[Not so berry challenge] Chloé Berry et sa descendance

@Luluswan Je l'aime bien aussi ce p'tit. Mais bon, comme tu peux le deviner, ça risque de ne pas durer :grimace:
Tant mieux si elle te plaît ^^ Elle a beaucoup pris de sa maman, en tout cas :wink:
Ah Robin, c'est un cas, celui-là :mrgreen: Mais un jour il trouvera quelqu'un qui le comprendra et ce jour-là, Agathe et Luna seront bien dégoûtées :lol:
J'avoue que je ne m'attendais pas à ce qu'elle soit à ce point réussie (même si je comptais sur Chloé pour remonter le niveau :tongue:) mais là, elle dépasse mes attentes ! J'espère qu'elle me fera une belle héritière :blush:


@Kannelia Merci beaucoup :blush:
J'aime beaucoup ce couple aussi, même si, malheureusement, les règles du challenge risquent de le malmener un peu... :cry:
Merci pour Romy ^^
Et Robin, j'avoue qu'il m'a bien fait rire :lol:
J'étais toute triste pour Romy quand elle a refusé le câlin... Ces bambins, alors ! :wink:



Chapitre 26
Romy
C'est cool que Léa ait grandi. J'aime bien mes potes mais c'est quand même pas pareil que de retrouver ma meilleure amie. Je l'ai toujours admirée et plus encore maintenant. Elle a une manière d'être ce qu'elle est sans complexe que je n'aurais jamais. Je me soucie bien trop du regard des autres.

Mais bon, je continue de vivre dans ma petite famille et je me contente d'être juste Romy Berry à défaut d'être Léa Richards. Elle est mignonne, ma petite famille mais je me sens parfois encore un peu à part. Maman... elle aurait sans doute été bien plus heureuse si elle n'avait jamais rencontré papa. Je lui en ai beaucoup voulu de l'avoir quitté mais maintenant, je vois bien que c'est sans doute cette famille qu'elle a toujours voulu. Et je me demande si vraiment j'ai ma place ici.

Bien sûr que j'ai ma place. Il me le dise tous avec leurs immenses sourires et je n'échangerais cette place pour rien au monde. Mais j'ai souvent l'impression que je ne suis qu'un imposteur. Je n'ai pas leur gentillesse naturelle moi. Je ne sais même pas qui je suis.

Les seuls moments où j'oublie que je ne suis qu'une petite fille qui ne sait même pas qui elle veut être, c'est quand je suis avec eux. Au lycée ou en-dehors, je me sens vivante. Ils me regardent tous avec admiration. Je sais qu'ils ne voient pas qui je suis vraiment mais celle que je vois dans leurs regards me plaît. Plus que ce que je sais de moi-même.
"M'man, j'peux sortir avec des potes ?
- Finis tes devoirs et on verra après.
- C'est fait.
- Bon... c'est d'accord mais ne rentre pas trop tard."

Quand je suis au milieu d'eux, je suis vraiment quelqu'un.


Marcus... J'ai le cœur plein de lui. Je n'en reviens pas de lui plaire encore. Alors que j'ai l'air si bête devant lui. Ce serait vraiment cool si ça pouvait durer toute la vie. Je suis peut-être juste une stupide éternelle romantique mais j'aimerais vraiment croire que ça peut marcher. Quand il rit, j'ai l'impression d'être vraiment quelqu'un de spécial.

Pourtant, j'ai l'air ridicule quand je danse. Mais je suppose qu'on a tous l'air ridicules, au fond. J'adore danser. Je me sens un peu libérée de cette impression de n'être rien qu'un reflet dans le miroir.

Avec Léa, on est toujours déchaînées. J'aime bien ce sourire qu'elle a, comme si chaque seconde de la vie qu'elle croque à pleines dents est une victoire de plus. C'est la meilleure amie que j'aie jamais eu et je ne crois pas que je le regrette.


"T'es encore là, Romy ? Tu vas pas te faire gronder par tes parents ?
- Bah, c'est pas bien grave. Et toi ?
- Tu sais, j'ai quitté la maison alors je ne pense pas qu'ils viennent vérifier tous les soirs à mon apart' à quelle heure je me couche.
- Pffh... T'as de la chance, s'pèce de vieux.
- De la chance ? Tu sais, c'est pas aussi cool qu'on croit, de vivre tout seul.
- Au moins, tu es libre.
- Pourquoi ? Tu n'es pas libre, toi ?"
Bonne question. Pourquoi j'ai tout le temps l'impression d'être entravée, sans raison ? Mes parents sont pas si durs, pourtant.

