[Préquel d’un Decade] Les Dupuis (1867-1887)

Celui-ci est arrivé dans une des colonies de l'Amérique du Nord Britannique en 1847 par un paquebot qui quittait l'Irlande pour accoster au Canada, à Grosse-île plus précisément où les immigrants irlandais devaient vivre en quarantaine avant de pouvoir s'établir dans leur nouveau pays. Eh oui, Joseph est d'origine irlandaise. Il est parti de sa patrie natale avec ses parents et sa petite sœur sur un bateau où des nombreuses familles ayant vécu la famine voulaient vivre des jours plus heureux en Amérique. Ces familles étaient entassées les unes sur les autres lors de ce voyage sur l'Atlantique vers le Canada-Est. La petite sœur de Joseph est décédée durant le voyage. Puis à leur arrivée à Grosse-Île, Joseph et ses parents comprirent que le Typhus s'était installé parmi les passagers du bateau. Durant la quarantaine, les parents de Joseph succombèrent l'un après l'autre au Typhus, rendant Joseph, orphelin de père et de mère.

Il fût d'abord pris en charge par les Pères du Sacré-Sim avant d'être envoyer chez les Dupuis comme ouvrier agricole. Joseph a vécu de nombreuses années auprès des Dupuis qui l'avaient adopté surtout pour qu'il travaille aux champs. Pour combler sa solitude, Joseph adopta une chienne, Prunelle et se prit d'affection pour un jeune poulain des Dupuis, Vaillant. Il avait dix-huit ans quand ces deux êtres arrivèrent dans sa vie pour mettre un peu de douceur dans sa vie aride d'ouvrier agricole chez les Dupuis. Même lorsqu'il atteint la majorité à vingt-et-un ans, Joseph demeura au service des Dupuis, vieillissants. C'est seulement lorsque le vieux couple quitta ce monde à un âge avancé que Joseph se donna le droit de quitter cette terre sur laquelle, il vivait depuis son arrivée au Canada-Est en 1847.

Vaillant:


Prunelle:


En 1867, on célébrait la Confédération du Canada partout dans l'ancienne Amérique du Nord Britannique! Joseph profita de cette époque charnière de l'histoire de ce nouveau pays pour vendre la parcelle de terre héritée des Dupuis et de s'établir sur une terre qu'il aurait bien à lui. Il prit son cheval Vaillant et il quitta son ancienne vie de dure labeur.



Après une longue route, Joseph et Vaillant arrivèrent au cœur du village de Saint-Simon où avait été construite l'église Notre-Dame-des-Sims et où s'était établit le marchand général du coin. Joseph voyait déjà combien cette localité serait un lieu agréable où vivre, il ressentait déjà le bonheur de cette toute nouvelle liberté!



Bien qu'il fût tard, Joseph Dupuis devait rencontrer le notaire de Saint-Simon pour régler les papiers concernant le petit lopin de terre qu'il avait acheté. Joseph était un homme amical et respectueux des us et coutumes de son époque, il se sentait bien mal à l'aise d'aller sonner à une heure pareille chez le notaire.



Maître Damase Cormier, un homme dans la trentaine n'ayant ni femme ni enfants, vint répondre à la porte avec son air bourru habituel. Joseph Dupuis, qui avait galoper toute la journée pour aboutir à Saint-Simon en cette fin de soirée, était complètement exténué.



Joseph Dupuis vint rapidement sur le sujet de l'acquisition de sa terre et son désir d'y construire une maison. Joseph Dupuis avait reçu 16 000 Simflouz de la vente de la terre des Dupuis, mais il savait que ce n'était pas assez pour acheter une nouvelle terre, acheter des animaux, des graines pour le potager et y construire une humble maison ayant suffisamment de chambres pour l'avenir... Il demanda à Maître Cormier s'il pouvait emprunter de l'argent auprès de lui pour se construire.



Joseph attendit de longues secondes la réponse de Maître Damase Cormier...



