[HP - Terminé] ** Les mercenaires de l'impossible **
L'histoire d'Amaël et de ses sept mercenaires est une histoire que j'ai créée pour faire honneur au superbe challenge "Hôpital Psychiatrique" conçu par @oiseaudelune , qui a également conçu elle-même le décor dans lequel se déroule les évènements.
Merci Oiseau de Lune pour ce super défi ! Après avoir lu les les règles du challenge, j'ai craqué et je n’ai pas longtemps résisté longtemps à en faire une histoire ! 🙂
Les trois grandes règles de ce challenge sont :
1- Survivre dans l’hôpital Psychiatrique 2- Contrôler un seul sim par jour 3- Débloquer des pièces
Voilà donc mes huit sims prêts à s’enfermer dans l’hôpital à leurs risques et périls, et pour autant de temps qu’il le faudra, afin d’assainir l’établissement de sa malédiction. (franchement, autant de traits de terrain néfastes pour un seul endroit, c’est vraiment pas de chance ! 😆 )
Voici une petite présentation, sous spoiler et en images, de ma petite équipe de choc qui va aider Monsieur le Maire de Forgotten Hollow (alias Amaël Lebihan) à débarrasser l'hôpital psychiatrique de ses mauvais esprits. Je les ai appelés "Les mercenaires de l'impossible".
C'est vrai que ces extra-terrestres auraient quand même pu lui passer une couverture, à cette pauvre Opaline 😂
J'ai cru que l'incendie provoqué par Audric n'allait jamais s'arrêter. Et pendant ce temps, le jeu était bloqué. Impossible de faire quoi que ce soit, à par attendre...
Alors non, pas de romance entre Guidry et Odely, mais un amour fou entre Odely et Ancelin, auquel Tempérance, dans sa jalousie, a décidé de mettre fin. A voir comment tout cela va s'arranger 😊
RIP Yoram. Ces Vénusiens sont impitoyable. Le feu et la glace pour le coup avec Opaline. Manquerait plus qu'ils ne puissent pas s'approcher l'un de l'autre. 🤭
Je savais qu'ils cachaient autre chose. Pauvre Odeli et Ancelin, l'éternité peut être un calvaire des fois. Mais bon, il y a de l'espoir vu que son amour n'est pas détruite, il va falloir le reprendre à Tempérence.
Sinon l'histoire de ce dernier est très intéressant ainsi que les mercenaires surtout la connexion entre les vampires et Tempérance. Je me demande si Odely pourrait être l'ancienne conquête de Guidry. Ou/et la voix d'outre-tombe pourrait être ce dernier. 🧐
Nous avions passé, une superbe journée, Odely et moi, seuls, en tête à tête. Nos retrouvailles avaient été d’autant plus appréciables que les autres nous avaient laissé tranquilles, et que plus aucune malédiction ne planait sur notre tête. Sans les pouvoirs de l’Enfer, ceux de Tempérance étaient considérablement amoindris.
En début de soirée, nous nous réunîmes tous, dans la cuisine. Odely m’avait parlé du journal de Susumu, celui que j’avais caché derrière les toilettes du rez-de-chaussée, et nous en étions arrivés à conclusion que tout le monde devait en connaître le contenu. Odely avait donc invoqué Guidry, qui était venu accompagné de la squelettique Hilda. Ils avaient, semble-t-il, quelque secret à nous révéler.
Avant de commencer, je tins à exprimer mes regrets à Guidry, pour ce que nous allions dire, mais il était concerné par notre découverte. Le fantôme et moi-même n’étions pas en très bons termes depuis que nous nous étions battus mais, avec mon hibernation, l’eau avait coulé sous les ponts, et nous pouvions converser, à présent, entre gens civilisés. - Dites ce que vous avez à dire, dit-il. Je crois deviner de quoi il s’agit.
Odely prit donc la parole : - Guidry, je suis navrée mais nous avons découvert le journal de Susumu et, dans la page de couverture, il y avait la liste des noms de tous les responsables des tortures qui ont été infligées ici, à l’époque où il était interné. Et votre arrière-petit-fils en était l’instigateur.
Il y eut un long silence dans la pièce, avant que Guidry ne réponde. - Malheureusement... je suis au courant. C’est notre petit-fils qui l’a entraîné là-dedans, et Adrian avait l’air d’adorer ça, autant que son père. - Comment ça « votre » ? lui demanda Odely. - Adrian est notre arrière-petit-fils, à Hilda, et à moi.
Deuxième silence... Cette fois, c’est Hilda qui prit la parole, après nous avoir laissé nous remettre de cette nouvelle inattendue : - Je vais commencer depuis le début. Tempérance et moi sommes des sœurs. C’est moi qui lui ai présenté Claude-René. Nous sortions ensemble, à l’époque. J’étais très amoureuse de lui, et je voulais le lui présenter. J’ai été bien naïve. Tempérance a eu le coup de foudre pour mon doux ami, et elle a tout fait pour me le prendre. Et Claude-René, en coquin qu’il était, s’est laissé séduire et a gentiment mis un terme à notre relation.
- Mais vous étiez enceinte de lui, n’est-ce pas ? lui demanda Amaël - Oui, reprit Guidry. Hilda est venue me trouver deux ou trois mois après notre rupture, pour m’annoncer sa grossesse. J’étais tellement heureux d’entendre ça. Cela faisait des mois que j’étais englué dans une histoire dont je n’arrivais pas à me dépêtrer. Tempérance était une vraie sangsue. Elle était méchante et grossière. Tout le contraire de Hilda, qui était si douce et bienveillante.
- Claude-René est allé la voir pour rompre ses fiançailles, continua Hilda. Elle sembla avoir bien pris la nouvelle, et lui proposa une nuit d’adieu. Bien sûr, il a une nouvelle fois succombé à ses charmes, mon René ! Il ne sait pas résister aux femmes. Seulement, cette fois, cela lui aura été fatal. Le manoir a pris feu. Tempérance a brûlé vive, et mon amour est mort asphyxié. Le ton du squelette était neutre. Il n’y avait aucune rancune, ni aucun reproche dans sa voix douce. Elle relatait les faits, simplement, d’un passé très lointain. - Quelle tragédie... lui dit Odely. Vous avez donc élevé votre enfant toute seule ?
- Jusqu’à l’âge de ses quatre ans, oui. Ensuite, Tempérance a trouvé un moyen de sortir de l’Enfer, et m’a retrouvée. Elle a jeté sur moi, une malédiction qui m’a transformée en squelette. J’ai déposé ma fille devant la porte de mes employeurs. Ils n’arrivaient pas à avoir d’enfants, et je savais qu’ils s’occuperaient bien d’elle. Ça a été le cas. Ensuite, je me suis enfuie, et je me suis cachée. Je faisais peur à tout le monde. C’est Aurora qui m’a trouvée, et qui m’a conduite à Purgo. Je suis bien là-bas. J’aide les âmes en perdition. C’est aussi là que j’ai retrouvé Claude-René. Oh, bien sûr, nous ne sommes plus amoureux, mais nous tenons l’un à l’autre, et nous avons partagé la même peine lorsque nous avons assisté aux méfaits de notre descendance. - Savez-vous ce qui a pu pousser Adrian à commettre de tels actes sur ses semblables ? Qu’elles ont été ses motivations ?
- Hilda avait écrit un journal, après mon décès. Le père d’Adrian l’a trouvé. Hilda mentionnait le manoir de Tempérance, et son immense fortune. Nous ne savons pas comment il a pu interpréter ses écrits, mais il était persuadé que les trésors de Tempérance n’avaient pas brûlé, et qu’ils étaient forcément quelque part, à l’emplacement de son ancien manoir. C’était complètement illogique.
- Il avait entendu dire que les « fous » pouvaient voir et entendre les fantômes. Il s’était donc imaginé qu’ils lui diraient ce qu’il voulait savoir. Sauf que les pauvres bougres ne savaient rien du tout. Alors, ils les torturaient pour qu’ils lâchent le morceau, mais sans plus de succès. Adrian a été pire que son père car lui, avec ses méthodes, a rendu fous de pauvres hommes qui ne l’étaient pas en arrivant dans son établissement.
- C’est donc pour ça qu’il nous a fait venir à l’hôpital la première fois ? Il voulait trouver un trésor ?
- Quel manipulateur ! s’exclama Amaël. Lorsque je l’ai rencontré, il m’a dit qu’il voulait sauver l’âme de Guidry. J’ai même eu pitié de ce vieil homme.
