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Nathalie986
2 years agoSeasoned Ace
G4/ Chapitre 8 - Une union nocive (publié le 11 sept.2021)
Un soir, tandis que Quentin vaquait à ses occupations en bas et que je m’apprêtais à siroter une citronnade, je reçus un appel d’Elsa.
Spoiler
- Merci de ton invitation, Michèle. Ça me fait vraiment plaisir de te voir.

- Je te préviens, ce soir je teste un nouveau plat dont j’ai vu la recette sur Cuisine TV. J’espère que tu seras indulgente ave moi. Je n’ai pas eu le temps de faire autre chose.
- Evidemment ! Tu as déjà la gentillesse de nous inviter à dîner.

Tandis que je finissais la préparation de mon dîner, Céline était partie réquisitionner mon ordinateur et Elsa avait entraîné Quentin sur une partie d’échecs.
- Le repas est prêt. On peut se mettre à table quand vous voulez.

- Hum. Je ne sais pas ce que c’est mais ça a l’air très bon, Tatie !
- Moi non plus je ne sais pas ce que c’est. Tu peux m’expliquer cette drôle de mixture...

- C’est une soupe de palourdes.
- C’est délicieux Michèle. Et très fin, me complimenta Elsa.
- Ça ne m’inspire pas du tout.
Quentin avait l'air décidé à me pourrir la soirée...
Je pouvais sentir Quentin se tendre de plus en plus... Il ne touchait plus à son assiette.
- Tu en feras à la maison, dis, Maman ?
- Bien sûr. Si Tatie veut bien me donner la recette.

- Tu vas la donner, Tatie ?
- Bien sûr, ma chérie.
- Et bien moi je laisse tomber... lança sèchement Quentin en posant brutalement sa fourchette sur la table.

Je sentis que je me liquéfiais. Je pris une forte inspiration pour essayer de reprendre contenance tandis que Quentin allait jeter le contenu de son assiette dans la poubelle.
- Je suis vraiment désolée de cet incident Elsa.
- Tu n’as pas à être désolée. C’est moi qui le suis pour toi, malheureusement...

- Il ne faut pas. Je l’ai choisi comme mari après tout...
- Et ben, t’as dû te tromper alors, Tatie ! s’exclama Céline.
- Céline ! la reprit Elsa.

Il était temps pour Elsa et Céline de rentrer. Charles n’allait pas tarder à rentrer de son match et elles voulaient être là pour l’accueillir.
- Et n’oublie pas de m’envoyer ta recette par mail.

Nous entendîmes la sonnerie du micro-ondes.

- Reviens quand tu veux Elsa.
- Merci pour ce bon repas. Tu nous as gâtées.

Je décidais de laisser Quentin seul à table avec son plat micro-ondable et accompagnais ma belle-sœur et ma nièce jusqu’à la rue.
- Rentrez bien !

J’espérais rentrer ensuite dans la maison. Je ne voulais pas lui parler. Mais il m’apostropha.

- Qu’y a-t-il ?
- Approche !

- Tu me demandes ce qu’il y a ? As-tu vu ce que j’ai été obligé de manger à cause toi ? J’ai avalé une infâme bouchée de ton infâme soupe. Et j’ai fini ensuite par un plat tout prêt !

- C’est inadmissible.
- En quoi est-ce ma faute ?

- Et pour combler le tout, tu m’as fait honte devant Elsa et cette morveuse !
- Je rêve, là !

- Tu n’as pas intérêt à me refaire un coup pareil !
- C’en est trop ! Je vais me coucher...

- Tu ne vas nulle part sans moi.

- Je t’ai dit ce que j’avais à te dire. Maintenant c’est fini. Tu veux aller te coucher ?
- Oui, j’ai sommeil. J’aimerais dormir.

- Allez viens-là. Nous allons nous coucher ensemble.

Je suivis donc Quentin jusqu’à la chambre.
- Quelques câlins te feront le plus grand bien.
- Je sais mon chéri mais ce soir, je suis vraiment très fatiguée...

- Fatiguée de quoi ? Tu devrais t’estimer heureuse que je veuille de toi après le fiasco de ce soir ! Alors ne me fais pas attendre !

Je pliais une nouvelle fois devant la violence verbale de mon mari.

Et lorsque ce fut fini pour lui, ça ne l’était pas encore pour moi...
- Je suis désolée...
- Désolée ? Tu m’auras tout fait ce soir !

