[Histoire/Challenge] La naissance d'une Faucheuse (maj 07/03)

Vlad lui faisait la cour, discrètement. Une petite rose par ci, un petit clin d'œil par là. Il l'emmenait dans des soirées pour danser jusqu'au matin, lui offrait de coûteux repas gastronomiques, l'emmenait au cinéma, échafaudait des vacances secrètes où ils pourraient s'aimer au grand jour, sans avoir constamment besoin de se cacher. Ma mère s'imaginait déjà la vie de rêve et de paillettes qu'il lui promettait.


Leur premier baiser fût échangé au détour d'une soirée, cachés dans le labyrinthe du Domaine Von Haunt. Il marquera à jamais l'esprit de ma mère. Elle a 26 ans, il en a 41. Elle est passionnément amoureuse, et inconsciente. Il est tendrement amoureux, et conscient de sa faute. Ils s'aiment mais ne peuvent pas vivre ensemble. Il le sait. Elle n'en a aucune idée. Elle est pauvre, il est riche, enfin sa femme est riche. Il ne se doute pas un instant que ce baiser va changer le cours de sa vie. Leur vie.


Et c'est ainsi que Vlad et ma mère font le grand plongeon. Ouai ben on s'en doutait pas du tout hein !!
Leur idylle dure depuis un moment déjà, ils se voient dès qu'ils le peuvent. Surtout chez maman. On devine pourquoi... Les séances de craquottes sont pas trop possible chez Vlad... Mais même en restant prudent et plus que discret, tout se sait un jour... et ce qui devait arriver, arriva !! Sonia entendit parler de l'aventure de son mari par des voisins qui s'étonnait de voir Vlad partir en catimini à des heures tardives. Notre sulfureuse Sonia, explosa sur le moment et était déjà prête à pulvériser la maison de mes grands parents et tous ses occupants. Mais à la dernière seconde, elle se souvint de ce que sa mère lui avait enseigné : la vengeance est un plat qui se mange froid, même glacial !! Elle réfléchit alors au moyen de se venger de ma mère et de son traître de mari.


Les mois passèrent. Cela faisait presque un an maintenant qu'ils se "voyaient", et ma mère un matin fit une curieuse découverte.
Eh oui !! Elle était enceinte !! Oups !! (Taadaa, me voilà !!)
Elle l'annonça à Vlad un après-midi, après une énième séance de crac-crac. Il ne prit malheureusement pas la nouvelle comme elle l'attendait. Au lieu d'en être heureux, il se mit à avoir des sueurs froides. Et pour la première fois depuis plus d'un an, il pensa à Sonia !! Il prit ses jambes à son cou, sans un regard en arrière...
Ma mère est restée assise bêtement sur son lit, sans comprendre ce qu'il venait de se passer. C'est elle pourtant qui a des nausées depuis plusieurs semaines. Les hommes aussi peuvent ressentir les désagréments des premières semaines de grossesse ??
Le temps s'enfuyait à toute vitesse et toujours pas de nouvelles de Vlad. Elle lui envoyait textos sur textos, qu'il lisait elle le savait. Elle n'osait pas aller le voir, de peur de tout dévoiler à Sonia et ainsi de ruiner définitivement les projets secrets qu'ils avaient échafaudé ensemble.
Et un jour, le miracle se produisit !! Un texto de Vlad, lui donnant rendez-vous devant l'arche du labyrinthe où ils avaient échangé leur premier baiser.
Ma mère pleine d'espoir, se fit belle. Un rendez-vous devant l'arche ne pouvait dire qu'une seule chose non ? Il avait enfin trouvé le courage de quitter Sonia, pour la demander en mariage. Elle allait enfin pouvoir vivre son grand amour digne d'un bouquin à l'eau de rose. Elle choisit sa plus belle robe blanche. Elle était rayonnante et impatiente. Son enfant s'appellerait Gothik.
Pendant le trajet, elle s'imaginait sa future vie de mariée. Elle se réveillerait au côté de l'homme qu'elle aimait profondément. Elle lui préparerait son petit déjeuner. Ils regarderaient leur fils jouer ensemble. Ils auront certainement d'autres enfants. Elle en voulait au moins trois.