Nous finîmes la discussion avec l’explication d’Audric sur le plan qu’il avait mis au point, avec Doreen, pour vaincre Tempérance. Je le trouvais diaboliquement astucieux. Nos amis sorciers avaient, décidément, une imagination défiant celles des plus grands maîtres vampires. Pour mettre au point ce plan, il fallait tout d’abord, trouver Tempérance. Nous formâmes donc des équipes de deux, afin de quadriller tout l’hôpital.
J’avais fait équipe avec Odely. Elle était, comme moi, très emballée à la perspective du sort que nous réservions à Tempérance, mais notre ennemie jurée n’avait pas l’air de vouloir se montrer.
C’est en arrivant au dernier étage, que nous la trouvâmes, en pleine contemplation d’un portrait de Guidry. - Bonsoir, Tempérance.
La furie se retourna et attaqua verbalement, Odely. Mon épouse, comme à son habitude, ne se laissa pas faire mais, cette fois, je ne m’interposai pas pour la calmer. Le passif entre les deux femmes était si colossal, qu’elles devaient régler leurs comptes, et Tempérance ne pouvait plus lancer de malédiction.
Odely avait fait sortir le fantôme, de ses gonds. Tempérance se mit à pousser des cris tellement gutturaux, que tout l’hôpital avait dû l’entendre. Tant mieux. Doreen et Audric sauraient, ainsi, que nous l’avions trouvée.
- Tu crois que tu me fais peur, sale ectoplasme ! la houspilla Odely. Tes heures sont comptées, alors arrête de faire la maline. On t’a réservé une surprise spéciale Tempête Rouge, tu vas voir, ça va te plaire. Je ne sais pas à quoi jouait mon épouse, mais elle avait l’air de bien s’amuser. Au moins, elle gagnait du temps jusqu’à ce que les deux sorciers arrivent.
Tempérance redescendit à notre niveau et se tint les tempes. Elle semblait avoir mal à la tête, ce qui était fantasmatiquement impossible. J’aurais presque pu avoir pitié d’elle, si je n’avais pas perdu, il y a bien longtemps, toutes mes émotions. Je ne parlais pas de l’amour que j’avais pour Odely, bien évidemment. Elle balbutia quelques excuses maladroites à l’attention d’Odely. Mon intuition de vampire était en alerte. Tempérance ne s’excusait jamais. Je sentis, qu’Odely aussi, était sur ses gardes.
Tempérance la poussa brutalement. Il était grand temps que les sorciers arrivent pour que nous mettions un terme à l’existence maudite de cette créature.
Le fantôme se jeta sur mon épouse. - Je vais te régler ton compte, Vampirette ! - Tu peux toujours essayer, je suis immortelle, rappelle-toi !
Je ne me demandai même pas qui allait sortir vainqueur de ce combat. Tempérance n’avait aucune chance face à Odely. - Tu ne peux même pas t’imaginer combien ça soulage, mon amour, me lança-t-elle. Oh si... Elle attendait ça depuis si longtemps.
La furie fut battue à plates coutures, et sans honneur, par ma femme. Je n’en attendais pas moins d’elle.
Elle plaqua son ennemie au sol et la maintint fermement. Tempérance se débattait furieusement. - Il est hors de question que tu t’échappes. Mes amis vont bientôt arriver. Alors soit, tu te calmes, soit je t’achève.
Tempérance s’était calmée. Elle n’était plus en position de force. Odely l’avait maintenue en respect, jusqu’à ce que Doreen et Audric arrivent. Guidry venait, lui aussi, de faire son apparition dans le vestibule, et il paraissait se délecter de la situation. - Que s’est-il passé ? demanda Doreen. - Juste un petit combat à l’amiable, lui répondis-je. - Il faudrait qu’elle se lève, maintenant.
Elle ne pouvait plus aller bien loin, de toute façon. Nous lui avions barré toutes les issues. Je lançai un regard à Doreen, et elle me fit un signe de tête. Audric et elle étaient prêts pour la suite des représailles.
Doreen s’approcha d’elle pour la première partie du plan. - Eloigne-toi de moi, sorcière ! Elle récita quelques incantations, puis le miracle attendu se produisit...
Tout avait fonctionné comme prévu. Pour que le plan élaboré par Doreen et Audric fut un succès, il fallait que Tempérance reprenne apparence humaine. La première étape était donc une belle réussite. - Oh, mais que vois-je donc ? se réjouissait Guidry. Une Tempérance en chair et en os ! - Tais-toi donc, minable !
Audric allait pouvoir passer à la suite. La Tempête rouge semblait inquiète, et Guidry s’était avancé vers elle. - Pas de regret ? lui demanda Doreen. - Non, aucun. Je voulais la regarder une dernière fois. Tout son être transpire la méchanceté et la malveillance. Je n’ai de regret que pour tout le mal qui est ressorti de mon histoire avec cette femme, beaucoup de regrets. - Fichez-moi la paix ! invectiva Tempérance. Vous ne savez pas de quoi je suis capable !
- Nous le savons très bien, lui répondit Audric. Et c’est pour cette raison que je vais vous mettre hors d’état de nuire. Ses paroles furent suivies de ses actes. Il lança un puissant sort en utilisant un seul mot : « transformer ».
Nous eûmes tous très peur, enfin surtout mes amis, car il faut vous rappeler que je n’ai aucun sentiment de ce genre. A l’œil nu, le sort paraissait avoir touché Odely et Guidry. J’espérais sincèrement qu’Audric avait visé juste, car je constatai qu’Odely était toute bizarre. Le but n’était pas de la transformer, ni de transformer le fantôme enjôleur.
Le cercle qui était apparu, sembla se refermer sur Tempérance uniquement, mais je n’arrivais pas à être rassuré. Je n’avais jamais vu mon épouse avec un tel regard. Elle semblait complètement ailleurs.
Le sortilège finit par prendre fin. Audric avait emprisonné l’âme malveillante de la Furie dans une armure de chevalier. C’était vraiment impressionnant. Odely avait l’air d’aller mieux, et me regardait, avec un petit sourire en coin : - Avoue que tu as eu peur ! Je l’ai ressenti. - Tu as dû te tromper. Forcément, c’était la seule explication.
La dernière étape du processus d’anéantissement de la Tempête rouge allait pouvoir avoir lieu. Guidry avait disparu. Peut-être était-il plus sensible que ce qu’il voulait nous laisser croire...
Doreen lança le dernier sort en direction de l’armure. Je me sentis, comment dire... euphorique.
Elle atteignit son but du premier coup.
La statue commença à prendre feu, et le feu, pour Odely et moi, était un signal de danger.
Nous préférâmes nous éloigner, avant que les flammes ne prennent plus d’ampleur.
Les deux sorciers restaient en contemplation devant l’œuvre de Doreen, et voulaient s’assurer que l’armure brûlerait définitivement.
Guidry fit alors son apparition, un extincteur à la main, décrétant que ça avait assez brûlé comme ça.
Deux petits tas de cendres s’étaient formés sur le sol, attestant de la réussite du plan. Le beau portrait de Claude-René Duplantier avait été, lui aussi, perdu dans la bataille.
Des gonds grincèrent. - Cette fois, c’est fini. Vous l’avez anéantie complètement, nous dit Guidry. Cette dernière porte ne devait s’ouvrir que lorsque Tempérance aurait été mise définitivement hors d’état de nuire. Bravo à toute votre équipe. Je crois que nous avions du mal à réaliser ce qu’il se passait.
Nous sommes ensuite descendus pour prévenir les autres. Le jour allait bientôt se lever.
Hilda en profita pour nous saluer. Elle s’en retournait vers Purgo où elle avait encore beaucoup de travail pour tout remettre en ordre. Nous ne la revîmes jamais.
Alors que nous nous étions assis, et que nous discutions des derniers évènements de la nuit, il se passa quelque chose de très étrange avec Guidry.
Le fantôme avait pris visage humain, sous nos yeux, et continuait à converser, comme si de rien n’était. Je savais qu'Audric et Doreen n'y étaient pour rien, cette fois.
Je ne pus m’empêcher de le lui dire : - Guidry, n’avez-vous pas remarqué que vous n’êtes plus un fantôme ?
- Oh ça... Oui, c’est un coup d’Aurora. Elle m’avait promis de me rendre ma vie, à la mort de Tempérance, pour me remercier de l’aide que je lui ai souvent apportée, dans l’au-delà. C’est une déesse extraordinaire. Je vais pouvoir repartir à zéro, et je ne ferai pas les mêmes erreurs, cette fois. Et vous, mon cher Ancelin ? N’avez-vous pas senti quelques changements en vous, pendant que Tempérance se mourait ?
- C’est possible, oui. Il m’a semblé ressentir de l’euphorie, et aussi de la peur pour Odely, mais je ne l’avais pas identifié comme telle.