"T'as l'air triste, Romy. Il s'est passé un truc chez-toi ? Ou avec Junior ?
- Non, tout va bien."
Ouais, tout va bien. Alors pourquoi ? Pourquoi j'ai l'impression d'être seule. J'ai des tas d'amis, pleins de gars qui n'ont d'yeux que pour moi, dont celui que j'aime, j'ai une famille super, je me suis éclatée toute la soirée... alors pourquoi ?
"Tu sais que tu peux m'parler, si tu veux. Je connais Junior depuis longtemps et je l'ai jamais vu aussi amoureux...
- T'inquiètes, moi-aussi je l'adore.
- Alors c'est quoi, le problème ?
- Rien, j'te dis ! À plus, Dave.
- À plus, Romy."

En ce moment, je galère de plus en plus. J'essaie d'exposer mes idées sur le papier mais c'est plus difficile que je ne l'imaginais. Je ne suis peut-être pas faite pour la politique tout compte fait. Ceux qui se moquent de moi ont peut-être raison. Je voudrais changer le monde mais tout le monde le veut, ça. La question c'est comment. Et c'est de suite plus difficile.

Comment Léa fait-elle pour être si sûre d'elle ? Elle veut être guitariste et je sais qu'elle y arrivera. Elle a ça dans le sang. Et quand elle veut vraiment quelque chose, elle l'obtient. Moi, je ne suis que doutes. Je mordille mon crayon pendant des heures et quand je griffonne enfin quelque chose, c'est pour le rayer juste après.

"Maman est rentrée ! Bouge toi, Robin."

Je ne me suis jamais jetée au cou de maman quand elle rentrait tard le soir. Jamais. Pourquoi c'est si dur de montrer aux gens qu'on les aime ? Moi, je n'ai jamais su comment faire. J'ai toujours du mal avec cette famille, si unie, si soudée, si aimante. Même si ça va mieux entre maman et moi. Je sais qu'elle n'approuve pas vraiment ma manière de vivre mon adolescence. Il suffit de voir sa tête chaque fois que je lui demande si je peux sortir.
"Mamaaan...
- Encore ?
- S'il te plaît ?"

Mais bon, je sais que j'ai beaucoup de chance. Je crois qu'elle sent que je ne suis pas très à l'aise au-milieu d'eux et qu'elle s'en veut.
"Tu ne voudrais pas rester à la maison, de temps en temps ?
- Justement, je me demandais si je ne pourrais pas aménager le sous-sol vu qu'on ne s'en sert pas. Et je pourrais inviter tout le monde à la maison. Avec votre accord, bien sûr.
- Ce n'est pas ça dont je parlais. Je parlais de rester avec nous, un peu, faire une sortie en famille.
- Bien sûr, quand tu veux. Mais pas ce week-end. Ni celui d'après.
- Romy, s'il te plaît, fais un effort ! Amélie et sa petite famille viennent ce week-end. Et c'est hors de question que tu nous fausses compagnie pendant ce temps-là !
- Clem' sera là ?
- Oui, et toi aussi, n'est-ce pas ?
- Bien sûr... et du coup, pour le sous-sol ?
- Si tu veux mais tu te débrouilles, par contre. On ne te donnera pas d'argent pour ça. Tu comprends, Romy, ce n'est pas que je ne veux pas que tu voies tes amis mais je m'en fais pour toi. Zoé m'a dit qu'elle avait beaucoup de problèmes avec Léa.
- Avec Léa ? C'est une chouette fille, maman. Et c'est pas parce qu'elle a les pointes des cheveux oranges et qu'elle met de l'eye liner qu'elle est forcément un monstre !
- Je le sais bien et je pense que Zoé le sait aussi bien que moi. Ce n'est pas uniquement de ça dont elle parlait."
Bien sûr que si. De ça et du fait qu'elle sorte souvent pour s'amuser avec moi et les autres. C'est dingue comme les adultes peuvent oublier rapidement qu'ils ont été jeunes.
En peu de temps, grâce à la participation de tous mes amis, le sous-sol a été achevé.

Lors de l'inauguration, ils sont tous venus, y compris Marcus. Mais il avait changé.
"Romy !
- Marcus !"
J'allais lui sauter au cou mais il m'a retenue.
"Qu'est-ce qui te prend ? J'ai... j'ai fait quelque chose de mal ?
- Désolé..."
Mon sourire se figeait. Qu'est-ce que ça voulait dire ?