- Je t’ai dit que j’étais fatiguée...
- Hors de ma vue où je risque de m’énerver ! Je vais dormir tout seul. Va-t’en !

C’est ainsi que je dus quitter ma propre chambre comme si j’étais une étrangère dans ma maison.

Et pendant que mon mari dormait paisiblement, probablement inconscient du mal qu’il me faisait, je pris place sur mon canapé et finit moi aussi par m’endormir.

Il me réveilla vers cinq ou six heures du matin. Le jour n’était pas encore levé et j’avais si peu dormi que j’avais du mal à savoir quelle heure il était exactement. Mais il était tôt.
- Quoi ?! Mais c’est une blague ! Michèèèle !

Il hurlait tellement... J’essayais de refaire surface en me demandant ce qui se passait.
- Lève-toi !

- En plus d’avoir une mauvaise cuisinière et une mauvaise amante comme épouse, j’ai aussi une faignasse ! J’ai gagné le gros lot avec toi.

- Tu manques à tous tes devoirs. La vaisselle d’hier soir est restée dehors toute la nuit et tu ne m’as même pas préparé mon petit déjeuner !

- Tu mériterais une bonne leçon !

- Au lieu de ça, je vais te laisser une deuxième chance. Va débarrasser la table et prépare-moi quelque chose de décent pour le petit déjeuner. Je vais aller faire un peu de sport en attendant. Ça va me calmer.

Je nageais en plein cauchemar...

A moitié endormie, j’entrepris donc de débarrasser la table.

Et de préparer le petit déjeuner de Monsieur. Comment avais-je pu en arriver là ? J’étais prisonnière d’un mariage malheureux. Comment n’avais-je pu voir avant ce qui se tramait ? Quentin avait une emprise immense sur moi et je n’arrivais pas à m’en défaire. Je savais que je ne l’aimais plus. Je ne le respectais plus non plus, comment dans ce cas l’amour aurait-il été possible. J’avais peur de lui, de ses réactions et je le haïssais de faire de moi une petite fille apeurée et sans défense.

Comment allais-je me sortir de cette situation ? J’y étais tellement enlisée que cela me paraissait insurmontable.

- Eh bien voilà ! Je constate que tu as fait ce que je t’ai demandé. C’est bien.

- Nous allons enfin pouvoir prendre le petit déjeuner.
- Je n’ai pas très faim...

- Très bien mais ne compte pas aller où que ce soit. Tu vas t’assoir avec moi à table.

- Et si je n’ai pas envie ? J’ai juste envie de dormir, moi ! Et je commence à en avoir assez que tu me donnes des ordres !
- Je te conseille d’arrêter très vite de me hurler dessus et de venir t’asseoir. Tu risques sinon de me voir vraiment en colère.
- Est-ce que tu comprends pourquoi je m’énerve ainsi après toi ?
- Non. Comment pourrais-je comprendre ? J’ai le cerveau d’une secrétaire après tout !

- C’est bien là le problème... Si je te fais tous ces reproches, c’est pour ton bien.
- Pour mon bien ?

J’avais sûrement avalé des hallucinogènes durant la nuit. Je ne pouvais pas réellement entendre ce que je venais d’entendre. Mais je n’étais pas au bout de mes surprises...
- Tout à fait. Tu éviteras ainsi de reproduire les mêmes erreurs. J’arriverai ainsi à te magnifier.
- Tu me fais marcher ?

- Ma chérie, je veux faire de toi ma femme idéale.

Mais comment avais-je pu l’épouser ? Il est complètement fou...

Une demi-heure après, Quentin était douché et partait travailler.

Je commençai par nettoyer le bazar que Céline avait mis hier soir dans le bureau. Heureusement que mon cher époux n’avait pas vu cela. Il faudrait que j’en parle à Elsa.

Puis j’allai me détendre dans la piscine.
Je restai quelques instants ainsi, sur le dos, pour me vider la tête...

...puis je fis quelques longueurs avant d’aller dans mon sauna. J’y passais une bonne heure au milieu des vapeurs bienfaisantes de l’encens sans penser à rien. Je m’assoupis même quelques instants.

Lorsque j’eus fini, je ne pris même pas la peine de m’habiller et j’allai me préparer à déjeuner.