- J’en étais sûre ! me dit Odely, avec son petit regard malicieux et triomphant. Je savais qu’il s’était passé quelque chose. Tu as retrouvé des émotions.
- C’est aussi un cadeau d’Aurora ! J’espère que cela vous permettra de voir le monde autrement.
Je me tournai vers Fantine et Audric : - Peut-être... Je suis en train de réaliser que je tiens beaucoup à vous, mes amis. - Est-ce que ça veut dire que tu ne demanderas plus jamais à boire mon sang ? ironisa Fantine. - Ne rêve pas, non plus... - Et si nous quittions cet endroit ? lança Audric.
Il était grand temps, en effet, que nous quittions cet hôpital maudit, dans lequel nous avions perdu deux de nos amis. Au moins, nous savions maintenant, que leurs âmes reposaient en paix. Nous allions tous reprendre notre chemin, jusqu’à la prochaine aventure.
Odely et moi avions prévu de renouveler nos vœux, maintenant que la malédiction qui nous avait tenu séparés, était levée. Et nous nous promîmes de ne plus jamais nous éloigner l’un de l’autre. Audric et Doreen repartaient pour le monde magique, où ils étaient professeurs dans une école très réputée. Doreen y enseignait les sorts, et Audric, les potions. Guidry avait prévu de parcourir le monde pour se familiariser avec ses nouvelles technologies, et se faire de nouveaux amis. Il voulait garder le contact avec nous, et faire partie de l’équipe pour nos prochaines missions. Nous étions tous ravis de l’accueillir. Quant à Amaël, il allait prévenir les autorités de l’implication d’Adrian Duplantier dans les tortures commises à l’hôpital. Adrian sera arrêté et écopera d’une peine de prison à vie. Amaël vit toujours à Forgotten Hollow avec sa fille Gwen. Il a épousé Fantine, un an après notre aventure. L’hôpital est toujours debout, mais accueille aujourd’hui, des jeunes des quatre coins du monde sim, désireux d’apprendre les métiers de l’hôtellerie. L’hôpital est devenu, grâce à Amaël et Fantine, le lycée hôtelier le plus côté de notre monde. On n’y revit jamais d’apparition spectrale.
Hier soir, en allant me coucher, j’avais refusé à Amaël toute possibilité de débattre pour savoir lequel de nous deux se rendrait au Pandémonium. Je lui avais promis d’en discuter à notre réveil, mais j’avais très mal dormi et, lorsque je me suis levée, il dormait encore. Je pris donc une douche éclair, avalait un petit déjeuner sur le pouce, et décidai d’aller m’occuper au jardin. Après tout, la vie continuait, même pour les héros, et nous avions besoin de nous nourrir, et nos animaux aussi. A peine me retrouvai-je sur le pas de la porte, que j’eus la désagréable surprise de me trouver nez à nez avec un Trident de Vénus.
- Ne t’en fais pas. Les vaisseaux vénusiens ont bien été anéantis. J’imagine que Tempérance veut nous faire peur avec ses vieux cadeaux de leur part. Odely venait d’apparaître au bas de l’escalier, fraîche comme un gardon.
- Je ne suis pas inquiète, tu sais. Je vais shooter cette abomination avec mes vieilles baskets, et il n’y paraîtra plus. J’ai autre chose à faire, tu vois. Il y a des poules, et un jardin, qui m’attendent. - Ça me fait plaisir de te voir ainsi. Tu t’appliques aux tâches quotidiennes alors que tu as une lourde décision à prendre. J’avais pensé te relever des corvées, pour les donner à Doreen. Son sourire était bienveillant mais son regard était tourmenté. Je savais qu’elle se faisait du souci pour moi. Elle s’en faisait pour nous tous.
Je lui souris à mon tour : - Laisse Doreen tranquille. Je suis en paix avec moi-même. J’ai pris ma décision et je vais bien. C’est moi qui descendrai dans cet enfer. Et la seule chose que je veux, à présent, c’est m’occuper du jardin. Je n’avais pas menti. J’étais sereine, peu importe l’issue de cette mission. J’avais eu toute la nuit pour y penser, et personne ne ferait revenir sur la résolution que j’avais prise.
Elle me regarda, ses grands yeux dirigés sur les miens : - Et Amaël ? Il est d’accord avec ça ? Hier soir, c’est lui qui envisageait de partir...
- Laisse-moi gérer Amaël. Il n’est pas encore au courant, mais il acceptera ma décision. C’est à moi de le faire, je le sais. - Fantine... Tu sais que rien ne t’oblige à faire ça. Ni toi, ni Amaël... Je ne vous en voudrai pas, si vous refusiez. - Tu sais très bien qu’il ne s’agit plus uniquement de l’amour qu’Ancelin a perdu pour toi, Odely. Si on ne le ramène pas, c’est notre monde qui va s’écrouler. L’amour d’Ancelin n’a rien à faire au Pandemonium. Aurora nous l’a dit. Elle fait partie des actes malintentionnés dont nous a gratifié Tempérance. L’amour d’Ancelin doit se trouver dans son corps. Si je ne vais pas là-bas, c’est notre monde qui se retrouvera en péril. Nous devons rétablir l’équilibre.
J’avais eu le temps d’y réfléchir, et je savais que je serais plus motivée qu’Amaël pour accomplir cette tâche. Les avenirs du monde, et de l’au-delà, étaient entre nos mains mais, moi, j’avais encore plus à perdre : un ami. Et Ancelin était pour moi un ami de longue date. - D’accord ! finit par lâcher Odely, à court d’arguments. Je n’irai pas contre ta volonté. De mon côté, je vais voir où en est Audric avec son sort, et sa potion.
Après le départ d’Odely, je fis valdinguer le trident en mille morceaux, avant de nourrir les poules et les insectes. Toutes ces activités me firent le plus grand bien. J’étais concentrée dessus et je ne pensai à rien d’autre.
Mais, les soins que j’administrai aux plantes, furent encore plus bénéfiques pour mon esprit. Arrosage, désherbage, cueillette... cette occupation était si prenante qu’elle me lavait de toutes les contrariétés qui auraient pu infester mes pensées.
J’étais en train de nourrir les poules lorsqu’Amaël m’appela. Il se tenait, la chemise ouverte, derrière les grilles du poulailler. Je l’avais presque oublié, mais la discussion que nous devions avoir semblait se rappeler à moi, inévitable. Je finis de lancer le grain aux poules, avant de m’avancer vers lui.
- Il serait temps que nous parlions, tu ne crois pas ? J’osai à peine le regarder mais, oui, il avait raison, nous devions parler.
J’acceptai alors, de m’asseoir près de lui, sachant très bien comment finirait cette discussion, mais je lui devais bien d’exposer ses propres arguments. - Je tiens à descendre là-bas, Fantine, j’y tiens absolument. Je récupère l’âme d’Ancelin, et je serai de retour auprès de toi en très peu de temps. Les arguments... Je n’arrivais pas à les déterminer. Seul le regard assuré d’Amaël aurait pu, en d’autres temps, me convaincre. - Vraiment ? Et pourquoi ce serait toi qui devrais t’y rendre ? En quoi es-tu plus légitime que moi pour cette mission sui-c-ide ?
- Je suis plus vieux que toi, Fantine. Si les choses devaient mal se passer, je préfère être celui qui y restera. Tu as encore toute la vie devant toi, tu es jeune. Moi, j’ai déjà vécu une vie. Je me suis marié, j’ai eu un enfant... Alors, c’était ça son argument ? Mais comment pouvait-il se tromper autant ?
- Tu parles de ta fille ? De Gwen ? Tu lui avais promis de revenir dans deux jours... Voilà douze jours que nous sommes coincés ici. Elle a déjà dû retourner chez sa mère. Elle ne compte pas pour toi ? Moi, je n’ai rien à perdre. Tous mes amis étaient ici, et j’en ai perdu deux. Alors, si je dois sauver le monde, et ramener, en prime, l’âme d’Ancelin, je le ferai. Parce que tous ces gens comptent pour moi.
J’avais espéré toucher une corde sensible chez lui, mais il ne s’arrêta pas à mon discours, que j’avais estimé convaincant : - Tu oublies une chose, Fantine. Je t’aime. Je t’aime à la folie, et ne voudrais pas qu’il t’arrive quelque chose. Je ne m’en remettrai pas. Et puis, Audric est là. Il me ramènera des Enfers. Je lui fais confiance.