Arrivée en avance, elle rêva à son future mariage. Elle aurait souhaité un mariage en grande pompe, où elle aurait porté une robe digne d'une princesse. Elle l'attendait impatiemment, toute frétillante, toute tremblante.
Elle le vit arriver, et elle eût envie de courir se jeter dans ses bras. Oh comme elle l'aimait son Vladounet.
Mais son visage était fermé. Il ne souriait pas. Il avait l'air anxieux.


Et le drame se produisit. Il la quittait. Elle. Pas Sonia. Il ne l'avait pas choisit elle. Il préférait l'argent et son confort. Il lui demandait d'avorter. Il ne voulait plus rien savoir d'elle. Trop d'informations se bousculaient dans sa tête. C'était un cauchemar. Ce n'était pas possible. Elle allait se réveiller. Sa tête bourdonnait. Elle se sentait mal. Elle allait vomir. Pas ça. Pitié pas ça.


Il se retourna et s'en alla, sans même un dernier regard pour elle. Son cœur se brisa en un milliard de petits morceaux, éparpillés aux quatre coins de la planète. Elle se sentit sombrer dans la folie.


Elle avait juste encore assez de force pour rentrer chez elle. Des millions de questions se bousculaient dans sa tête. Comment allait-elle élevé son fils? Quelle confiture allait-elle prendre à son dîner? Pourquoi elle et pas Sonia? Pourquoi? Pourquoi? Et si elle n'était pas tombée enceinte, seraient-ils encore ensemble? Arrivera t'elle à aimer ce fils qui l'avait privé de son Grand Amour? Allait-elle le garder? Etait-elle réellement enceinte ou l'avait-elle rêvé? Est-ce un cauchemar ou allait-elle se réveiller et ils riraient ensemble de la tournure de ses rêves?


En rentrant elle se jeta dans les bras de mon papi. Elle pleura toutes les larmes de son corps. Elle ne pouvait plus s'arrêter. Mon grand-père ne comprit pas ce qu'il lui arrivait et il essayait de la calmer comme il le pouvait. Il lui demanda de respirer un grand coup et de lui raconter ce qu'il se passait.


Alors, elle lui raconta tout. Sa grossesse imprévue, sa non demande en mariage, ses paroles blessantes concernant un éventuel avortement, la manière dont Vlad l'avait abandonné, lâchement. Il était choqué de la tournure que prenait les choses. Il n'aurait jamais imaginé que cet homme était cupide à ce point. Stupide, oui, mais pas cupide !!


Ma mère reprit ses anciennes habitudes quand elle était en phase de morosité. Elle passait ses journées à dormir, pour se sentir mieux dans sa peau et dans sa tête, car dans la réalité elle n'était pas maîtresse de son destin, alors que dans ses rêves, si !! Elle rêvait à la vie qu'elle aurait dû avoir avec Vlad. Car même si ce dernier lui avait brisé le cœur, elle ne pouvait pas s'empêcher de l'aimer d'un amour sincère.


De temps en temps, elle faisait quand même l'effort de partager un instant avec mes grands parents. Ils parlaient de moi. De mon futur prénom. De la place que j'occuperais dans la maison, car elle était petite et il n'y avait pas encore de chambre prévue pour moi. Ma mère écoutait souvent la conversation d'une oreille distraite, ne prenant jamais part aux réponses. Sauf à celle concernant mon prénom. Elle voulait m'appeler Lancelot ou Arthur. Il me fallait un prénom de chevalier, car je devais être fort pour affronter la triste vie que j'allais avoir. Je devais naître avec des armes, pour pouvoir combattre les moqueries dont je serais certainement victime...


Elle dormait beaucoup, se reposait souvent, car la grossesse la fatiguait énormément. Ma grand mère s'en inquiétait, car dans ses souvenirs, sa grossesse à elle ne l'épuisait pas autant. Elle suppliait ma mère d'aller consulter, au moins pour savoir si tout allait bien... Ma mère refusait toujours, de peur de sortir et de tomber sur ses voisins d'en face. Elle ne voulait pas que Vlad apprenne qu'elle m'avait gardé. Elle comptait déménager après ma naissance, elle avait même cherché un emploi dans la peinture.
Voir la maison de son Amour perdu à travers la fenêtre de sa chambre, lui était insupportable. L'imaginer heureux, embrassant sa femme tous les soirs quand il rentrait du travail, eu raison d'elle. Elle se murait dans son silence, s'évadait dans ses rêves...