J’étais tranquille, j’étais seule. J’avais décidé de manger devant la télé et je pouvais le faire. Que demander de plus ? Le fait de me rendre tous les dimanches au centre de bien-être me permettait de penser ainsi et surtout de surmonter les moments difficiles auxquels j’avais à faire face à la maison. Je discutais beaucoup de techniques de relaxation avec le masseur, la prof de yoga ou la diététicienne. Toutes ces personnes m’aidaient, sans même le savoir, à gérer ma vie si misérable. Mon propre espace de bien-être au fond du jardin me permettait lui aussi d’évacuer mon stress et de me sentir mieux.

J’en étais à ce point de mes pensées lorsqu’on frappa à ma porte. Qui venait donc me déranger ? Je n’avais envie de voir personne.

- Ça faisait un moment que tu n’étais pas venu. Je heureuse de te voir.
- Moi aussi. J’ai vu Elsa ce matin...

- Oh Olivier ! Serre-moi fort !
- Que t’a-t-il fait, Michèle ? Dis-le-moi.

- Que s’est-il passé quand Elsa est partie hier soir ?
- Viens t’asseoir. Je vais t’expliquer.

Et je lui expliquai. Mon frère ne m’interrompit pas.

Mais lorsque j’eus fini...
- Ton mari est un pauvre type. Pour l’instant il ne t’a pas frappée mais ça pourrait arriver.
- Tu vas un peu loin, là...

Je lui cachai que Quentin m’avait pourtant menacée à plusieurs reprises...
- Je ne suis pas tranquille. En tous cas, il ne vaudrait mieux pas que je le croise parce que je serais capable de lui mettre mon poing dans la figure !
- Dans ce cas, je te conseille de partir. Il ne va pas tarder à rentrer du bureau et je ne tiens pas à voir mon frère frapper mon mari !
Olivier resta quelques instants discuter avec moi puis s’en alla. Ma soirée avec Quentin se passa, cette fois-là dans le calme et sans heurt. J’allais pouvoir dormir sur mes deux oreilles cette nuit.
Claire, Amandine et Elsa n’avaient pas l’air enchantées du tout car elles savaient que j’avais besoin de parler et que j’avais aussi besoin de conseils. Avec Rose dans les pattes, elles ne pourraient pas m’apporter leur soutien. Pourtant elles jouaient le jeu.
Il me semblait évident que c’était Quentin qui avait envoyé sa sœur ici pour me surveiller. Je lui avais clairement dit où j’allais ce soir et avec qui. Il avait d’ailleurs presque fallu que je lui demande l’autorisation de sortir. Il avait donc forcément invité sa sœur à nous rejoindre... J’étais furieuse !
Amandine me chuchota un « désolée ! » mais je savais qu’elles n’y étaient pour rien.

(Michèle) - Je suis très heureuse de te voir ! Le hasard fait parfois bien les choses, hein les filles ?
(Amandine) - Carrément !
(Rose) - Moi aussi ! Cela fait un bail ! Il faut dire que Quentin ne m’invite jamais chez vous. Il préfère venir me voir, me dit-il.
(Claire) - Tiens donc !
(Elsa) - On en apprend tous les jours...

Claire réussit à m’éloigner de Rose sous un prétexte on ne peut plus discutable. Pendant ce temps, Amandine et Elsa s’occupaient de lui faire la conversation.
- C’est Quentin qui l’a envoyée ici, je le sais !
- Moi aussi je le sais. Aucune de nous n’est sotte. Mais on doit faire mine de croire au hasard, Michèle...

J’aperçus Charlotte au bar. Nous nous fîmes un geste de la main. Elle était avec ses amis et moi, avec les miens. Nous nous verrions plus tard au boulot.
- Il faut te calmer et sourire Michèle. Tu as très bien fait de lui dire que tu étais heureuse de la voir. Continue ainsi.
- Mais ce n’est pas la soirée qu’on voulait...

- Non mais il y en aura d’autres...
- A condition de mentir à Quentin et de ne pas lui dire où je vais... J’en ai marre de devoir lui rendre compte en permanence...

- Essaye de profiter de ta soirée et fais abstraction de Rose, d’accord ?
- D’accord !

- D’ailleurs je voulais te parler de quelque chose. Tu te souviens de Bastien ?
- Bien sûr ! C’était ton petit ami à l’adolescence ! Qu’est-ce qu’il était gentil !

Rose arriva et nous ne pûmes continuer notre conversation. Je regardai ma sœur, l’air entendu...
- Alors les filles ? Tout va bien ?
- Très bien tu vois ! On a un verre à la main et une petite conversation entre sœur. C’est donc parfait ! lui répondit Claire.