La sincérité d’Amaël me toucha, sa spontanéité à me dire « je t’aime », naturellement, comme ça... Mes sentiments envers lui étaient tout aussi forts. Nous n’avions jamais parlé d’amour et, pourtant, je l’aimais de tout mon cœur, mon cœur qui avait vacillé à l’instant où il avait prononcé ces deux petits mots, mais, à ce moment-là, je me devais d’aller dans une autre direction : - Amaël... On se connait depuis moins de deux semaines... On a passé de bons moments ensemble, je suis d’accord, mais... l’amour... Je ne ressens pas ça pour toi. On s’est retrouvé coincés ici, tous les deux, et tu as été un super plan « crac-crac ». N’en parlons plus. C’est moi qui vais descendre jusqu’au Pandémonium. Et puis, n’oublie pas, le diamant bleu est à moi. Je le garderai à mon cou, quoiqu’il arrive.
Il m’avait regardée, l’air contrit, et m’avait laissée, libre de mon choix, sur de simples mots. Sa gorge nouée avait réussi à s’exprimer mais, je pouvais deviner, au timbre de sa voix, que je venais de détruire tout ce qui avait pu se construire entre nous deux : - Fais ce que tu veux, tu as raison. Ce n’est pas une aventure de deux semaines qui va nous dicter notre conduite. Et puis, j’ai une fille qui m’attend. Sa voix tremblait encore lorsqu’il me salua avant de partir. J’étais tellement triste.
Je m’éloignai, alors, de l’enceinte de l’hôpital pour pouvoir pleurer tranquillement, loin des regards inquiets de mes amis, lorsqu’Aurora apparut devant moi, magnifique dans sa robe de déesse. - Ne pleurez- pas... - Je n’ai même pas commencé. - Mais vous alliez le faire. Ne vous en faites pas ainsi, et croyez en l’amour. Amaël finira par comprendre. Vous avez pris la bonne décision.
- Vous savez déjà que c’est moi qui vais descendre, là-bas ? - J’entends les pensées et je ressens les émotions. Pour tout vous dire, j’espérais que ce soit vous qui vous rendiez au Pandémonium. Le diamant bleu est à vous. Ce sera beaucoup plus facile. Il faut que nous parlions, maintenant.
- J’imagine que vous allez m’expliquer comment je vais devoir procéder... - Oui, mais n’ayez aucune crainte. Le diamant vous protègera durant toute la durée de votre passage à Inferno. Le mal y sera omniprésent, et le talisman vous permettra de conserver votre pureté d’âme. - Super ! Me voilà rassurée.
La déesse poursuivit son discours, sans même relever ma dernière phrase. Elle m’expliqua qu’elle allait ouvrir un portail qui me conduirait directement dans la salle où Tempérance avait entreposé l’amour d’Ancelin. L’âme était dans une boîte marquée d’une tête de mort. Il me suffisait d’ouvrir la boîte, de prendre l’âme, de déposer l’idole d’Audric sur l’autel, et de repartir en sens inverse. Voilà, dis comme ça, c’était une mission super facile ! Sauf qu’il fallait que je meure pour la réussir. - Hein ? Mais quelle idole d’Audric ?! réalisai-je soudain. Personne n’avait jamais parlé d’une idole...
- Audric a trouvé une idole, quelques jours après votre arrivée dans l’hôpital. Il la garde dans ses affaires. Cette idole va permettre d’expulser Tempérance des Enfers, et de refermer toutes les brèches. Grâce à elle, nous pourrons enfin reconstruire le monde de l’Au-delà.
- Je sens que je m’apprête à vivre une vraie partie de plaisir ! - Ne vous en faites pas. Tout cela a l’air compliqué, mais ça ne durera que quelques minutes.
Elle me regarda alors, d’un regard bienveillant. - Et je ne serai pas loin. Je vous accompagne. Par contre, au cas où nous croiserions quelqu’un sur notre route, je préfèrerais que le médaillon reste dans votre poche. Il ne faudrait surtout pas qu’on vous l’arrache. C’était la meilleure nouvelle du jour ! Aurora allait venir avec moi. J’en aurais presque hurler de joie, tellement je me sens moins seule, tout d’un coup.
Aurora avait réuni tout le monde, dans l’après-midi, car le timing devait être parfait pour que l’entreprise réussisse, et que tout le monde se sorte sain et sauf de cette aventure à haut risque. Doreen avait, finalement, accepté de se joindre à Audric pour l’aider à consolider le sort qui allait me ramener. Il faut dire qu’Audric, son truc à lui, c’étaient d’abord les potions, pas les sorts.
Notre ami sorcier nous avoua avoir dissimulé l’idole, peu de temps avant d’avoir mis le feu aux ordures de l’hôpital. Il nous dit qu’il pensait la statuette bienveillante, mais qu’il avait décelé une aura destructrice émanant d’elle, et il avait préféré la mettre à l’écart, afin que personne ne soit blessé. - Cette idole ne vous aurait rien fait, affirma Aurora. Elle est destinée à détruire les portes de l’enfer, pour que plus rien n’en sorte. C’est certainement cela que vous avez ressenti. Audric promit de nous remettre très vite l’idole, pour que nous puissions l’utiliser.
Aurora briefa tout le monde sur ce qui m’attendait en enfer, puis Doreen et Audric nous détaillèrent, point par point, l’ordre à suivre pour me ramener à la vie.
- Vous aurez six minutes pour récupérer l’âme d’Ancelin, et revenir. Six minutes, pas une de plus, sinon, nous ne pourrons pas ramener Fantine.
Ouah, la pression, tout d’un coup... Six minutes ? Mon moral avait pris une grosse claque... Odely, qui n’avait pas encore parlé, jugea le moment opportun pour le faire : - Comment ça, six minutes ? Vous n’avez pas mieux à proposer ? Vous êtes des sorciers, non ? - C’est le temps maximum pour que le sort soit stable, et qu’on ne passe pas du côté obscur de la magie. Doreen a raison, ce serait très risqué, et le remède pourrait être bien pire que le mal. Aurora appuya les dires d’Audric : - On ne peut pas avoir recours à la magie noire pour faire le bien, surtout en Enfer. Cela se retournerait contre nous. Six minutes seront largement suffisante pour ramener Fantine. - De toute façon, j’irai là-bas. Peu importe que j’ai six minutes ou une heure, leur dis-je pour mettre un terme à la polémique.
Amaël me regardait et je pouvais lire beaucoup d’inquiétude, dans ses yeux. Je le regardai alors, à mon tour, essayant de lui faire mon plus beau sourire : - Et puis, je dois sauver le monde, il ne faudrait pas l’oublier ! J’entendis la voix grave d’Audric : - Fantine, nous allons juste arrêter ton cœur, et le faire repartir, comme si nous étions des médecins... enfin presque... - Ok, ça me va.
Le soir venu, Aurora, aidée d’Audric et de Doreen, s’apprêtait à ouvrir un portail vers le Pandemonium, et plus précisément, vers la salle où je retrouverais l’âme d’Ancelin. Les voir ainsi unir leur pouvoirs, étaient très impressionnant. La déesse avait fait jaillir de la paume de ses mains, des flammes. Sûrement un avant-goût de l’Enfer.
Je ne sais pas pourquoi elle poussait d’étranges cris, mais je crois que c’était nécessaire pour le sort... Doreen et Audric, eux, étaient là pour stabiliser le portail, pendant qu’Aurora y jetterait son localisateur. Oui, c’est ainsi qu’elle appelait le feu qu’elle tenait dans sa main.
Tout à coup, Doreen se mit à crier : - Je le sens, il est bientôt là ! Préparez-vous, Aurora ! - Je le sens aussi. Je suis prête.
Aurora envoya le localisateur, sur je ne sais quel point invisible, connu d’elle seule, puis il disparut, laissant la place à un vortex enflammé. Bon sang ! Je ne m’attendais pas à ça du tout. - Ce sont les flammes de l’Enfer. On l’a ouvert au bon endroit, s’extasia la déesse. Amaël, lui, n’eut pas du tout la même réaction enthousiaste : - Je peux encore y aller à ta place, tu sais. - Oui, je le sais, mais je veux y aller.
J’ôtai mon collier, et mis le diamant bleu, en sécurité dans la poche de ma jupe, comme me l’avait recommandé Aurora. Le moment était arrivé. Mes amis allaient arrêté mon cœur. J’espérais vraiment que leur magie serait aussi efficace qu’un défibrillateur, lorsqu’il s’agirait de me ramener à la vie...
Mais j’avais confiance, et je m’avançai vers eux d’un pas assuré. Ils me ramèneraient, je le savais. Je les avais déjà vu travailler ensemble, et, à tous les deux, ils pouvaient faire des miracles. Je serai le prochain de leur liste, voilà tout. - Vous êtes prête ? me demanda Aurora.
Je n’étais pas prête du tout. J’avais une trouille bleue et le ventre qui tournait, mais personne ne voulait entendre ça... sauf peut-être Odely. - Oui, je suis prête. Faites votre magie, qu’on en finisse. Et rappelez-vous que vous m’avez fait une promesse. - On la tiendra.