Celui-ci refusa catégoriquement de prêter un Simflouz à un homme sans famille avec aussi peu de moyens!



Maître Cormier méprisait déjà Joseph Dupuis qui avait pourtant toujours été un honnête homme...



Joseph Dupuis, homme bon, décida de ne pas retenir cet acceuil méprisant de la part du notaire de Saint-Simon. Dès les premières semaines, il s'engagea à construire une humble maison avec une seule grande pièce au premier étage et un grenier. Il y avait également une "bécosse", c'est-à-dire une toilette extérieure. Il reçut l'aide de certains de ses voisins pour la construction dont les Brodeur, qui vivait de l'autre côté de la rivière.

Il avait déjà récolté assez de foin pour nourrir son fidèle cheval, Vaillant, et il souhaitait en produire des quantités suffisantes pour avoir l'opportunité de vendre le foin en trop aux cultivateurs ayant davantage d'animaux d'élevages que lui. Les journées étaient éreintantes, elles se ressemblaient un peu toutes, mais pour Joseph, cette nouvelle vie était signe de liberté.



Travaillant de l'aube jusqu'à la tombée de la nuit, Joseph faisait le train juste avant d'aller rejoindre son lit qui trônait dans l'unique pièce de "sa petite cabane au Canada". Joseph avait tout de même réussi à se procurer ces vaches qui produisaient un lait pas si mal, bien qu'il n'en produisait pas assez pour se lancer dans le commerce... De toute façon, pour Joseph, l'important était d'accumuler une somme suffisante pour améliorer les installations de sa maison, payer les factures et se doter de meilleures installations pour sa ferme et sa terre.



Quand il se levait le matin, très tôt, aux aurores, il lui arrivait de s'offrir un moment de détente en allant pêcher sur la Rivière Saint-Maxime qui coulait à travers les terres agricoles des alentours. Il n'avait que ce passe-temps pour s'échapper de la dure réalité d'être cultivateur, seul, sans femme et sans enfants pour le soutenir dans les différentes tâches qu'une belle terre comme la sienne demandaient comme soins.



Lorsque Joseph pris le temps de bien s'installer chez lui, il retourna au centre du village de Saint-Simon où trônait l'église Notre-Dame-des-Sims ainsi que le magasin général et l'hôtel du canton. Un parc avait été aménagé par le maire l'année précédente pour égayer la vie communautaire de ce petit village du fin fond du Canada.



Joseph se rendit, ce dimanche-là, à la messe. Pour Joseph, c'était important d'y assister, bien qu'il n'était pas très pieux et ne comprenait rien au latin. C'est qu'après la messe, sur le parvis de l'église, c'est là qu'on liait des amitiés, qu'on prenait des nouvelles des unes et des autres.



D'ailleurs, ce dimanche-là, le Père Eugène Lacroix, vénérable prêtre ayant fondé la paroisse Notre-Dame-des-Sims plusieurs années auparavant, venait à la rencontre de son nouveau paroissien pour lui offrir un chaleureux accueil et pour le féliciter, le remercier de venir grossir le rang des fidèles à Saint-Simon.



Rapidement, le Père Lacroix lui présenta Ludger Marchand, copropriétaire avec son frère aîné, du magasin général et de l'hôtel du village. Ludger lui apprit qu'ils achetaient les produits du potager des cultivateurs environnants et que son frère et lui offraient une somme convenable. Les frères Marchand étaient d'honnêtes hommes qui voulaient le bien de la petite communauté.



Ainsi, il fût entendu entres les deux hommes que Joseph viendrait vendre ses récoltes chez le marchand de légumes Marchand tous les trois ou quatre jours. Bien qu'il fallut déjà qu'il puisse avoir des récoltes suffisamment généreuses pour ce faire! Car, Joseph ne vivrait que des produits de son potager. Il n'avait plus que trente-six Simflouz dans ses économies et il souhaitait bien regarnir celles-ci.