"J'ai 18 ans, maintenant. Et j'ai décidé d'aller bosser sérieusement à la ville.
- Mais... tu reviendras, pas vrai ?
- Bien sûr ! Autant de fois que je le pourrais. Et tu sais que je t'aimerais toujours, pas vrai ? Seulement, j'aimerais qu'on attende. Mais quand tu auras toi-aussi dix-huit ans, alors, si tu veux encore de moi...
- Bien sûr que je voudrais encore de toi, imbécile !"
Je le serre contre moi. J'ai quand même encore le droit à ça, non ?

"Moi-aussi, je t'aimerais toujours...
- Tu pars vraiment ? Et du coup, on pourra pas se voir tous les soirs...
- Je reviendrai aussi souvent que je pourrais...
- Allez, c'est ta soirée, ne la gâche pas !"
Il est tordu, quand même ! Mais c'est pour ça aussi que je l'aime, je suppose. N'empêche, vivement que j'ai mes dix-huit ans. Ça va être long.

"Ben alors, la princesse s'est faite lâcher par son prince ?
- C'que tu peux être bête !
- Tu danses ?
- P'têt' bien."
Marcus a raison. C'est ma soirée et je l'attendais depuis un moment, pouvoir tous les réunir dans cet endroit. Même si j'ai ce petit pincement au cœur, autant profiter de mon adolescence. Marcus ne sera jamais loin.


Léa nous accompagnait. Elle a vraiment la classe avec sa guitare à la main. Comme je l'ai déjà dit, elle avait ça dans le sang. Quand on a été trop crevés, on est sortis de la piste de danse.
"On remet ça quand tu veux !, m'a-t-il lancé. Faudra juste qu'on se trouve une meilleure musicienne."
Léa a haussé un sourcil.
"Tu danses comme une patate qui aurait loupé une marche, Chauhan !
- Ah ouais ? Toi, tu joues de la guitare comme un ver de terre qui aurait bu un jus de fruit de trop.
- Causes toujours."
J'avoue que je l'envie un peu. J'aime bien cette relation qu'elle a avec les gars. Moi, j'ai toujours l'impression qu'ils ne me voient que comme une petit chose fragile qu'il faut protéger alors qu'elle, j'sais pas, elle est vraiment une des leurs.

"Encore une fois, t'as géré coupine !
- C'est ça. Il disait quoi déjà ? Comme un ver de terre qui aurait bu un jus de fruit de trop ?
- Tu sais bien qu'il te taquine !
- J'm'en fiche. Il m'regarde même pas quand j'joue. Toi, par contre, il te lâche pas des yeux."
Ce regard ? Elle est... jalouse ? Je rêve ! Alors que c'est moi qui l'envie tout le temps.

"Nan mais sérieux ! Il t'adore, Paul ! Il est juste maladroit, voilà.
- J'sais bien ça. Mais il m'adore pas comme il t'adore toi.
- Ben non. Mais c'est normal. On est différentes, toutes les deux. Alors il se comporte pas de la même manière mais ça veut pas dire qu'il t'aime moins."

Brusquement, elle a relevé la tête.
"C'est pas trop tôt ! J'ai cru que j'avais perdu ma meilleure amie !
- Tu sais quoi, Romy ? Marre de ces vieux qui nous font tourner la tête ! Notre prochaine soirée ici, on se la fait entre ados !
- Hein ? Qu'est-ce que tu veux dire ?
- Pas Paul, ni Marcus, ni David.
- Euh... il reste que Pierce et Marina, du coup.
- T'inquiètes, j'ai des potes dans ma classes qui sont cools.
- Mais qu'est-ce que je vais dire à Marcus ?
- Rien.
- Comment ça ?
- Bah tu dis rien, c'est tout. Mimy chérie, si tu te gardes pas un petit jardin secret, il va très vite se lasser de toi, ton prince."
Hein ? Mais le mensonge, c'est pas censé être le pire des fléaux pour un couple ?
"C'est pas un mensonge, c'est juste de l'omission", a-t-elle rétorqué comme si elle lisait dans mon esprit."T'en es ?
- J'en suis."

Et j'en étais, le lendemain. Comme promis, Léa avait ramené deux potes. Ils ont l'air plutôt sympas et pour danser, ils sont très forts. En plus, je dois reconnaître que le rouquin était plutôt canon.