Tout se passa très vite. Doreen et Audric se sont tenus la main, et on simplement jeté le sort, grâce à une formule magique de leur cru. Je sentis, presqu’immédiatement, mes jambes se dérober sous moi. Je me sentais bien, ma peur avait disparu. Je me suis vu tomber sur le sol et, une fois à terre, je fermai les yeux.
Lorsque je revins à moi, j’avais l’impression de flotter. Mes pieds ne touchaient plus le sol, c’était très marrant. J’entendis la voix d’Audric, juste derrière moi : - Ça a marché.
Je m’étais assise une seconde, pour me remettre de mes émotions, mais tous mes amis avaient rappliqué autour de moi, et Aurora me pressait de la suivre. - Nous n’avons que six minutes, Fantine. Vous vous reposerez plus tard. Amaël et Odely approuvaient la déesse. C’est dommage... C’est très sympa d’être un fantôme. J’aurais aimé avoir plus que six minutes pour pouvoir en profiter. Vous changez de couleur au gré de votre humeur. Je suis passée du violet au rose, en une fraction de seconde, et je crois que c’est à cause d’Amaël. C’est assez cool comme sensation.
Mais Aurora ne semblait pas vouloir attendre davantage, alors, je la suivis. - Vous vous rappelez tout ce que je vous ai dit, Fantine ? - Oui, pas de soucis ! - Très bien, parce que nous n’aurons pas une minute à perdre lorsque nous serons « en bas ». Avec vos enfantillages, il ne nous reste que cinq minutes. Je crois qu’elle n’était pas très contente la déesse... - Vous passez la première. Je ne serai pas loin derrière vous. Ah bon ? Ok, de toute façon, je n’ai pas peur. Ma nouvelle condition de fantôme me rend vraiment courageuse, mais j’aurais pu parier qu’elle ne m’avait jamais dit que je passerai la première... J’avançai vers le trou noir et franchit le portail
Lorsque j’arrivai à Inferno, je fus tout de suite mise dans l’ambiance. Si je n’avais pas été un fantôme, je crois que mes chairs auraient brûlé sur place, tant la chaleur était intense. Bizarrement, je n’étais pas incommodée par cette chaleur, ni par l'odeur de souffre qui enveloppait la salle. J’étais juste bien. Peut-être était-ce parce que je savais que je ramènerais son amour, à Odely, ou alors, que je sauverais tous les mondes, qu’ils soient terrestres, ou de l’Au-delà.
Comme promis, Aurora avait ouvert le portail, directement sur la pièce où se trouvait l’âme d’Ancelin. Je reconnus immédiatement la boîte, telle qu’elle me l’avait décrite.
J’allais juste m’en saisir pour l’ouvrir, lorsque je sentis un souffle derrière moi. Guidry venait de faire son apparition.
- Qu’est-ce que tu fais là ? Tu devrais hanter l’hôpital, à l’heure qu’il est, pas les Enfers. - C’est Aurora qui m’envoie pour t’aider. Elle est allée s’assurer que Tempérance avait bien quitté Inferno, et je suis venu te prévenir que ses sbires arrivent. Ils feront tout pour t’empêcher d’emmener le bout d’amour avec toi, et je ne pourrai rien faire pour t’aider. Pas même elle. Nous nous devons d’être neutres.
- Ouais, ben j’allais ouvrir la boîte quand tu es arrivé, figure-toi. Tu me retardes. - On ne peut pas ouvrir cette boîte. Elle est scellée. Si tu veux récupérer l’âme qui y est enfermée, comporte-toi comme un fantôme. - Comme un fantôme ? - Tu m’as déjà vu faire, non ?
C’est vrai... Je pris quelques secondes encore pour m’en rappeler, mais j’avais vu Guidry, à plusieurs reprises, posséder des objets. Je crois que c’est ce dont il parlait quand il disait que je devais me comporter comme un fantôme. Je fonçai sur la boîte et me retrouvai à l’intérieur, en très peu de temps. Le bout d’amour d’Ancelin était là, si beau et si lumineux. Alors, c’est ça, l’amour, lorsqu’on peut le matérialiser ? Et il ne s’agissait là que d’un tout petit bout, le seul qui restait à Ancelin... J’étais complètement éblouie. Je me demandai, alors, à quoi pouvait ressembler l’amour dans son entier. De là où j’étais, je pouvais entendre Guidry : - Il faut sortir de là, tu n’as plus beaucoup de temps. - Ok, ok, j’arrive !
Je lui montrai fièrement mon trophée : - Tu as vu ce que j’ai trouvé ! - L’amour d’Ancelin... Guidry resta bouche bée, un instant. Il savait ce que j’allais trouvé, bien sûr, mais autre chose l’avait surpris : - Je ne m’attendais pas à ça... Son amour est vraiment pur. Je n’avais jamais rien vu de tel... Et dire que j’ai provoqué ce vampire pour qu’il me haïsse.
Aurora fit une apparition soudaine entre nous deux. - Claude-René vous l’a dit. Il est temps de partir. - Oui, j’avais compris.
- Je ne suis pas sûre. Il ne vous reste que quarante-cinq secondes. Ensuite, vous mourrez. Son regard était perçant, il ne plaisantait pas. Alors, dis comme ça, je n’avais pas intérêt à m’endormir, si je voulais récupérer mon corps, et ma vie. De toute façon, j’avais assez traîné dans cet enfer.
Guidry se dirigea le premier vers le portail. Nous commençâmes à lui emboîter le pas, mais Aurora se tourna vers moi : - Passez devant, Fantine. Je veux m’assurer que vous rentrerez saine et sauve auprès des vôtres.
- Je n’avais pas l’intention de m’éterniser, vous pouvez me croire ! On emmène Guidry, alors ? - Guidry n’est pas destiné aux Enfers. Et j’ai d’autres projets pour lui.
Lorsque j’arrivai de l’autre côté du vortex, je sentis mes forces m’abandonner. Tout fantôme que j’étais, ma vie semblait me quitter... Pourtant, je pouvais deviner la présence d’Amaël. Elle s’insinuait au plus profond de moi, tandis que le sommeil m’appelait, de plus en plus puissant.
Lorsque je me réveillai, j’étais dans les bras d’Amaël, et il me semblait être moi. Le portail avait disparu. J’essayai de parler, de rassurer Amaël, mais je n’y parvenais pas. Je n’arrivais pas, non plus, à garder les yeux ouverts. Je sentais les larmes de mon amant, couler sur mon épaule : - Réveille-toi, Fantine, je t’en prie...
Puis la voix d’Odely... - Pourquoi ne se réveille-t-elle pas ? J’entends son cœur battre. - Il faut lui laisser un peu de temps. C’est tout à fait normal, après un tel sort. Elle doit retrouver ses marques, dans son propre corps.
D’après mes amis, il me fallut une bonne heure pour sortir de mon état léthargique. Amaël me serra longuement dans ses bras, et m’embrassa amoureusement. Notre petite querelle était oubliée.
Notre mission n’était pas, pour autant, terminée. Grâce à l’idole, nous avions refermé toutes les failles qui s’étaient ouvertes depuis l’Enfer. Chacun était donc, à sa place, dans le monde qui était le sien. Les fantômes pourraient donc reposer en paix, sauf Tempérance et Guidry. Tempérance s’était enfuie lorsqu’elle avait senti le vent tourner. Aurora s’en était assurée. Il ne restait plus qu’à trouver dans quel endroit de l’hôpital, elle s’était réfugiée. Quant à Guidry, la déesse avait des projets pour lui, mais nous ignorions lesquels.
- Et si nous allions rendre son âme à Ancelin, maintenant ? proposa-t-elle. Nous attendions tous ce moment, fébrilement. L’âme était à l’abri, à l’intérieur du diamant bleu, dans la poche de ma jupe.
Je remis le pendentif à mon cou. Je devais le garder sur moi, jusqu’à ce qu’il soit transmis à Ancelin. Cette fois, il n’y aurait pas besoin de sorciers pour libérer l’âme, juste le pouvoir d’une déesse. Odely était tendue. Elle savait que c’était sa dernière chance de récupérer son mari, et elle craignait que nos plans ne puissent pas être menés à bien. Après tout, Tempérance était toujours dans la nature...
Nous nous étions rendues, Aurora, Odely et moi, jusqu’à la chambre d’Ancelin. La déesse avait ouvert le cercueil, attaché le pendentif autour du cou de notre ami vampire, puis elle avait apposé ses mains sur sa poitrine, et refermé le cercueil. Nous attendions, toutes les trois, le résultat de cette manipulation magique. Le bout d’amour devait réintégrer le corps de notre ami, grâce à la puissance du diamant bleu, combiné au pouvoir de la déesse.