Mais Rose ne comprit pas et resta avec moi pour discuter. C’est à ce moment-là que Charles arriva.
- Michèle ! Comment ça va sœurette ?

- On ne peut mieux. Ça ne se voit pas ?
- Non. Ce n’est pas flagrant.

La soirée avançait et il y avait de plus en plus de monde au comptoir. C’est à ce moment-là que j’aperçus Bastien. Je me suis même fait la réflexion que si Charlotte avait su notre super agent si proche d’elle, elle aurait été folle !

Rose continuait à me parler mais je ne l’entendais plus. Je n’avais d’yeux que pour Bastien.

Mais c’était pire que cela : mon cœur s’était emballé de liesse. Bastien ne m’avait pas vue...
- Tu ne m’écoutes plus, là... Que regardes-tu avec tant d’intérêt ? me dit Rose.

Claire, qui n’avait pas perdu un mot de notre conversation, vint à mon secours :
- Michèle, ce ne serait pas Marina, notre vieille copine de classe ? Elle est drôlement affublée maintenant, tu ne trouves pas ?
- C’est sûr ! Je ne sais pas comment elle était avant mais votre copine a un drôle de look !

Je vis Claire se retourner. J’imagine qu’elle voulait voir qui était l’objet de mon attention. Je sais qu’elle comprit.
- Chapeau de paille et cravate, c’est de très mauvais goût !
- Tout à fait !

Je sais que Claire avait repéré Bastien. Et alors que Charles s’était mis à discuter avec Rose, ma sœur me parla en langage codé mais très clair pour nous.
- Il faudrait peut-être essayer avant de critiquer. Qu’en penses-tu Michèle ?

Claire me suggérait clairement une aventure extraconjugale avec Bastien.
- Tu es sérieuse ?
- Très sérieuse.

- Nous verrons ça...
- Ne l’écoute pas... Je suis sûr que ce look ne t’irait pas, me conseilla Rose qui n’avait rien compris.

Je partis d’un gros éclat de rire tout en regardant Bastien. J’étais tellement heureuse qu’il soit là mais il ne me voyait pas. Il ne tournait même pas la tête dans ma direction mais je l’aperçus en train de discuter avec Elsa.

J’essayai de tendre l’oreille l’air de rien mais je n’arrivai pas à entendre ce qu’ils disaient.
- Tu es venue avec ton mari à ce que j’ai vu.
- Mais pas que... C’était une soirée entre filles à l’origine. Nous sommes ici pour ma belle-sœur Michèle. Elle a de gros problèmes de couple. On voulait lui remonter le moral.

Par contre, alors que je tournai la tête, je sentis le regard de Bastien se poser sur moi et plonger directement dans le mien. Mes jambes se ramollissaient... Et, de nouveau mon cœur s’emballa.

J’aurais tellement désiré qu’il discutât avec moi. Les réactions que j’éprouvais envers lui me dépassaient. Pourtant nous étions très proches. Même Claire semblait voir ce lien invisible qui nous liait l’un à l’autre :
- Va lui parler. Il ne te rejettera pas. Ça se voit comme le nez au milieu de la figure.

- Ne t’en fais pas. Je te demande juste de me couvrir le cas échéant. Tu expliqueras ça à Charles et à nos belles-sœurs...

Et Bastien se retourna vers moi. D’un regard il me fit comprendre de nous rejoindre hors du bar.

Je le devançai...

... puis entendis sa voix quelques minutes après :
- J’ai cru que nous n’allions jamais pouvoir nous parler...
- Moi non plus. Il y avait trop de monde. Et surtout Charlotte mais aussi la sœur de Quentin. D’ailleurs, j’ai perdu Rose de vue.

- Je les ai repérées toutes les deux. Pas d’inquiétude. Rose est partie aux toilettes et Charlotte était tellement occupée avec ses prétendants qu’elle n’a pas fait attention à nous.
- Tu remarques vraiment tout...

- La force de l’habitude. Tu feras bientôt comme moi, j’en suis sûr !
- Peut-être mais je ne suis pas encore à ton niveau. Au fait, je ne savais pas que tu connaissais ma belle-sœur Elsa...

- Nous avons travaillé ensemble il y a quelques semaines. Tu sais bien que je travaille officieusement dans la sécurité... C’est une femme charmante et un flic très compétent.
- Ne m’en dis pas plus s’il te plaît...