Mais bon, j'ai quand même pensé la majorité de la soirée avec Léa. Même si Pierce n'était pas en reste, il faut bien le reconnaître. Et je me suis bien marrée. Je l'ai toujours bien aimé mais ce soir-là, j'sais pas. Y'avait quelque chose en plus. Peut-être le jus de fruit, peut-être l'absence de Marcus pour la première fois, peut-être juste quelque chose dans l'air qui changeait mon regard sur les choses. J'ai ri, beaucoup, peut-être un peu trop. Mais j'étais bien, là.

"On danse, Pierce ?
- J'suis nul, moi.
- Pas grave, j't'apprendrais.
- T'es sûre de toi ? Pleure pas si j'te marche sur les pieds.
- T'en fais pas, ils sont solides. T'es prêt ?
- Plutôt deux fois qu'une !"

"Tu t'débrouilles plutôt pas mal pour un débutant !
- Menteuse, va !"
Peut-être. Ou peut-être pas. J'ai brusquement pensé à Marcus. Menteuse. Ça n'avait beau pas être un vrai mensonge, je n'étais pas sûre d'en avoir le droit.

"Déjà off, princesse ?"
Princesse. Qu'est-ce que je pouvais en avoir marre de ce surnom. J'étais loin d'être une princesse.
"Nan, t'inquiètes pas pour ça.
- C'est quoi cette tronche que tu tires, encore ? Va retrouver ton chéri, au lieu de rester plantée là comme une cruche !"

"Mon chéri ? Tu débloque complètement ! J'suis avec Marcus, j'te rappelle ! Pierce, c'est juste un ami !
- On avait dit qu'on arrêtait de penser à eux ce soir !
- Mais c'est toi qui dis des bêtises !
- Non, c'est toi. Écoute, princesse..."
Encore. Parfois, j'ai l'impression qu'ils me prennent juste tous pour une gamine qui ne sait rien de la vie. Venant d'une fille plus jeune que moi, c'est quand même le comble.

"Ton problème, c'est que t'es persuadée que ton Marcus est la huitième merveille du monde et que la vie n'a pas de sens sans lui ! Mais qu'est-ce que t'en sais, au fond ? Est-ce que t'as jamais essayé quelqu'un d'autre que lui : non. Il est arrivé, il t'a dit t'es jolie, intelligente et tu t'es jetée dans ses bras comme s'il était le prince charmant de la Belle au bois dormant. Et maintenant, tu culpabilises parce que tu t'amuses un peu sans lui. Mais dans dix ou vingt ans, quand il t'aura larguée, tu resteras avec tes gosses sur les bras à pleurer sur ta jeunesse perdue comme presque toutes les autres filles qui ont cru aux belles paroles de leurs hommes.
- Comment tu peux dire une chose pareille ? J'croyais que t'étais mon amie !
- Mais j'le suis ! Et c'est pour ça que je te dis de te réveiller ! Je te dis pas de le quitter, ni que ça arrivera forcément un jour mais juste d'arrêter de penser que tu ne peux pas respirer parce qu'il n'est pas à côté de toi !"

"Non, clairement, je ne comprends pas où tu veux en venir.
- Est-ce qu'au fond de toi, tu ne te sens pas un peu attirée par Pierce ?
- Pourquoi tu veux pas comprendre que c'est juste un ami ?
- Parce que ça se voit dans tes yeux quand tu mens. C'est pas grave, de pas être sûre de toi. T'es jeune, t'as le temps.
- Mais je doute pas ! S'il y a bien un truc que je sais, c'est que j'aime Marcus.
- Comment tu peux en être sûre ? T'as même jamais regardé quelqu'un d'autre. T'es qu'une gamine, Romy. Une gamine qui croit qu'elle a rencontré l'homme de sa vie parce que son cœur a raté trois battements en croisant le regard d'un garçon mignon. Mais chérie, tous les garçons qui sont mignons et gentils ne sont pas les hommes de ta vie."
Parfois je regrette un peu qu'elle parle aussi franchement. Pourquoi elle en saurait plus que moi ? On dirait une grande sœur qui explique à sa frangine de trois ans que le Père Noël n'existe pas.
"Te fâche pas, Romy. Vois juste la vérité en face.
- Je ne suis pas fâchée."
Toujours aussi nulle pour mentir, bien sûr.

"Un problème, Romy ?
- Non rien. Va falloir que vous rentriez tous. Mes parents vont se fâcher sinon.
- Ah euh, ok. À la prochaine, du coup.
- Attends ! 'Fin, j'veux dire. On peut s'revoir. J'veux dire, vous pouvez tous revenir demain.
- À demain, du coup !
- C'est ça, à demain, Pierce."