Le cercueil d’Ancelin s’était rouvert, à peine quelques minutes plus tard.
Il portait toujours mon pendentif autour du cou. - Est-ce que ça a marché ? demandai-je à Aurora. - Bien sûr.
Lorsqu’il ouvrit les yeux, son regard était glacial. Mais il était souvent glacial, même avant la perte de son amour, alors, difficile à dire. Il sortit de sa boîte, et se dirigea tout de suite vers Odely. Ils se regardèrent un long moment, sans dire un mot, puis Odely brisa le silence : - Tu es revenu... Cette fois, j’étais soulagée. S’il y en a une qui pouvait savoir à qui elle avait à faire, c’était bien elle. Et elle avait dit qu’Ancelin était revenu.
Aurora et moi nous étions éclipsées, pour les laisser seuls. Je savais que ces deux-là n’étaient pas adeptes des démonstrations d’affection, en public. Lorsque la porte se referma derrière nous, j’entendis les premières paroles de mon ami, après cette longue période d’hibernation : - Je suis désolé.
Je remerciai Aurora pour tout ce qu’elle avait fait pour nous. Elle me dit que son travail ici, était terminé, et qu’elle allait devoir partir pour remettre de l’ordre dans l’au-delà. Maintenant que chaque monde était à sa place, elle pouvoir œuvrer en sachant que l’équilibre allait être rétabli. Elle me remercia, à son tour, d’avoir pu permettre cet état de chose, grâce à mon courage.
- Il ne vous reste plus qu’à trouver Tempérance, et à la vaincre. Maintenant qu’elle n’a plus accès à l’Enfer, ça risque d’être beaucoup plus facile.
Aurora nous dit au revoir en fin de nuit. Elle nous souhaita bonne chance pour retrouver Tempérance, puis disparut dans un nuage de vapeur. Ancelin me rendit mon pendentif juste après son départ.
La pose de Fantine est de Johanne Bernice Les poses de Odely et Tempérance sont de Natalia Auditore Les CC de feu, ainsi que le portail, sont aussi de Natalie Auditore.
J’avais entendu sa voix alors que j’étais dans un demi-sommeil, bien lové au fond de mon lit. Elle devenait de plus en plus insistante, et je finis par ouvrir un œil, à contre cœur, m’extirpant de mes draps douillets.
Je m’assis au bord du lit et tachai de faire mon plus beau sourire à ma visiteuse matinale, alors que j’étais encore à moitié endormi. - Salut Odely ! Quelle bonne surprise de te voir. Qu’est-ce qui t’amène ? - Tu as dit que tu savais peut-être où se trouvait ce talisman, le diamant bleu...
C’était donc ça ! Elle avait changé d’avis depuis la veille au soir. Je me demandais bien pourquoi. Elle était pourtant déterminée à ne rien entendre. - Alors ? Tu sais où il est ? - Oui. Je pense que c’est Fantine qui l’a.
- Fantine ? - C’est son père qui le lui a offert. Elle ne connait pas les propriétés magiques du diamant bleu, mais c’est elle qui l’a, oui. Je l’ai aperçu à son cou lors de notre soirée déguisée. Il est monté sur un joli collier mais c’est le talisman, ça ne fait aucun doute.
- Très bien, c’est une bonne nouvelle. Tu vas venir avec moi, nous allons lui expliquer la situation et elle nous remettra ce diamant bleu. - J’espère. C’est un bijou de famille. Il a une valeur sentimentale pour elle. - Il contient l’âme de la déesse, alors habille-toi, et suis-moi.
Quand elle voulait quelque chose, Odely ne s’embarrassait jamais de fioritures. Elle resta assise quelques secondes à me regarder puis me lança : - Alors ? Pourquoi tu n’es pas encore habillé ? - Et si tu sortais de ma chambre, avant ?
Quand je dis qu’elle ne s’embarrasse jamais de fioritures... Elle pénétra dans la chambre de nos amis sans même prendre la peine de frapper, mais finalement, ce fut elle qui sembla la plus gênée, alors que je trouvais la situation cocasse.
Evidemment, Amaël et Fantine n’avaient pas le même ressenti que nous et s’extirpèrent très rapidement de leur lit, en prenant soin de se couvrir. Odely s’excusa platement puis demanda à Fantine de nous rejoindre à la cuisine.
Elle avait servi du café et sortit une brioche qu’elle avait elle-même préparé, la veille. Elle me laissa le soin d’exposer à Fantine la raison de notre intrusion dans son intimité. Notre amie écouta attentivement, mais ses yeux s’écarquillèrent davantage à mesure que j’avançais dans mes explications.
- Mon père serait un sorcier ? C’est peu probable, je t’assure. Je ne l’ai jamais vu pratiquer la magie. Tu te trompes forcément de collier.
- Ecoute... Je sais que ça peut te paraître bizarre, mais celui qui a créé ce talisman s’appelait Eliott O’Connor. Et tu t’appelles Connor... Le O s’est peut-être perdu avec le temps, mais je ne pense pas que ce soit une coïncidence. Sa lignée de sorcier a pu s’éteindre si Eliott a épousé une humaine... Fantine avait failli s’étouffer avec sa brioche. - Eliott était le prénom de mon arrière-grand-père...
- C’est une bonne nouvelle, ça, lui répondit Odely. Au moins, nous sommes sûrs de ne pas nous être trompés. - Mais c’est délirant ! J’ai ce bijou depuis toute petite, et je ne savais même pas que je trimballais une déesse avec moi, depuis tout ce temps! Heureusement que je ne me suis pas débarrassée du collier.
- Es-tu d’accord pour nous le remettre ? lui demanda doucement Odely. Tu es consciente qu’il est important que nous libérions la déesse Aurora ? - Oui... Mais cette pierre est très chère à mon cœur. Elle me vient de mon père... Pourriez-vous m’assurer qu’elle ne sera pas détruite lorsque la magie permettra à Aurora d’en sortir ?
- Non, on ne peut pas te garantir une chose pareille. J’avais décidé de ne pas lui mentir. Moi-même j’ignorais si la pierre resterait intacte après la libération de la déesse, la récupération de l’âme d’Ancelin, et la libération de celle-ci. La pierre allait devoir transiter par les Enfers, alors, je n’avais aucune idée de ce qui pourrait lui arriver. J’exprimai donc mes craintes à Fantine, afin qu’elle sache qu’il était du domaine du possible, que le diamant bleu soit détruit. - J’ai bon espoir, quand même, conclus-je, pour que le talisman ait été créé avec un sort puissant. Il doit protéger l’âme des dieux. Je ne l’imagine donc pas se briser à la première contrariété.
Faisant fi de ses inquiétudes, Fantine finit par accepter de nous remettre son précieux diamant bleu, en nous faisant promettre, toutefois, d’en prendre grand soin. Puis elle termina son café et s’en alla le chercher.
Elle revint quelques minutes plus tard, et le déposa devant elle. Odely était impressionnée par la beauté et la pureté de la pierre. - Tu l’as retirée de ton collier ? lui demandai-je. - Ne t’en fais pas. Il s’y réemboîte parfaitement. Et je ne voulais pas prendre le risque de perdre aussi la chaîne.
- Bien, souffla Odely, maintenant que nous avons ce magnifique talisman, il ne nous reste plus qu’à trouver comment faire pour libérer Aurora. Qu’en dis-tu Audric ?
- Ça, j’en fais mon affaire. Je vais me faire aider par Doreen, mais c’est comme si c’était déjà fait.
- J’adore ce genre de réponse ! Bon je te laisse le diamant bleu. Doreen et toi, rejoignez-moi sur le parvis de l’hôpital. Fantine ira mettre les autres au courant de la situation. Et rendez-vous pour tout le monde à quinze heures, au kiosque. J’ai encore des choses à vous dire.
J’avais retrouvé Doreen, au frais, dans sa chambre, en train de faire du point de croix. Elle s’était découvert une passion pour cette activité depuis que nous étions enfermés ici et je dois admettre que ces œuvres étaient de plus en plus jolies. Je lui fis un bref topo au sujet du talisman puis nous rendîmes ensemble devant l’hôpital où Odely nous attendait déjà.
Elle nous parla du plan d’action de Yoram pour détruire les vénusiens. Grâce à des notes qu’il lui avait laissées, elle savait comment faire pour armer l’antenne satellite qui se trouvait sur le toit de l’hôpital, et que notre ami avait achetée chez Juju la semaine dernière. L’antenne pourrait détecter tous les vaisseaux vénusiens à plusieurs années lumières de notre position, et s’orienterait d’elle-même pour tous les pulvériser. A condition de faire les bons réglages. Seuls, Odely, Doreen et moi, étions en mesure de pouvoir effectuer ces manipulations aussi périlleuses que délicates ; Odely car elle pouvait accéder au toit, grâce à ses ailes de chauve-souris, et Doreen et moi, car nous pouvions y voler, grâce à nos balais magiques.
