous sommes âmes-sœurs. »
La discussion a continué pendant de longues heures. Nous avons parlé de nos ressentis, de nos craintes. Nous avons ri. J’ai pleuré. En évoquant Leïla. Pour exorciser le mal et l’empêcher de nous nuire à l’avenir.
Puis j’ai pris mon courage à deux mains, je l’ai touchée. Elle ne s’est pas enfuie. C’est bon signe non ? Peut-être qu’elle a raison. Peut-être que j’ai le droit au bonheur après tout ?
Elle me donne envie d’y croire. Je lui fais confiance. Pour la première fois depuis des siècles, je suis serein, paisible. Pour la première fois depuis des siècles, je n’ai plus peur de vivre.
Une renaissance. Une véritable renaissance. Comme un Phoenix. Depuis ce jour où j’ai enfin eu le courage d’affronter la vérité, je me sens revivre pleinement. Ma tristesse est toujours là, enfouie au fond de moi. Cette tristesse est éternelle. Elle fait partie de moi, elle est ancrée dans mon âme mais j’arrive à envisager l’avenir maintenant.
Elle arrive même à me rendre insouciant. Les frivolités que je fuyais ne me semblent plus aussi futiles. Du moins, je profite de l’instant présent. Malgré le contexte, j’arrive à relâcher la pression et je n’en suis que meilleur quand on part en mission. Mon esprit est plus vif. Plus concentré. Je me consacre pleinement à ma tâche quand je suis de ronde ou que j’exploite une piste.
Nous discutons beaucoup désormais. Que ce soit à voix haute ou par télépathie. Sa nature de palimpseste renforce la connexion entre nos esprits. Alors que j’avais mis des années pour réussir à communiquer par la pensée avec Leïla, c’est naturel avec Lorelei.
Alors qu’il me faisait peur, il me rassure désormais. A chaque instant, je sais que je peux compter sur elle, sur sa présence, son soutien.
Point de vue de Lorelei
Tout est devenu si facile avec Orion. Je me surprends encore à me demander si je rêve ou si c’est réel car ça me semble trop beau pour être vrai. On vient de si loin. Jamais je n’aurai cru que notre relation s’améliorerait aussi vite, aussi bien.
Nos esprits sont liés en permanence grâce à ma nature. Les premiers jours, après qu’il eut accepté totalement le lien, je luttais sans cesse pour rompre le contact par peur de me montrer intrusive mais un jour, en rentrant de l’école, j’étais éreintée et je lui ai dit directement que j’étais trop fatiguée pour chercher à empêcher la connexion. Il m’a regardé, surpris et m’a répondu qu’il ignorait que je devais le combattre en permanence pour ne pas laisser nos esprits communiquer.
Je lui ai alors rappelé l’histoire des pièces qui se cherchent mutuellement et le fait que je dois sans cesse museler mon esprit pour qu’il n’entre pas en contact avec le sien.
Il m’a alors répondu de but en blanc qu’il fallait que j’arrête. Je l’ai regardé bouche bée car j’étais persuadée du contraire. Il m’a dit de laisser faire. Qu’il était assez grand pour bloquer son esprit, le protéger, le jour où il ne voulait pas parler. Pour mon plus grand soulagement, ça n’est jamais arrivé. Enfin, si. Une fois. Mais c’était pendant une discussion avec Aridai donc je pense que c’était pour me préserver de leurs affaires car il sait que je n’approuve pas.
Un autre effet bénéfique, c’est que je partage directement ses souvenirs. Je vois littéralement à travers ses yeux, comme si j’utilisais mon don avec ses yeux. La première fois que ça nous est arrivé, on n’a pas compris tout de suite. J’étais en plein cours et boum, j’ai vu des hommes menacer le tenancier d’un bar local. Je me suis demandée si je ne m’étais pas téléportée tellement ça semblait réel. Mais non, je voyais à travers ses yeux. Je vivais ses souvenirs immédiats avec simplement quelques secondes de décalage.