Cette journée-là, il fit la rencontre d'une autre charmante personne. Le Dr Cyrille Hébert alla chaleureusement serrer la main de Joseph. Cet homme marié et père d'une fillette en bas âge trouvait que Joseph Dupuis avait été courageux de venir à Saint-Simon pour y refaire sa vie et d'ainsi cultiver sa terre, seul. Dr Cyrille exprima à Joseph que celui-ci pouvait compter sur lui et que s'il avait quelques ennuis que ce soit, il serait là pour y veiller. Mais pas que, s'il avait besoin de se désennuyer, il était la bienvenue pour boire un petit verre de caribou.



Joseph s'étonna de l'accueil des autres résidents de Saint-Simon qui fût plus courtoise et chaleureuse que celle du notaire Cormier. D'ailleurs, même s'ils appartenaient à des classes sociales fort différentes, il sentait que le Dr Cyrille Hébert ferait un bon ami. Avait-on vu souvent un cultivateur lié une amitié avec un docteur? Eh bien, Joseph se disait que rien n'était impossible dans sa toute nouvelle vie!

Joseph n'était pas le seul à venir visiter les Brodeur, la famille Caron avait également pris soin de visiter cette bonne famille de cultivateur réputée pour sa générosité, sa bienveillance et son esprit de communauté. La preuve était que les Brodeur avait été les premiers à donner un coup de main à Joseph à son arrivée à Saint-Simon. Philomène Caron avait toujours reconnu ces belles qualités chez les Brodeur, et elle visitait souvent ceux-ci. Par ailleurs, elle ne fût pas surprise de voir d'autres gens du village être présents, et elle ne fût pas gênée non plus d'aller à la rencontre de ces autres visiteurs. Joseph Dupuis, plutôt intimidé par la présence de Philomène, se senti obligé d'étalé ses talents comme jardinier. Philomène, voyant l'embarras de Joseph, le laissa discuter avec Onésime tranquillement.




Onésime Brodeur et Joseph Dupuis continuèrent d'échanger sur leur sujet favori: la vie sur une terre. Pour les hommes de cette époque, discuter avec ses compagnons demeuraient pour le moins utilitaires. La plupart des hommes étaient des hommes de peu de mots et n'ouvraient la bouche que pour parler des sujets pratiques du quotidiens.



Les Brodeur et les Caron s'étaient réunis autour de la petite table de la cuisine pour partager un bon repas. Mme Brodeur en profita pour glisser un mot à la jeune Philomène. L'ayant vu minaudé autour du nouveau voisin Joseph Dupuis, elle rappela à la jeune fille qu'elle avait, de tout temps, démontré un intérêt pour Onésime depuis leur tendre adolescence. Que son fils, Onésime, commençait à penser que Philomène et lui finirait pas se marier... Avait-elle conscience des sentiments amoureux qu'éprouvaient Onésime et ce que son comportement pouvait laisser entendre lorsqu'elle allait parler impunément avec un jeune voisin célibataire? Philomène ne comprenait pas ce que Mme Brodeur pouvait bien vouloir dire. La jeune fille n'avait pas eu l'impression d'agir de manière inconvenante. Onésime aurait-il de sentiments pour elle? Et elle aurait-elle des sentiments pour...



Joseph reçut la visite du Père Lacroix qui faisait sa tournée de visite paroissiale annuelle. Le bon curé, chaleureux et bienveillant, examina l'intérieur de l'humble cabane de ce nouveau paroissiens. Il s'informa des récoltes, du travail à la ferme, de l'entretien de la maison, des bâtiments. Il s'intéressait à comment Joseph se débrouillait, seul, sur une terre. Le Père Lacroix repartir après avoir béni la maison et son habitant.



On aurait dit que tous ses nouveaux amis du village s'était donné le mot, il vint le visiter un après l'autre, de jour en jour. Ludger Marchand vint chercher une commande de bons légumes frais, lui-même, pour prendre des nouvelles de son nouvel ami et voir d'où provenait les légumes de Joseph qui avaient une couleur scintillante et un goût franchement délicieux. Joseph fit visiter sa terre à Ludger qui le remercia chaleureusement pour cette visite et d'avoir bien voulu faire affaires avec Marchand & Frères.