Odely décréta qu’elle irait seule car l’entreprise était beaucoup trop dangereuse. - Elle l’est pour toi aussi, lui dis-je. - Elle l’est moins. S’il y a court-circuit, vous mourrez électrocutés, alors que je risque seulement de griller un peu. Ça ne me fera pas de bien mais je m’en remettrai. Je suis immortelle.
- Dans ce cas, pourquoi tu nous as fait venir ? - Je mets parfois un peu de temps à me remettre d’un choc mortel, alors si ce devait être le cas, je compte sur vous pour venir me chercher. Et ne touchez pas à cette antenne, c’est clair ? - Très clair, mais promets-nous d’être prudente.
- C’est promis. Je peux y aller, maintenant ?
Doreen et moi acquiesçâmes d’un léger hochement de tête, et Odely déploya ses ailes jusqu’à devenir une petite chauve-souris.
Nous la vîmes prendre son envol, assurée. Elle nous avait dit avoir étudié scrupuleusement toutes les instructions de Yoram. Elle connaissait le schéma de cette antenne, presque par cœur.
Le « presque » nous faisait un peu peur, mais Odely ne faisant jamais les choses à moitié, nous imaginions aisément qu’elle avait envisagé toutes les possibilités. Nous la vîmes arriver près du toit. Le satellite était tout proche.
La manœuvre dura un long moment. Nous avions du mal à voir ce qui se passait là-haut, et nous espérions qu’Odely n’était pas en difficultés. Nous avions chaud car la journée était caniculaire et, à tour de rôle, Doreen et moi allions remplir des bouteilles d’eau pour nous hydrater, pendant que l’autre surveillait le toit.
L’attente était interminable puis, soudain, nous aperçûmes un premier faisceau lumineux se diriger vers le ciel, et se perdre dans l’espace. Nous savions qu’il s’agissait d’une arme puissante dont la portée défiait tout ce que l’on connaissait sur notre planète, mais je ne pus m’empêcher de penser que le rayon était de toute beauté. Un deuxième lui fit écho quelques minutes plus tard, après que l’antenne ait modifié son orientation.
Un troisième faisceau, se dirigeant juste au-dessus de l’hôpital, se matérialisa une bonne dizaines de minutes après les deux premiers, nous laissant pantois face à la belle explosion qui s’ensuivit : le vaisseau qui venait de sauter devait avoir un diamètre trois fois supérieur à la surface du terrain de notre demeure, et il n’était pas très loin de nous. Il ne faisait aucun doute que c’est celui-ci qui nous avait attaqué ces derniers temps.
Odely redescendit une demi-heure après l’explosion, car elle avait voulu s’assurer que notre offensive envers l’ennemi était belle et bien terminée. Nous étions soulagés de la revoir en pleine forme. - Alors, qu’est-ce que vous en dites ? nous demanda-t-elle en souriant de toutes ses canines. - Epoustouflant ! lui répondis-je sur le même ton. D’ici, on a assisté à un beau brasier. Tu as assuré !
A quinze heures tapantes, nous étions au rendez-vous pour le débriefing prévu par notre cheffe. Nous arrivâmes au kiosque, alors qu’Amaël et Fantine débattaient encore de l’explosion qui avait eu lieu au-dessus de leurs têtes et dont ils ignoraient la provenance. Je me sentis revivre, à l’ombre de la tonnelle, même si nous n’avions pas beaucoup d’air, mais j’étais bien loin de l’atmosphère étouffante, et du cagnard, que j’avais dû supporter pendant plusieurs heures.
Odely expliqua ce qui venait de se produire, assurant à nos amis que les vaisseaux vénusiens avaient été détruits. Nous n’aurions plus à subir d’attaques de leur part, et Tempérance se trouvait, à présent, démunie de ses alliés extraterrestres. Trois vaisseaux avaient été détruits mais nous n’avions pu observer, à l’œil nu, que la destruction de l’un d’entre eux, qui était en orbite au-dessus de nous. Nous n’avions plus aucune chance d’être pris à parti par cette race malfaisante car, avant qu’ils ne se rendent compte que leurs vaisseaux ne croisaient plus dans notre espace, il s’écoulerait un temps amplement suffisant pour que nous réglions les problèmes de cet endroit. Et, dans le meilleur des cas, les vénusiens comprendraient qu’il valait mieux pour eux ne plus envahir l’espace de la planète Sim. Fantine et Amaël étaient ravis de cette bonne nouvelle.
Odely poursuivit ensuite son discours en mentionnant le talisman. Fantine avait mis au courant Amaël à propos de la discussion que nous avions eue le matin même mais, ce que nous apprenions tous, c’est que, pour sauver l’âme d’Ancelin, un humain devrait être sacrifié.
Odely ne savait pas encore comment cela devait se passer car, seule la Déesse Aurora serait en mesure d’apporter des réponses et une solution mais, ce dont elle était certaine, c’est que si, Amaël ou Fantine, les seuls humains présents dans l’aventure, faisaient le choix de sauver l’âme d’Ancelin, l’issue serait probablement fatale. - Nous sommes amis depuis longtemps, Fantine.., et toi, Amaël, même si je te connais depuis peu, tu fais partie de l’équipe et je ne te veux aucun mal, dit-elle à nos amis humains. Jamais je ne vous obligerai à faire quelque chose qui mettra vos vies en danger, c’est pourquoi j’ai imaginé une sorte de "sortie de secours".
Elle se tourna vers moi. - Vous, les sorciers, vous êtes certainement suffisamment puissants pour ramener à la vie un être humain. Vos pouvoirs sont immenses, et j’espère pouvoir compter sur vous.
Mon regard croisa celui de Doreen. Nous savions que nous pouvions faire quelque chose. Nous connaissions les sorts et les potions mais, aucun d’entre nous ne s’était réellement exercé à une telle magie. La pression était énorme.
Doreen ne semblait pas vouloir prendre le risque : - Nous parlons de magie noire, Audric, de ramener quelqu’un à la vie, et tu le sais aussi sûrement que moi, cette magie n’est pas sans conséquence. Tu dois tout de suite oublier cette idée.
Je n’avais pas la même opinion qu’elle, et cela me navra : - Je ne peux pas, je suis désolé. Si Fantine ou Amaël décident d’accepter, je ferai tout pour les ramener à la vie, peu importe le prix à payer.
Doreen me regarda un instant sans rien dire. Je pouvais lire de la tristesse dans ses yeux et, lorsqu’elle me répondit, ses mots furent sans appel : - Comme tu veux. Mais tu devras te passer de moi.
Amaël et Fantine s’étaient rapprochés l’un de l’autre. Leurs regards plongeaient, l’un dans l’autre, désespérés. Ils ne savaient pas quoi penser de ce plan périlleux.
Odely donna congé à tout le monde et nous donna un ultimatum de vingt-quatre heures. - Nous n’avons malheureusement pas beaucoup de temps pour nous décider, s’excusa-t-elle en s’adressant aux deux personnes concernées. Alors, demain, votre réponse sera oui ou non. Il n’y aura pas de mauvaise réponse, et je n’en voudrai à personne du choix qu’il aura fait. D’ici là, je vous souhaite à tous une bonne réflexion.
Après avoir effectué les corvées du jour, je me lançai, pour la première fois, dans la préparation d’une potion de résurrection. La recette était complexe, et il m’avait fallu soudoyer Juju pour qu’il m’obtienne les ingrédients nécessaires à son élaboration, aussi rares qu’onéreux.
Fantine vint se joindre à moi quelques minutes plus tard : - Je tenais à te remercier. C’est cool de savoir que tu seras là pour me ramener, si je choisis d’accepter la mission. - C’est normal. Il faut bien que mes pouvoirs servent à quelque chose, non ?
J’essayai de prendre un ton léger pour la rassurer, mais je n’avais aucune idée du résultat final de cette potion. J’en avais trouvé la recette dans l’un des grimoires de mes ancêtres mais, même si lui l’avait déjà éprouvée, j’étais anxieux à l’idée de la tester sur Fantine ou Amaël. - Tu sais que c’est risqué, quand même ? Tu vas devoir mourir pour récupérer l’âme d’Ancelin aux Enfers. On ne sait même pas comment on va pouvoir faire ça...
- Hilda a dit qu’Aurora nous expliquerait la marche à suivre. On ne pourra être mieux guidés que par une déesse toute puissante et immortelle, tu ne crois pas.