- Pourtant je vais t’en dire plus parce que tu te méprends. Tu as tellement l’habitude de ne pas avoir confiance en un homme, que tu imagines que nous sommes tous semblables.

- Mais non !
- Bien sûr que si ! En plus j’ai une réputation de don juan parmi les femmes de l’agence alors que je peux t’assurer qu’elle est contrefaite.

- J’ai pourtant entendu des choses à ton sujet...
- Et tu en entendras encore ! Mais je te promets que jamais je n’ai couché avec une de mes partenaires. Allons-nous asseoir plus loin, tu veux bien ?

- Michèle... Je ne veux pas te mentir. Je tiens beaucoup trop à toi pour cela. J’ai eu beaucoup d’aventures, parce que, comme tout le monde j’ai des besoins. Mais jamais avec une partenaire dans le travail.
- Tu n’as jamais eu envie de te marier ?

- Jamais. Il faut être vraiment amoureux pour cela. Et mon amour, je l’ai perdue il y a longtemps.
- Tu l’as perdue ?

Ses paroles me bouleversaient indubitablement. Je n’étais pas sans ignorer qu’il parlait de moi...
- Et si nous allions chez moi pour continuer à converser ? Il commence à faire frais...
- Au point où nous en sommes... Allons-y !

Je ne pensais même plus à Quentin ni à la colère qui pourrait l’animer en me voyant rentrer si tard. Je n’avais qu’une seule envie : prolonger ces instants avec Bastien.
- Nous savons tous les deux que tu parlais de moi tout à l’heure...
- Bien sûr. Mais je ne t’en veux pas. Tu aimais quelqu’un d’autre...

- Tu as employé le passé. C’est là le plus important. Je l’aimais...
Je commençais à raconter à Bastien tout ce qui s’était passé depuis mon mariage avec Quentin. Je lui avais déjà donné beaucoup d’explications mais cette fois, je ne cachais aucun détail. Pourtant, Bastien en savait déjà largement plus qu’Olivier avant sa dernière visite. Maintenant, tout le monde savait tout...

- Voilà, je crois que je t’ai tout dit.
- Et j’en suis heureux. J’aimerais qu’on ne se cache rien toi et moi...

Je sentis la main de Bastien se poser sur la mienne... J’essayai de garder le contrôle mais ce fut très difficile...
- Alors, tu vois, ma vie est assez compliquée en ce moment...
- Michèle... Nous sommes en train de parler sentiments, non ? Ou alors je me trompe ?

- Non, tu ne te trompes pas...
- Et tu es ici, avec moi, dans MA maison... Pas à la planque... Nous sommes ici dans notre vie réelle.

- Oui Bastien.
- Alors qu’est-ce qui nous empêche d’être toujours ensemble ?

Je relâchai sa main...
- Je suis toujours mariée, malheureusement...
- Michèle... Je crois que tu n’es pas dupe et que tu sais très bien quels sont mes sentiments à ton égard...

- Je les connais oui. Et depuis ce soir, j’en suis sûre...
- Je t’aime... Je t’aime depuis toujours. Et j’ai envie que tu le saches...

- Je le sais... Moi aussi je t’aime... Je le sais maintenant.
- Tu en as mis du temps...

- Un temps fou avant de savoir ce qu’était l’amour...
- J’ai tellement attendu ces mots de ta part, mon amour...

- Mais nous devons attendre un peu. Je ne veux pas être une femme infidèle... Je me maudirais...
- C’est tout à ton honneur même si ton mari ne te mérite pas. Mais ce n’est pas à moi d’en juger car c’est pour ce genre de détails que je t’aime depuis si longtemps.

Avant que je ne parte, Bastien me serra si fort dans ses bras que je faillis m’étouffer. Et j’aurais aimé qu’il me serrât encore plus fort. Pourquoi n’était-ce pas lui que je pris pour époux, lui que j’aimais tant et que j’avais tant aimé sans le savoir. Cela me semblait tellement évident maintenant.

Lorsque je rentrai, j’avais encore la tête pleine de la soirée que je venais de passer.

Je m’aperçus que Quentin était derrière la fenêtre de la cuisine. Il devait attendre mon retour.
Elle me demandait si elle pouvait venir avec Céline. Elle m’expliqua que Charles était parti jouer un match un peu loin et qu’elles étaient toutes seules. J’étais ravie de l’appel de ma belle-sœur et les invitais même à dîner toutes les deux.