Pendant les mois qui suivirent, de l'autre côté de la rue, Sonia poursuivait assidûment ses recherches. Et enfin, elle fît la découverte qu'elle attendait tant. Elle avait trouvé le sortilège qui lui permettrait de se venger de l'infidélité de son mari. Il lui faudrait encore beaucoup de patience et de recherche pour trouver tous les ingrédients nécessaires.

Elle chercha longtemps, fouillant les moindres recoins de Glimmerbrook. Elle finirait bien par la trouver cette maudite fleur. C'est le dernier ingrédient qu'il lui manquait.

Elle pensait enfin l'avoir trouvé, mais non, ce n'était qu'un vulgaire fossile d'argile...

Elle allait repartir, quand enfin, elle la vit. La chrysanthème de la mort.
Il ne lui restait plus à présent, qu'à rentrer et la planter à la prochaine pleine lune.

Il fallait également recueillir de l'eau sacrée de la fontaine à souhaits, afin de pouvoir l'arroser d'une goutte toutes les heures. Par chance, la fontaine en face de chez elle convenait parfaitement. Elle alla donc remplir une bouteille de son précieux liquide.


En attendant que sa fleur pousse, elle alla régulièrement surveiller ses voisins. Oh comme elle haïssait cette femme qui lui avait pris son mari... Même si depuis quelques temps, elle trouvait très étrange que Vladimir n'aille plus lui rendre visite, plus de réunions tardives, plus de mensonges pour expliquer ses absences. Qu'importe, il devra quand même être puni pour tout le mal qu'il lui avait fait.

La fleur a poussé. Il était enfin l'heure de mettre son plan à exécution. Elle prépara son étrange mixture, la versa dans un verre. L'odeur était épouvantable. Elle fût prise un instant de remord et faillit tout abandonner. Mais des images vinrent à son esprit et imaginer son mari dans les bras d'une autre ravivait sa colère.

Elle attendit que ses enfants partent à l'école et appela Vladimir à venir s'assoir avec elle dans le jardin. Elle laissa alors exploser la colère qu'elle contenait à l'intérieur depuis plusieurs années. Elle allait enfin avoir sa vengeance. Et voir la tête de Vlad se décomposer était déjà une petite victoire. Il pleura, s'excusa, lui avoua que c'était fini depuis 8 mois maintenant. Qu'il n'y avait qu'elle qui comptait à ses yeux, qu'il n'était même pas amoureux d'Adèle, que ça n'avait été que physique, qu'il avait fait une crise de la quarantaine,... Tout le bla bla habituel !!
Elle l'écouta en silence, et ne prit la parole qu'une fois son laïus finit. Elle lui expliqua qu'elle était prête à lui pardonner, s'il buvait son étrange cocktail.

Vlad ne réfléchit pas une seconde, il prit le verre à l'odeur nauséabonde et le but. Il avait bien trop peur qu'elle demande le divorce, ce qui le conduirait fatalement à la rue, sans le sous...

Des pustules vertes poussèrent sur son corps, et Vlad s'écroula sur le sol. Elle l'avait empoisonné la sorcière. Il n'avait pas pensé un seul instant qu'elle le tuerait. Il s'attendait à tomber malade oui, vu la couleur et l'odeur du cocktail, mais il n'aurait jamais imaginé qu'elle irait aussi loin. Le meurtre !! Elle avait osé !!

Sonia regretta soudainement son geste de colère. Et si le sortilège ne fonctionnait pas? Et si ELLE faisait la sourde oreille? Et si elle était accusée de meurtre? Qu'allaient devenir ses enfants? Elle n'eût pas le temps de se poser d'autres questions, qu'elle l'entendit arriver. La Faucheuse était là.

Elle se rappela alors sa mission. Sauver la vie de son mari, en lui donnant le nom d'une autre personne qui devrait mourrir à sa place, en échange d'une chrysanthème sacrée. Le pacte fût scellé. Le nom fût donné. Vlad fût sauvé.



La Faucheuse alla prévenir Sonia, que son mari lui avait été rendu, mais que concernant le nom qu'elle lui avait donné, une complication était à prévoir.

En effet, Adèle Dubois ne pouvait pas mourrir dans l'immédiat, puisqu'elle portait la vie. Mais une malédiction pouvait lui être donné.