Je suis crevée mais je n'arrive pas à m'endormir ce soir-là pour autant. Pourquoi ils me prennent tous pour une petite fille ? Que ce soit Léa, David, Pierce, ou même Marcus, ils considèrent tous que je suis un bébé qui doit être protégée des déboires de la vie, que je ne peux pas tout comprendre, que je vis dans mes rêves et que je n'imagine même pas ce qu'est la vraie vie. Est-ce que je n'ai pas le droit d'avoir des rêves, de croire en l'amour et en un futur meilleur ? Mais non, les rêves n'ont pas leur place dans ce monde. On a juste le droit de se fondre dans la masse, de ne rien espérer d'autre que de voir l'aube du jour suivant.

Et le lendemain soir, quand j'entre dans ce sous-sol, ce n'est plus la même Romy. Cette Romy-là ne croit plus au Père Noël. Léa a raison. Je ne sais rien de la vie. Comme toutes les petites filles, j'ai rêvé de trouver l'amour. Mais au final, à quoi ça tient ? Est-ce que vraiment, je veux finir comme mon père, tout seul sur mon canapé à pleurer après quelqu'un qui ne m'a jamais vraiment aimé. Et si ma mère avait juste oublié un peu les règles, est-ce qu'elle n'aurait pas été plus heureuse avec Nicolas plutôt qu'à se morfondre avec mon père ? Si ça a été si facile de tomber amoureuse de Marcus, alors pourquoi plutôt lui qu'un autre ?
"Salut Romy ! Ça va ? T'as quelque chose de... changé.
- Ça va. Ça va même super bien. J'ai un petit cadeau pour toi, Pierce."
À l'instant même où je souris en lui tendant la rose, je me sens plus vivante que je ne l'ai jamais été ces derniers jours.

"Hein ? Pour moi, sérieux ?
- Tout à fait sérieux."
Il sourit comme un benêt et bizarrement, je le trouve mignon comme ça.

"Attends, attends... Qu'est-ce qui te prend, brusquement, Romy ?
- Rien. J'en avais envie, c'est tout. Est-ce que tu ne m'aimes pas, Pierce ?
- Je comprends pas. T'es pas censée être avec Junior ?
- Il m'a larguée.
- Comment ça ? Pourquoi ?
- Pour ses études."
Et quelque part, à l'instant où je prononce ces paroles, je comprends que même si j'ai fait semblant de rien, c'est vraiment ce que j'ai ressenti à ce moment. Je ne comprends pas pourquoi pour quelques années d'écart, on n'aurait pas le droit de s'aimer. Oui, j'ai eu mal quand il m'a dit ça. J'ai eu mal quand Léa m'a dit qu'il n'était pas le prince charmant. J'ai eu mal quand il m'a repoussée. J'ai eu mal quand elle m'a appelé princesse. Pourquoi est-ce que j'aurais à souffrir à cause des gens que j'aime ? L'amour, ça ne devrait pas faire mal. Et pourtant, j'ai eu mal quand j'ai revu mon père pour la première fois. J'ai eu mal quand ma mère a quitté mon père. J'ai eu mal quand cette femme est venue prendre toute la place dans la vie de mon père. J'ai eu mal quand j'ai vu Nicolas me sourire alors que je ne l'avais mérité. J'ai eu mal quand les jumeaux m'ont serré dans leurs bras alors que je les ai tant haïs. J'ai eu mal quand la petite Clémence a refusé mon câlin. J'ai eu mal parce qu'ils me voient tous comme une gamine. J'ai eu mal parce que tout ne se passe pas comme je le voudrais avec Marcus. J'ai eu mal parce que Léa m'en veut pour cette danse avec Paul. Alors si l'amour fait aussi mal, pourquoi est-ce qu'on le recherche tous aussi désespérément ? Moi, je ne veux plus avoir mal. Jamais.

De quoi as-tu peur, Romy ? Non, je n'ai plus peur de rien. Je ne veux plus être blessée. Il suffit de voir ça comme un jeu, un immense jeu aussi stupide que les échecs qu'adore maman. Avancer un pion avec la certitude de la victoire. L'amour n'est juste qu'un immense jeu d'échecs et les seuls qui ont mal sont ceux qui le prennent un peu trop à cœur.


Est-ce que c'est mal ? Est-ce que c'est bien ? On y pensera demain.