Quand j’ai pris conscience de cette nouveauté, je lui en ai parlé tout de suite par télépathie. Il avait senti quelque chose de différent sans savoir précisément ce que c’était. Il m’a expliqué qu’il avait pensé à moi en se disant qu’il faudrait me prévenir de passer par ici pour voir si des traces de souvenir pouvaient nous intéresser vu la scène à laquelle il assistait en direct. Et pouf ! La simple pensée a permis de faire un pont mental entre nous. Ce lien est magique.
Point de vue d’Orion
Ce soir, on a décidé de vivre une soirée en amoureux. Loin des problèmes. C’est étrange de dire ça. Elle veut faire une soirée à la mode « humaine » donc glace et petite brioche devant un bon film. Ça aussi c’est étrange.
Et j’ai accepté. Je suis complètement fou mais j’ai dit oui sans hésiter. Si Aridai me voyait, je crois qu’il se bidonnerait ! Je ne lui ai rien dit. Je crois que je suis encore trop fier pour lui avouer que je suis raide dingue de Lorelei. C’est sûr, il va me charrier ! Avec tout ce que j’ai dit pour éviter cette collaboration, il a de quoi se payer ma tête dans les grandes largeurs !
Je m’acharne sur cette fichue machine tout en bougonnant car je n’arrive pas à la programmer :
« Ah ! Ce doux son à mon oreille ! Tu ronchonnes trésor !
- C’est … rah … ça marche pas ton truc !
- Mais si ! Si tu ne t’énervais pas dessus tout de suite, ça marcherait encore mieux ! Crois-moi ! »
Le bip libérateur retentit enfin ! C’est bon ! C’est lancé !
Alors que la machine se met en branle, je verse le lait. Lorelei ne me laisse pas tranquille pour autant :
« Tu vois qu’elle marche.
- Ça ne marchait pas !
- Si tu n’appuies pas sur les bons boutons, elle ne va pas fonctionner ! Elle n’a pas le don de prescience !
- Je te dis que ça ne marchait pas et pourtant, j’ai fait exactement la même manip !
- Si je cherchais encore l’inventeur de la mauvaise foi, je pense que je viens de le trouver !
- Gnagnagnagnagna …
- Hm ! Mature ça ! Je devrais te présenter mes élèves ! Vous vous entendriez à merveille ! »
Les chamailleries se poursuivent pendant que les brioches cuisent et que la glace turbine. Elles se terminent par une attaque chatouille en règle après avoir couru dans toute la pièce pour s’attraper. Loyalement au début, c’est-à-dire sans pouvoir. Bien évidemment, je finis par ruser en me transformant en brume. Oui, de la ruse. Pas de la triche, voyons !
Mais elle est bien plus rapide que moi avec sa vitesse surnaturelle donc je la laisse gagner. Bien évidemment. Je n’ai pas perdu. Ça se saurait !
« Allez, Mister Grinch ! Les brioches sont prêtes !
- Je ramène la glace ! Va t’installer et préparer pour le film ! »
« Alors, dis-moi ! Quel navet cinématographique as-tu trouvé ?
- Un film sur les vampires !
- Tu plaisantes j’espère ?
- Non ! Un film avec des vampires qui scintillent ! Je veux le voir ! Ça va être drôle ! Darius l’avait évoqué quand il est arrivé à Windenburg mais je n’ai jamais pris le temps de le regarder alors quand j’ai cherché une idée pour ce soir, je me suis dit que ça tombait à pic ! En plus, il y a une histoire d’amour ! »
« Au secours !!!! C’est quoi cette horreur ! Ils méritent la prison !
- Roh ! Fais pas ton grincheux ! C’est super mignon ! Regarde ce qu’il fait par amour ! C’est trop chou ! J’adore ! »
Ce film était un supplice pour mes yeux mais la soirée était fantastique ! Nous avons passé notre soirée à faire les langues de vipère et Lorelei cache bien son jeu car elle peut être très … incisive quand elle veut ! Les acteurs et le scénariste en ont pris pour leur grade ! Pire que moi !
Une merveilleuse soirée à graver dans mes souvenirs.
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