Et le jour suivant, le bon docteur Cyrille Hébert prit la peine de faire un détour vers la terre de Joseph Dupuis. Les deux hommes furent heureux de se retrouver. Dr Cyrille Hébert demeura un bon moment chez Joseph, ils prirent un petit verre de caribou* et ils discutèrent longuement de leur vie d'avant.



Dr Cyrille Hébert, à qui l'alcool déliait la langue, s'était mis à parler du sentiment d'impuissance qui l'habitait quand il devait se résoudre à dire à un des villageois qu'il ne pouvait rien faire pour le sauver de la mort. Il exprima ses regrets d'avoir choisit de devenir docteur si ce n'était pas pour sauver des vies. Joseph écoutait le docteur avec bienveillance. Il raconta, avec un peu plus de réserve, son arrivée au Canada, son court séjour à Grosse-Île où il perdit ses deux parents... Il raconta sa vie avec les Dupuis... Les deux hommes s'étaient promis de se revoir pour partager un petit verre, une fois de temps en temps.



Quelle ne fût pas la surprise de Joseph que d'apercevoir Maître Damase Cormier venir frapper à sa porte! Que lui voulait-il au juste? Bien qu'ayant choisi le parti de ne pas en vouloir pour le mépris dont a fait preuve le notaire lors de son arrivée à Saint-Simon, il n'en demeurait pas moins qu'il avait été blessé. Maître Cormier, qui était du même milieu que le Dr Hébert, avait entendu parler de la bouche du docteur que Joseph Dupuis était un homme bien, honnête, fiable et qu'il travaillait fort. En entendant ces propos, le notaire se rappela la demande que Joseph Dupuis avait formulée à son arrivée... Il venait donc pour lui proposer un prêt avec intérêt pour que Joseph puisse améliorer les installations sur la ferme et dans sa maison. Joseph Dupuis, bien qu'hésitant de prime abord, accepta l'offre de Maître Cormier pour le prêt avec intérêt. Joseph faisait confiance, c'était le domaine du notaire.




Lorsque Joseph toucha au prêt se fut pour améliorer la maison de bois, il ajouta un étage supérieur où il pourrait éventuellement y placer des lits d'enfants. Il choisit également de s'offrir un chambre au premier niveau pour libérer la pièce à vivre où il ajouta une table de cuisine, des chaises. Il osa même "patenter" des meubles de salon.

*Le caribou est une boisson traditionnelle québécoise composée de vin rouge et d'alcool fort. On peut ensuite ajouter des aromates tel que des clous de girofle, de la cannelle et de la noix de muscade.

Ce jour-là, le Père Lacroix revint visiter Joseph. Dès les premières minutes, le bon curé ne put s'empêcher de rapporter certains ragots, rumeurs qui circulaient à son endroit. On disait au village que le jeune Dupuis était un travailleur acharné, qui n'avait pas peur du dur labeur! On disait aussi qu'il pouvait avoir quelques difficultés à tenir maison, et que l'entretien de sa jolie maison améliorée manquait d'assiduité.



Ces propos gênèrent terriblement Joseph qui n'avait jusqu'alors pas conscience de l'importance d'une maison bien rangée, nettoyée pour accueillir de la visite chez lui. Le Père Lacroix rassura le jeune cultivateur en lui disant que les gens s'inquiétaient surtout pour lui, que ses ragots c'étaient le signe que les gens du village l'avait maintenant confirmé comme un des leurs. Le curé expliqua à Joseph Dupuis, qu'un homme, une fois marié, pouvait compter sur le soutien de son épouse et de ses futurs-enfants sur la terre et dans la maison. En entendant ces mots, Joseph ne put s'empêcher de rougir.



