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G8/ Chapitre 10 - Une hibernation contrariée
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Je passais beaucoup de temps dans la pièce que Caleb appelait l’antichambre, auprès de lui. Je lisais, jouais aux échecs ou m’installais moi-même sur mon ordinateur pendant qu’il travaillait tout près de moi. Il était loin le temps où mon mari m’avait presque chassée de la pièce pour pouvoir travailler en paix. A présent, il préférait me garder près de lui. Il trouvait que je l’apaisais et que son travail n’en était que plus excellent.
J’avais entamé la lecture du premier volume de l’Encyclopédie vampirique, il y a quelques jours seulement et j’étais déjà arrivée à la moitié de ce pavé fort passionnant.
Chaque jour, j’en apprenais davantage sur les vampires, leur histoire et leurs coutumes. Le protocole, ce protocole que je détestais parfois, surtout au moment des repas, faisait partie intégrante de leur vie éternelle afin de ne pas perdre tout repère.
L’ouvrage révélait aussi que la méditation obscure dont m’avait parlé Caleb, et la régénération dans le cercueil étaient essentielles pour un vampire, ceci afin qu’il ne perdre pas le contrôle de lui-même, ce qui pourrait s’avérer être désastreux. J’en avais fait les frais avant notre mariage...
Le livre parlait aussi de l’amour des vampires. Ceux-ci, au cours de leur existence ne serait amenés à aimer qu’une seule fois mais leur amour serait fort et puissant, et fidèle jusqu’à la fin.
Je refermai le livre pour ce soir.
- Je vais me coucher mon amour.
- D’accord.
- Tu ne me rejoins pas ?
- Pas encore. J’ai du travail à finir.
Caleb évitait une nouvelle fois de venir s’allonger près de moi.
- Qu’y a-t-il, Caleb ? Tu ne veux plus de moi ?
- Ne dis pas de bêtises. Je suis juste un peu fatigué, c’est tout.
Je décidai de ne pas insister.
- A demain alors.
Fatigué ? Il n’avait jamais été fatigué. Que se passait-il ?
Quelques soirs plus tard, je profitais d’un repas entre Caleb et ses enfants pour demander à Lilith de me rejoindre. Elle proposa de nous rencontrer près du bar « Le lama qui crie » à Windenburg.
- Ça avait l’air urgent. Qu’est-ce qu’il y a ?
- C’est Caleb. Allons-nous asseoir.
- Tu m’inquiète, là. Qu’est-ce qu’il a ? Il ne va pas bien ?
- Et bien, en fait, euh... Je ne sais pas trop.
Je tournais autour du pot, et Lilith s’en aperçut :
- Accouche, Rose !
- Je ne sais pas trop comment te dire ça...
- Et je suis un peu gênée... Je ne sais pas si tu sais mais Caleb a toujours été très... demandeur avec... et...
- Non, je ne sais pas. Je suis sa sœur ! Par contre je peux le deviner aisément. Je suis aussi un vampire ! Et ça te pose problème ? Au bout de deux ans ?
- Pas du tout. Je suis inquiète car depuis quelques jours, il trouve des excuses pour ne plus se coucher en même temps que moi... Il ne se passe plus rien... Je sais qu’il m’aime, Lilith. C’est forcément autre chose et j’espérais que tu pourrais m’éclairer.
Lilith changea de ton et je devinai, au timbre de sa voix, qu’elle était à présent inquiète pour son frère.
- Tu as vraiment eu le bon réflexe en venant m’en parler.
- Tu sais ce qu’il a ?
- Oui. Et c’est très grave. Il est en train de mourir.
- Non Lilith... Ce n’est pas possible... Caleb m’a toujours dit que vous étiez immortels, que rien ne pourrait vous arriver, ni à lui, ni à toi.
Je me refusai à croire que Caleb pouvait partir avant moi. Ce n’était pas prévu comme ça. Nous étions encore un jeune couple, plein d’avenir.
- Il existe certaines situations particulières où un vampire peut mourir, comme une exposition prolongée au soleil ou une immolation par le feu. En gros, nous pouvons brûler. Et ce ne sont que deux exemples.
- Mais là, ce n’est pas le cas...
- Non. Caleb avait fait promettre à toute la famille de ne pas t’en parler, mais je vais le faire et tant pis pour les conséquences. Il a besoin de plasma humain.
- Le plasma d’êtres vivants ? Mais vous m’aviez dit tous les deux que vous ne vous nourrissiez plus sur les humains depuis presque six cents ans....
- Disons que nous nous nourrissons sur des humains consentants. Pour Caleb et moi, c’est la famille. Nous avions jusqu’à il y a peu quatre personnes pour pourvoir à notre besoin. Mais les triplés vieillissent et ils sont maintenant trop faibles pour supporter une telle inquisition. Nous avons donc réuni un conseil de famille et pris la décision d’arrêter de nous nourrir de leur plasma. Il ne reste donc qu’Emmanuelle.