Je l’espérais de tout mon cœur... - Si, j’ai confiance en Hilda. En tous cas, j’ai hâte de savoir comment elle compte procéder pour qu’Amaël, ou toi, vous rendiez au Pandemonium. Lorsque j’aurai cette information, il me sera plus facile d’ajuster mon sort de résurrection. - Tu vas aussi utiliser un sort, en plus de la potion ? - Deux précautions valent mieux qu’une. On en saura plus ce soir, lorsqu’on aura libéré Aurora.
A la nuit tombée, j’avais terminé mon breuvage. Je m’empressai de le mettre en flacons, avant de rejoindre les autres dans le hall.
Si Doreen n’était pas favorable à l’idée de ressusciter l’un de nos compagnons, elle avait accepté de s’allier à moi pour extraire l’âme de la déesse Aurora du talisman de Fantine. A deux, nos chances de réussite étaient garanties.
Nous entamâmes nos incantations en même temps, les récitant de plus en fort.
Un chemin magique se créa jusqu’au diamant bleu, sous les yeux ébahis de nos amis, qui n’osaient pas bouger.
Grâce au lien qui s’est formé, entre la pierre et nous-mêmes, nous parvînmes à en libérer l’âme de la Déesse.
Nous la tenions entre nos mains, puissante et magnifique à la fois.
Et sa puissance était telle que nous sentions qu’elle voulait nous échapper.
Ce qu’elle réussit à faire. Elle avait disparu, nous laissant pantois devant ce qui restait d’étincelle magique, autour du talisman.
- La pierre est intacte, soupira Fantine. - La question est, où est passée la déesse ? demanda Odely.
- Je pense qu’elle a été récupérer son corps. Si j’en crois ce que m’avait dit Ancelin, il n’est pas très loin. Il se trouve sur un îlot, au milieu du lac du village. - Tu penses ou tu es sûr ? - Attendons voir ce qui va se passer...
Une vingtaine de minutes plus tard, une jeune femme, à la démarche gracieuse, apparut sur le pas de la porte. Sa longue chevelure argentée tombait, en ondulant, sur sa poitrine. Elle avait le teint pâle et les yeux très clairs. - Bonsoir, je m’appelle Aurora, s’annonça-t-elle simplement.
Elle s’approcha de nous. - Je tiens à vous remercier sincèrement de m’avoir sortie de ma prison. Le temps commençait à être long.
Nous fîmes les présentations puis la jeune déesse s’installa parmi nous. Après avoir entendu le résumé assez bref que nous lui avons servi, sur les derniers évènements qui s’étaient déroulés ici, elle nous informa qu’il lui fallait s’entretenir, en privé, avec Hilda. - J’ai besoin de savoir précisément quelle est la situation dans l’au-delà, avant de pouvoir agir, s’excusa-t-elle.
- Nous comprenons, ne vous en faites pas. Je vais aller chercher Hilda, et mes amis et moi vous attendrons au salon.
Je ne pus, cependant, m’empêcher de faire le curieux. Je les entendis parler des brèches qui s’étaient ouvertes, du diamant bleu, mais aussi d’Ancelin, et de Fantine. Guidry choisit de faire son apparition nocturne au beau milieu de leur conversation, et les deux femmes se retranchèrent dans la cuisine pour y discuter tranquillement. Le fantôme me croisa dans le couloir, puis nous décidâmes de rejoindre les autres.
Aurora nous retrouva au salon, une bonne heure après. - Les nouvelles ne sont pas bonnes, mais Hilda m’a dit que vous le saviez déjà. Je dois rétablir l’équilibre entre les mondes, et refaire tout ce que la Tempête Rouge a défait. Pour commencer, il va falloir la mettre hors d’état de nuire, définitivement. Ensuite, il faudra que l’un de vous aille récupérer l’âme de votre ami Ancelin aux Enfers. Elle n’a rien à y faire, et participe à l’explosion de l’au-delà. Après, et seulement après ça, je pourrais réhabiliter le monde des vivants, et les mondes des morts. Enfin... c’est ce que j’espère. - Audric et moi, avons un plan, pour Tempérance, s’exclama Doreen.
Guidry s’excusa, et prit congé. Il avait du mal, tout comme nous à se remettre du décès de Yoram mais, ce qui l’inquiétait, est qu’il ne l’avait pas encore aperçu dans l’au-delà. Il refusait donc d’entendre que quelqu’un d’autre puisse encore se sacrifier, car la réception des âmes et des esprits, de l’autre côté, était de plus en plus hasardeuse. - Aurora ? C’est vrai ce qu’il dit ? demanda Fantine. - Malheureusement, oui. Mais j’aiderai celui de vous deux qui ira là-bas, à se rendre directement auprès de l’âme d’Ancelin.
L’heure était grave, et nous voyions tous le moment approcher, de la confrontation finale avec Tempérance. S’il ne s’était agi que de cela, nous aurions sans doute été plus sereins, mais nous avions peur de perdre l’un des nôtres, et Amaël avait peur de perdre Fantine. - Je me rendrai au Pandemonium, lança-t-il d’une voix ferme, contrastant avec ses yeux tristes. C’est moi qui irai. - J’en prends note, lui répondit Aurora.
Fantine allait pour répliquer mais Odely le fit à sa place. - Attendez ! Je leur ai laissé jusqu’à demain après-midi pour y réfléchir. Ils doivent en discuter tous les deux. Il ne s’agit pas de choisir entre la fraise et le chocolat. - Très bien. Fantine ? Où est votre diamant bleu ? - C’est Audric qui le garde.
- Remettez-le et ne le quittez plus. Il est hors de question que la Tempête Rouge s’en empare, et le talisman vous protègera. Je vais vous laisser pour ce soir, car elle ne doit pas savoir que je suis de retour. Je verrai, demain, celui qui descendra au Pandemonium. - Merci de nous aider, lui dit Odely. - C’est moi qui dois vous remercier. Sans volontaire pour sortir cette âme de l’Enfer, je ne pourrai rien faire. Alors, croyez-moi, je vous dois une fière chandelle. Passez une bonne nuit, et prenez des forces. Vous en aurez besoin.
Tout le monde était parti se coucher, enfin presque. Odely s’était transformée en chauve-souris pour aller faire un tour dans la nuit noire, et fraîche. Je croisai Guidry au salon et lui donnai 400 § pour débloquer les deux dernières salles de bain du deuxième étage. Il m’informa que nous n’avions plus qu’une pièce à déverrouiller, une pièce qui nous serait accessible, sans condition, lorsque Tempérance serait vaincue. Il s’en faisait une joie, d’avance.
Après notre petite conversation, je m’employai à user de magie pour réparer la plomberie de plusieurs salles de bain, ainsi que les traces laissées par un ectoplasme, dans notre cuisine. Après toutes les émotions de cette journée, j’étais monté sur cent mille volts. Je n’avais pas du tout sommeil. Je poursuivis mes travaux nocturnes en enlevant le lierre qui restait, sur les façades ouest et est (rien de très difficile avec quelques connaissances en magie), puis je décrétai qu’un peu de lecture superficielle, me ferait du bien. Je pris un livre et me rendis au salon.
Hilda était là, à faire un peu de ménage. - Vous ne dormez jamais ? - Je n’en ai pas besoin. Et vous ? - Je suis inquiet pour mes amis. Je me demande si le sort et la potion que j’ai prévus pour eux, vont fonctionner.
Elle me regarda étrangement. J’avais même l’impression qu’elle esquissait un petit sourire : - Vous n’avez pas besoin de la potion. Elle ressusciterait votre ami beaucoup trop tôt. Il serait encore au beau milieu des Enfers, et cette fois, c’en serait réellement fini de lui. Servez-vous uniquement du sort. C’est lui qui offrira la meilleure garantie de retour, à celui qui descendra.
- Vous avez raison. Je crois que je vais aller me coucher. Demain, je vais devoir bétonner ce sort, et je vais avoir besoin de toutes mes facultés. - Alors, reposez-vous bien, Audric. Toute cette histoire sera bientôt derrière vous.
Je me félicitai d’avoir appelé Juju, dans la journée, pour débarrasser un des lits qui se trouvaient dans ma chambre, ainsi qu’une table de chevet. Je pus ainsi y monter un coussin de méditation et me vider la tête. Demain sera un autre jour, et tout cela sera bientôt derrière nous... mais à quel prix ?
A suivre...🙂
Et voici maintenant l’hôpital à la fin de cette onzième journée.
(en bleu ciel, les pièces accessibles dès le début - En vert, les pièces débloquées dans les précédents chapitres - En jaune, les pièces débloquées au cours du chapitre)
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