Le Père Lacroix revint chez Joseph quelques plus tard en après-midi. Il n'était pas seul cette fois. Une jeune fille l'accompagnait. En les voyant arrivés, Joseph fût saisi d'effroi, mais qu'est-ce qu'il pourrait bien raconter à une jeune fille? Et pourquoi ce bon curé se mêlait-il de sa vie sentimentale tout à coup?!



Le Père Lacroix, à l'écart, discret, écoutait Delphine Tremblay, orpheline recueillie chez les Soeurs de la Providensim, entretenir la discussion avec un Joseph soulagé de n'avoir pas à conduire la discussion, lui qui n'avait jamais eu de conversation soutenue avec une jeune fille... Si ce n'est qu'avec la jeune Caron, l'autre soir chez les Brodeur.



D'ailleurs, Onésime Brodeur vint visiter Joseph Dupuis, le soir-même. Il ne venait pas seul, lui non plus... À croire que tout le village s'était donné le mot! Onésime Brodeur venait accompagné d'une lointaine cousine, Mlle Marguerite Fortin, une dame de trente ans, qui ne s'était jamais mariée car elle avait pris soin de ses frères et sœurs à la mort de sa mère d'une pneumonie.



Qu'est-ce qui avait pris à Onésime de venir le visiter avec sa cousine? Nous pouvons croire que le jeune Brodeur n'était pas dupe, il avait dû remarquer comment la jeune Philomène avait regardé Joseph lors de la visite de celui-ci. Onésime devait pensé à son avenir et à celui de son voisin et ami.



Joseph Dupuis n'avait pas dormi de la nuit! Mlle Marguerite, Delphine... Philomène... Comment était-ce possible que toutes ces femmes semblaient émouvoir son cœur d'homme célibataire, orphelin et seul? Le lendemain matin, à la première heure, Maître Cormier vint sonner à la porte de Joseph. Celui-ci venait récupérer le premier versement du remboursement de la dette qu'avait contracté Joseph auprès de lui. Joseph lui offrit tout ce qu'il possédait en économie, c'est-à-dire bien peu. Puis, troublé par le coût élevé des intérêts et tous les événements de la veille, Joseph monta sur Vaillant et galopa jusqu'au bout des terres du village pour mettre de l'ordre dans ses idées.

Descriptions des trois jeunes cavalières éventuelles de Joseph Dupuis :

Philomène Caron, vingt ans, est la promise d’Onésime Brodeur (voisin et ami de Joseph). Elle semble ressentir quelque chose pour Joseph. Elle est fille d’agriculteur et elle connaît le travail de la terre. Elle aime également très attachée à la valeur de la famille.

Mlle Marguerite Fortin, trente ans, est une lointaine cousine d’Onésime Brodeur (voisin et ami de Joseph). Elle ne s’est jamais mariée, elle est vieille fille, puisqu’elle s’est dévouée à ses jeunes frères et sœurs après la mort de sa mère. C’est une femme travaillante ayant le sens du devoir. Elle aime également les chevaux et l’équitation.

Delphine Tremblay, dix-huit ans, est une orpheline recueillie par les Sœurs de la Providensim. Elle vit depuis sa naissance au couvent où elle a appris à cuisiner. Elle a une charpente solide et elle sait offrir un effort soutenu pour des travaux de toutes sortes. Discrète, on ne connait que peu de choses sur elle…

Dès qu'ils se revirent, Joseph et Delphine sentirent leurs deux cœurs battre à l'unisson. Il ne faisait aucun doute dans l'esprit de Joseph que cette jeune femme allait devenir son aimée et qu'il la voulait comme compagne dans cette vie sur la terre.



Dès que le Père Lacroix eu le dos tourné, Joseph Dupuis enhardi par les doux sentiments qui l'envahissait osa embrasser Delphine qui n'attendait que cela depuis leur première rencontre quelques semaines plus tôt.



Puisque la jeune orpheline répondit positivement aux sentiments que Joseph lui exposait en l'embrassant tendrement, le jeune homme profita de ce doux moment pour demander la main de Delphine devant le regard approbateur du Père Lacroix, au loin.