- Merci de ton invitation, Michèle. Ça me fait vraiment plaisir de te voir.

- Je te préviens, ce soir je teste un nouveau plat dont j’ai vu la recette sur Cuisine TV. J’espère que tu seras indulgente ave moi. Je n’ai pas eu le temps de faire autre chose.
- Evidemment ! Tu as déjà la gentillesse de nous inviter à dîner.

Tandis que je finissais la préparation de mon dîner, Céline était partie réquisitionner mon ordinateur et Elsa avait entraîné Quentin sur une partie d’échecs.
- Le repas est prêt. On peut se mettre à table quand vous voulez.

- Hum. Je ne sais pas ce que c’est mais ça a l’air très bon, Tatie !
- Moi non plus je ne sais pas ce que c’est. Tu peux m’expliquer cette drôle de mixture...

- C’est une soupe de palourdes.
- C’est délicieux Michèle. Et très fin, me complimenta Elsa.
- Ça ne m’inspire pas du tout.
Quentin avait l'air décidé à me pourrir la soirée...
- Goûte au moins, l'encourageai-je, dans l'espoir qu'il n'y ait pas d'esclandre, ce soir.

Il en prit une bouchée.
- Moi aussi je trouve ça très bon, Tatie, s'exclama Céline.
- Moi aussi je trouve ça très bon, Tatie, s'exclama Céline.
Pourtant, ce n'était pas un plat pour les enfants. J'étais enchantée de la voir se régaler.
- Comment as-tu fait ?
- Comment as-tu fait ?
Elsa aussi, semblait apprécier.

- Le secret est de bien faire revenir les palourdes avec de l’ail et du persil.


- Le secret est de bien faire revenir les palourdes avec de l’ail et du persil.

Je pouvais sentir Quentin se tendre de plus en plus... Il ne touchait plus à son assiette.
- Tu en feras à la maison, dis, Maman ?
- Bien sûr. Si Tatie veut bien me donner la recette.

- Tu vas la donner, Tatie ?
- Bien sûr, ma chérie.
- Et bien moi je laisse tomber... lança sèchement Quentin en posant brutalement sa fourchette sur la table.
Il se leva brusquement...
- Je trouve ça immangeable. Tes invitées sont trop polies.
Je sentis que je me liquéfiais. Je pris une forte inspiration pour essayer de reprendre contenance tandis que Quentin allait jeter le contenu de son assiette dans la poubelle.
- Je suis vraiment désolée de cet incident Elsa.
- Tu n’as pas à être désolée. C’est moi qui le suis pour toi, malheureusement...

- Il ne faut pas. Je l’ai choisi comme mari après tout...
- Et ben, t’as dû te tromper alors, Tatie ! s’exclama Céline.
- Céline ! la reprit Elsa.

Il était temps pour Elsa et Céline de rentrer. Charles n’allait pas tarder à rentrer de son match et elles voulaient être là pour l’accueillir.
- Et n’oublie pas de m’envoyer ta recette par mail.

Nous entendîmes la sonnerie du micro-ondes.

- Reviens quand tu veux Elsa.
- Merci pour ce bon repas. Tu nous as gâtées.

Je décidais de laisser Quentin seul à table avec son plat micro-ondable et accompagnais ma belle-sœur et ma nièce jusqu’à la rue.
- Rentrez bien !

J’espérais rentrer ensuite dans la maison. Je ne voulais pas lui parler. Mais il m’apostropha.

- Qu’y a-t-il ?
- Approche !

- Tu me demandes ce qu’il y a ? As-tu vu ce que j’ai été obligé de manger à cause toi ? J’ai avalé une infâme bouchée de ton infâme soupe. Et j’ai fini ensuite par un plat tout prêt !

- C’est inadmissible.
- En quoi est-ce ma faute ?

- Et pour combler le tout, tu m’as fait honte devant Elsa et cette morveuse !
- Je rêve, là !

- Tu n’as pas intérêt à me refaire un coup pareil !
- C’en est trop ! Je vais me coucher...

- Tu ne vas nulle part sans moi.

- Je t’ai dit ce que j’avais à te dire. Maintenant c’est fini. Tu veux aller te coucher ?
- Oui, j’ai sommeil. J’aimerais dormir.

- Allez viens-là. Nous allons nous coucher ensemble.

Je suivis donc Quentin jusqu’à la chambre.
- Quelques câlins te feront le plus grand bien.
- Je sais mon chéri mais ce soir, je suis vraiment très fatiguée...