- Ce que tu dis parait tellement irréel...
Lilith ignora mon propos...
- Il faut savoir que nous avons besoin de deux poches de plasma humain par semaine et que ces deux poches sont le maximum que l’on puisse prendre à un humain sans le tuer...
- Et si je te suis bien, alors qu’ils étaient à quatre pour vous nourrir, Emmanuelle se retrouve maintenant toute seule.
- Voilà ! tu as tout compris. Mais il n’y a pas que ça. Emmanuelle ne pouvait fournir qu’une seule poche par personne. Caleb arrivait à résister, quoiqu’apparemment, pas tant que ça, vu ce que tu me racontes, mais moi, je me suis affaiblie, vraiment beaucoup.
- Tu as l’air bien pourtant...
- Maintenant oui. Mais pas à ce moment-là. Le jour où tu as croisé Samuel, il était venu à mon chevet. J’étais en train de mourir. Il m’a proposé son plasma, mais je l’ai refusé. Caleb a alors pris une décision indiscutable de chef de famille : moi seule bénéficierai du plasma d’Emmanuelle. Il m’avait assurée qu’il avait trouvé une autre solution mais vu ce que tu me dis, ce n’est pas le cas.
- Il n’y a plus personne pour le nourrir alors...
J’étais anéantie. Caleb devait s’affaiblir de jour en jour...
- Non, il va mourir
- Moi, je peux le faire ! Je peux lui donner mon plasma.
- Tu es folle ! Il va déjà se sentir trahi, je ne veux pas, en plus, lui mentir.
- Très bien. Mais pourquoi ne voulait-il pas que tu m’en parles ?
- Pour une raison évidente. Ce n’est pas anodin de prendre deux poches de plasma à une personne. D’abord, ça fait mal, très mal. Et puis après, tu es HS pendant douze ou vingt-quatre heures, très faible. N’espère même pas faire quoi que ce soit ensuite. Il faudra t’allonger, te reposer. C’est très contraignant.
- Quand on aime quelqu’un comme j’aime Caleb, rien n’est contraignant. Je m’adapterai, c’est tout.
- Tu as tout dit. C’est ce qu’on fait ses enfants et c’est ce que fait sa petite fille. Mais il y a aussi une compensation. Elle ne viendra pas tout de suite, certes, mais elle viendra.
- Laquelle ?
- Donner son plasma à un vampire est quelque chose de très fort, une communion, un lien intime, lorsque l’on y consent, bien sûr. C’est cette pratique qui fait que nous soyons tous si unis dans cette famille, en plus du reste, cela va de soi. Mais cela renforce les liens.
- Lilith, je veux vraiment aider Caleb. S’il meurt, je le suivrai.
- Nous sommes bien d’accord là-dessus. Je ne sais pas si mon frère mesure la chance qu’il a de t’avoir.
- Et il ne peut pas rester comme ça. Ce n’est pas lui. Je ne le reconnais pas.
- Nous ferons en sorte que cela n’arrive pas. Et si tu as le moindre souci avec lui, tu m’appelles. Mon frère peut être très borné parfois.
- Je le sais. Ne t’en fais pas, je t’appellerai. Je t’adore, Lilith.
Je me résolus à parler à Caleb deux soirs plus tard, avec tact, cela va de soi.
- Comment ça, tu te fais du souci pour moi ?
- Peux-tu admettre que tu n’es plus le même qu’avant ? Tu vois bien ce que je veux dire, non ? Au lit... Tu ne viens plus près de moi... Tu ne fais plus rien... Je suis renseignée. Tu es en train de mourir !
- Tu es drôlement bien informée...
- Mon chéri... Tu as la solution devant toi. Je serai ravie de te nourrir.
- Tu es complètement folle... Tu ne sais pas de quoi tu parles.
- Il se trouve que si. Je sais que ça fait mal. Ce n’est pas grave. Je t’aime suffisamment pour ça.
- C’est hors de question.
Cette fois, j’étais bien décidée à lui tenir tête.
- Je ne m’avouerai pas vaincue, je te préviens.
- Tu me préviens ? Tu n’as pas à me prévenir. Rose, moi, je t’ordonne de laisser tomber.
- Tu peux.
Ma réponse ne lui plut pas.
- Tu me provoques ?
- Non, chéri. Je t’aime. Et je m’inquiète aussi.
- J’ai une autre solution, Rose. Mais je ne veux pas que tu me nourrisses. Jamais.
- Caleb... Tu sous-estimes l’amour que j’ai pour toi.