Un nouveau pacte vit alors le jour, scellé cette fois avec une rose rouge.

Au même instant, de l'autre côté de la rue, ma mère qui se sentit tout à coup très mal, se redressa d'un bond sur le canapé.

De violentes contractions firent leurs apparitions, lui tordant les entrailles. Il était l'heure pour moi, de venir au monde.

Ma mère et ma grand-mère partirent à la maternité.

Ma grand-mère était tellement heureuse de devenir mamie, malgré les circonstances. Elle aurait préféré une venue au monde différente pour moi, une naissance dans une famille soudée, avec des parents aimants. Mais qu'importe, elle m'aimerait deux fois plus pour combler le vide laissé par mon père.
Les heures passent et toujours aucune nouvelle de la salle d'accouchement. Elle commence à s'inquiéter.
Une sage-femme vint voir ma mamie au bout d'une éternité, lui annonçant ma naissance et lui demanda mon prénom. Ma grand-mère se demanda pourquoi c'était à elle de lui dire que je m'appelais Arthur. Elle entendit les mots complication, coma, opération, fille, bébé en bonne santé. Elle ne réalisa pas immédiatement ce que tout ce jargon médical impliquait.
On lui laissa le temps d'intégrer, de digérer. Quand elle reprit ses esprits, on lui expliqua à nouveau, qu'il y'a eu des complications pendant l'accouchement, que sa fille avait donné naissance à un magnifique bébé en bonne santé. Et qu'Arthur ne pouvait pas convenir puisque j'étais une petite fille. Que ma mère n'était pas en capacité de me nommer puisqu'elle venait de sombrer dans un coma que les médecins ne s'expliquaient pas. Que ma mère était sous surveillance, que... STOP !! Une fille? Ma grand-mère bloqua sur ces dernières paroles. Une fille? Sa fille à eu une fille? Oui mamie, je suis une fille, et pour l'instant je n'ai pas de prénom, alors si tu pouvais te dépêcher un peu...

Ma mère reprit connaissance et se leva d'un bond de la table d'opération, faisant hurler le personnel médical qui s'apprêtaient à l'opérer.

Elle s'éleva dans les airs, une lueur étrange l'engloba toute entière.

Puis elle s'effondra au sol. Sans vie. Ma mère venait de rendre son dernier souffle. La Faucheuse arriva, vérifia le nom de ma mère sur sa tablette. Adèle Dubois, nommée par Sonia Gothik pour remplacer la mort de Vladimir lors d'un sortilège de transfert. Ah, une autre malédiction est en cours... La Faucheuse, du relire plusieurs fois sa tablette avant de comprendre. Quelle collègue s'était emmêlée les pinceaux? On ne pouvait pas donner de malédictions quand un sortilège était en cours... Encore une débutante qui a fait une erreur... Ah ces apprenties faucheuses, pas une pour rattraper l'autre...
La Faucheuse prit donc la décision de transférer la malédiction de la veuve noire à la seule personne présente sous le nom de ma mère. Vous l'aurez compris : moi !!

On informa ma grand-mère du décès de sa fille. Elle pouvait aller récupérer l'urne dans la salle d'accouchement, signer les papiers la déclarant tutrice légale de sa petite fille qui n'avait toujours pas de prénom d'ailleurs... Ma mamie se rappela alors soudainement que les fleurs préférées d'Adèle avaient toujours été les Lys. Elle me prénomma ainsi en l'hommage de ma mère.

Une fois rentrée à la maison, elle m'installa dans le berceau bleu qui était prévu pour moi, qu'elle déménagea dans sa propre chambre. Elle me câlina.

Me nourrit. Me chanta une douce berceuse afin de m'apaiser. Bah oui, j'suis un peu agitée... J'viens d'me prendre une malédiction dans la tronche et j'viens d'perdre ma mère, ça secoue j'vous l'dit !!

En attendant que mon papi rentre de la pêche, elle installa ma mère dans sa dernière demeure. Comment allait-elle lui annoncer tous ces tragiques événements? Son pauvre cœur allait lâcher, le sien était déjà au bord du gouffre...

Chapitre beaucoup plus court que d'habitude, désolée, manque de temps pour jouer la semaine dernière... J'essaierai de vous poster un autre petit bout dans la semaine :wink:
Bonne semaine à tous