- Fatiguée de quoi ? Tu devrais t’estimer heureuse que je veuille de toi après le fiasco de ce soir ! Alors ne me fais pas attendre !

Je pliais une nouvelle fois devant la violence verbale de mon mari.

Et lorsque ce fut fini pour lui, ça ne l’était pas encore pour moi...
- Je suis désolée...
- Désolée ? Tu m’auras tout fait ce soir !

- Je t’ai dit que j’étais fatiguée...
- Hors de ma vue où je risque de m’énerver ! Je vais dormir tout seul. Va-t’en !

C’est ainsi que je dus quitter ma propre chambre comme si j’étais une étrangère dans ma maison.

Et pendant que mon mari dormait paisiblement, probablement inconscient du mal qu’il me faisait, je pris place sur mon canapé et finit moi aussi par m’endormir.

Il me réveilla vers cinq ou six heures du matin. Le jour n’était pas encore levé et j’avais si peu dormi que j’avais du mal à savoir quelle heure il était exactement. Mais il était tôt.
- Quoi ?! Mais c’est une blague ! Michèèèle !

Il hurlait tellement... J’essayais de refaire surface en me demandant ce qui se passait.
- Lève-toi !

- En plus d’avoir une mauvaise cuisinière et une mauvaise amante comme épouse, j’ai aussi une faignasse ! J’ai gagné le gros lot avec toi.

- Tu manques à tous tes devoirs. La vaisselle d’hier soir est restée dehors toute la nuit et tu ne m’as même pas préparé mon petit déjeuner !

- Tu mériterais une bonne leçon !

- Au lieu de ça, je vais te laisser une deuxième chance. Va débarrasser la table et prépare-moi quelque chose de décent pour le petit déjeuner. Je vais aller faire un peu de sport en attendant. Ça va me calmer.

Je nageais en plein cauchemar...

A moitié endormie, j’entrepris donc de débarrasser la table.

Et de préparer le petit déjeuner de Monsieur. Comment avais-je pu en arriver là ? J’étais prisonnière d’un mariage malheureux. Comment n’avais-je pu voir avant ce qui se tramait ? Quentin avait une emprise immense sur moi et je n’arrivais pas à m’en défaire. Je savais que je ne l’aimais plus. Je ne le respectais plus non plus, comment dans ce cas l’amour aurait-il été possible. J’avais peur de lui, de ses réactions et je le haïssais de faire de moi une petite fille apeurée et sans défense.

Comment allais-je me sortir de cette situation ? J’y étais tellement enlisée que cela me paraissait insurmontable.

- Eh bien voilà ! Je constate que tu as fait ce que je t’ai demandé. C’est bien.

- Nous allons enfin pouvoir prendre le petit déjeuner.
- Je n’ai pas très faim...

- Très bien mais ne compte pas aller où que ce soit. Tu vas t’assoir avec moi à table.

- Et si je n’ai pas envie ? J’ai juste envie de dormir, moi ! Et je commence à en avoir assez que tu me donnes des ordres !
- Je te conseille d’arrêter très vite de me hurler dessus et de venir t’asseoir. Tu risques sinon de me voir vraiment en colère.

Sa voix se radoucit soudainement :
- Allez, assieds-toi ma chérie. Tu vas me tenir compagnie.

- Allez, assieds-toi ma chérie. Tu vas me tenir compagnie.

- Est-ce que tu comprends pourquoi je m’énerve ainsi après toi ?
- Non. Comment pourrais-je comprendre ? J’ai le cerveau d’une secrétaire après tout !

- C’est bien là le problème... Si je te fais tous ces reproches, c’est pour ton bien.
- Pour mon bien ?

J’avais sûrement avalé des hallucinogènes durant la nuit. Je ne pouvais pas réellement entendre ce que je venais d’entendre. Mais je n’étais pas au bout de mes surprises...
- Tout à fait. Tu éviteras ainsi de reproduire les mêmes erreurs. J’arriverai ainsi à te magnifier.
- Tu me fais marcher ?

- Ma chérie, je veux faire de toi ma femme idéale.

Mais comment avais-je pu l’épouser ? Il est complètement fou...

Une demi-heure après, Quentin était douché et partait travailler.

Je commençai par nettoyer le bazar que Céline avait mis hier soir dans le bureau. Heureusement que mon cher époux n’avait pas vu cela. Il faudrait que j’en parle à Elsa.