J’avais bien senti que Caleb était perturbé par ma détermination. Son regard et le ton de sa voix ne me trompaient plus depuis longtemps. Il était touché.
Deux soirs plus tard, après avoir accueilli mon mari à seize heures, comme d’habitude, je l’avais vu descendre vers le sous-sol. Il m’avait demandé de ne pas l’attendre pour dîner et d’aller me coucher sans lui, ce que je fis.
Le lendemain matin, en me levant, je m’aperçus que Caleb n’avait pas dormi avec moi. Lorsque j’arrivai dans la cuisine, il n’y avait personne. Je m’étais alors dit qu’il était parti travailler mais le soir, à seize heures, il ne rentra pas... J’avais attendu trente minutes. Caleb n’était jamais en **bleep**. L’angoisse m’avait alors saisie. J’avais appelé son portable mais tombais immédiatement sur la messagerie. Et s’il était mort ? Quelque part, sans que nous ne nous soyons dit au revoir...
Puis, je réalisai soudain que peut-être, il n’avait pas quitté la maison... Je descendis au sous-sol. Je ne le vis pas mais je sus qu’il était là. De son cercueil s’échappait une émanation violette... Elle entourait le cercueil...
Je ne savais pas pourquoi mais j’avais le sentiment qu’il ne fallait pas y toucher... Pourtant, j’aurais tant voulu l’ouvrir, sortir Caleb de là... J’étais sa seule solution... Je m’étais résignée à le laisser dormir...
Mais vingt-quatre heures plus tard, Caleb était toujours là... Et il ne semblait pas vouloir sortir de là...
La situation était urgente. Je devais prévenir Lilith. Je lui campai tout de suite la situation.
- Lilith, je ne sais pas ce qu’il se passe...Caleb est dans son cercueil depuis trois jours... Oui... C’est bien ça. Une fumée violette.
Lilith me promit d’arriver très vite. Elle m’intima l’ordre de ne surtout pas ouvrir le cercueil. J’étais de plus en plus en anxieuse. Pourquoi Caleb dormait-il aussi longtemps ? Apparemment, Lilith semblait le savoir.
Elle arriva enfin.
- Rose... Est-ce que ça va ?
- Non... Je sens que vais le perdre...
- Il est entré en hibernation... Pour le moment, il ne risque rien.
Nous étions en train de discuter, Lilith et moi lorsque les trois enfants de Caleb arrivèrent.
Lilith les avait prévenus.
Tout avait l’air si facile, si naturel, pour eux. Ils baignaient dans cet univers depuis leur enfance.
Lilith se consacra donc à entrer en contact avec Caleb et nous laissa nous les quatre.
Cela dura plus d’une heure.
Elodie m’avait cédé sa place afin que je puisse être près de mon mari.
Pendant que nous discutions, le cercueil de Caleb s’était ouvert.
Caleb sortait de son hibernation, droit comme un piquet.
Et en effet :
- Je peux savoir pourquoi tu as troublé mon sommeil, Lilith ?
Lilith n’eut pas le temps de répondre. Je me précipitai vers Caleb.
Je me précipitai dans ses bras en pleurant.
Je n’arrivais plus à m’arrêter. La voix de Caleb était douce et apaisante.
Il me caressait le dos tout en me consolant.
Caleb ne répondit pas et se dirigea vers la famille.
« Se chamailler » ? J’avais pourtant l’impression que c’était beaucoup plus sérieux que cela.
Le frère et la sœur s’étaient calmés. Samuel prit alors la parole, très posément, suivi de Florent.
La conversation prenait une tournure inattendue. J’étais inquiète et Elodie aussi. Elle n’arrêtait pas de me regarder. Caleb ne parlait plus mais me regardait lui aussi. Je sentais que les fameuses sanctions tomberaient.
J’avais constaté que les femmes ne parlaient pas. Elles laissaient les hommes s’arranger entre eux. Sûrement un autre truc protocolaire familial.
En disant que sa vindicte tomberait sur quelqu’un, Caleb m’avait lancé un regard noir. Ce serait pour moi, je le savais. Toute la famille pensait, je crois, que Lilith prendrait le retour de bâton. Mais ce ne serait pas le cas.
Après les effusions de remerciements, Samuel et Lilith montrèrent leur joie autrement.
Je perçus le mécontentement de Caleb lorsque son regard croisa le mien. Elodie me regarda à nouveau. Elle savait, tout comme moi, que je serais celle sur qui s’abattrait la colère de Caleb. Peu importe. Je m’y étais préparée. La seule chose qui comptait pour moi était que mon mari soit en vie.
Nous les avions raccompagnés jusqu’à la porte. Caleb et moi nous retrouvâmes seuls. L’ambiance était tendue.
- Il va falloir qu’on règle ça, Rose. Je sais que tu le sais.
A suivre... 🙂
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