Joseph Dupuis avait vendu de nombreuses cargaisons de légumes aux Frères Marchand pour dégoter une bague de fiançailles modeste, mais oh combien raffinée selon Delphine qui admira le diamant qui confirmait qu'elle avait trouvé cet homme qui allait devenir son époux!



Le Père Lacroix félicitait Joseph d'avoir écouté ses judicieux conseils et d'avoir demandé la main d'une jeune femme robuste du pays pour le soutenir avec la terre et pour fonder une famille que le vieux curé espérait nombreuse, heureuse et unie!



Joseph Dupuis âgé de vingt-sept ans convolait en justes noces avec Delphine Tremblay, âgée de dix-huit ans.



Ils arrivèrent à l'église Notre-Dame-des-Sims au centre du village de Saint-Simon. Joseph et Delphine étaient impatients de se marier maintenant qu'ils savaient qu'ils voulaient faire vie commune. Une grande aventure les attendaient.



Le premier invité arrivé sur les lieux fût le voisin et meilleur ami de Joseph. Onésime Brodeur était enchanté d'apprendre que son ami Joseph avait élu comme épouse cette charmante orpheline. On sentait chez Onésime un grand soulagement que Joseph n'ait pas eu l'audace, et possiblement "le front" de courtiser celle qu'Onésime espérait depuis des lustres.



Le Père Lacroix unit les jeunes gens en bénissant leur union pour qu'elle soit solide, heureuse et durable! Le pays avait besoin de jeunes couples amoureux et déterminés pour bâtir l'avenir! Les Dupuis le feraient de leurs mains en cultivant la terre, avec leur cœur en s'aimant et en peuplant leur coin de pays.



Le regard de Joseph posé sur Delphine était ému, on le sentait particulièrement fébrile à l'idée de vivre aux côtés d'une jeune femme qui lui sembla remplie de bonté et d'une beauté rare.



Les invités à leurs noces se réjouirent de ce mariage quelque peu hâtif. Le village se réjouissait à chacune des noces qu'on y célébrait cela scellait le destin et l'avenir de la communauté.



Devant cette union, Philomène Caron regardait Onésime Brodeur avec attendrissement. Celui-ci lui rendait ce regard amoureux. On sentait que ces deux-là n'attendraient pas longtemps avant de suivre le même chemin que leurs amis et voisins, les Dupuis.



Les amis de Joseph vinrent le féliciter chaleureusement! Ludger Marchand, le notaire, Onésime Brodeur: chacun y alla de son petit mot. Ludger Marchand venait d'épouser la veuve Exilda Boisvert qui avait emménager chez les frères Marchand avec son vieux père et sa fille adolescente. Ludger mit en garde Joseph des grandes joies du mariage et des défis qu'il comportait.



Le notaire de Saint-Simon, Maître Cormier félicita le jeune homme tout en lui rappelant que celui-ci avait des engagements à respecter concernant leurs attentes et que maintenant que Joseph était marié, il ne devait pas se laisser distraire.



Lorsque les mariés quittèrent l'église, Onésime Brodeur ne fit ni une ni deux se dirigea vers Philomène Caron et il déclara officiellement sa flamme et son ardent désir de l'épouser avant la fin de l'année. Philomène était aux anges que son jeune ami se déclare enfin! Elle commençait à désespérer qu'il ne le fasse un jour!



Arrivés à la ferme, Delphine intimidée laissa passer devant Joseph. Lorsqu'elle le vit de dos, avec ses larges épaules, elle sut que Joseph saurait porter ses responsabilités d'époux, de futur père sur ses solides épaules.



Joseph Dupuis enlaça sa toute nouvelle épouse. Tous les deux se sentaient nerveux et ne savaient pas trop à quoi s'attendre...



Cette nuit-là, Joseph et Delphine apprirent à se connaître plus intimement. Ils sentaient qu'ils vivraient heureux, ensemble, jusqu'au bout de la nuit... Jusqu'au bout de la vie.