Puis j’allai me détendre dans la piscine.
Je restai quelques instants ainsi, sur le dos, pour me vider la tête...

...puis je fis quelques longueurs avant d’aller dans mon sauna. J’y passais une bonne heure au milieu des vapeurs bienfaisantes de l’encens sans penser à rien. Je m’assoupis même quelques instants.

Lorsque j’eus fini, je ne pris même pas la peine de m’habiller et j’allai me préparer à déjeuner.

J’étais tranquille, j’étais seule. J’avais décidé de manger devant la télé et je pouvais le faire. Que demander de plus ? Le fait de me rendre tous les dimanches au centre de bien-être me permettait de penser ainsi et surtout de surmonter les moments difficiles auxquels j’avais à faire face à la maison. Je discutais beaucoup de techniques de relaxation avec le masseur, la prof de yoga ou la diététicienne. Toutes ces personnes m’aidaient, sans même le savoir, à gérer ma vie si misérable. Mon propre espace de bien-être au fond du jardin me permettait lui aussi d’évacuer mon stress et de me sentir mieux.

J’en étais à ce point de mes pensées lorsqu’on frappa à ma porte. Qui venait donc me déranger ? Je n’avais envie de voir personne.

- Ça faisait un moment que tu n’étais pas venu. Je heureuse de te voir.
- Moi aussi. J’ai vu Elsa ce matin...

- Oh Olivier ! Serre-moi fort !
- Que t’a-t-il fait, Michèle ? Dis-le-moi.

- Que s’est-il passé quand Elsa est partie hier soir ?
- Viens t’asseoir. Je vais t’expliquer.

Et je lui expliquai. Mon frère ne m’interrompit pas.

Mais lorsque j’eus fini...
- Ton mari est un pauvre type. Pour l’instant il ne t’a pas frappée mais ça pourrait arriver.
- Tu vas un peu loin, là...

Je lui cachai que Quentin m’avait pourtant menacée à plusieurs reprises...
- Je ne suis pas tranquille. En tous cas, il ne vaudrait mieux pas que je le croise parce que je serais capable de lui mettre mon poing dans la figure !
- Dans ce cas, je te conseille de partir. Il ne va pas tarder à rentrer du bureau et je ne tiens pas à voir mon frère frapper mon mari !
Olivier resta quelques instants discuter avec moi puis s’en alla. Ma soirée avec Quentin se passa, cette fois-là dans le calme et sans heurt. J’allais pouvoir dormir sur mes deux oreilles cette nuit.

Quelques temps plus tard, Claire me donne rendez-vous au Velours Bleu pour une soirée entre filles. Au téléphone, elle m’avait annoncée Amandine et Elsa mais j’eus la (mauvaise) surprise de voir débarquer Rose, la sœur de Quentin. Non seulement, je n’avais pas envie qu’elle me fasse l’éloge de son frère toute la soirée mais en plus, je ne pourrai pas parler librement avec ma sœur et mes belles-sœurs !
- Rose ! Tu es là ? Quelle bonne surprise !
- Oui, j’ai croisé ta famille devant le bar !
- Et Rose s’est dit que ce serait sympa si elle se joignait à nous...
- C’est une bonne idée, n’est-ce pas ?

- Rose ! Tu es là ? Quelle bonne surprise !
- Oui, j’ai croisé ta famille devant le bar !
- Et Rose s’est dit que ce serait sympa si elle se joignait à nous...
- C’est une bonne idée, n’est-ce pas ?

Claire, Amandine et Elsa n’avaient pas l’air enchantées du tout car elles savaient que j’avais besoin de parler et que j’avais aussi besoin de conseils. Avec Rose dans les pattes, elles ne pourraient pas m’apporter leur soutien. Pourtant elles jouaient le jeu.
Il me semblait évident que c’était Quentin qui avait envoyé sa sœur ici pour me surveiller. Je lui avais clairement dit où j’allais ce soir et avec qui. Il avait d’ailleurs presque fallu que je lui demande l’autorisation de sortir. Il avait donc forcément invité sa sœur à nous rejoindre... J’étais furieuse !
Amandine me chuchota un « désolée ! » mais je savais qu’elles n’y étaient pour rien.

(Michèle) - Je suis très heureuse de te voir ! Le hasard fait parfois bien les choses, hein les filles ?
(Amandine) - Carrément !
(Rose) - Moi aussi ! Cela fait un bail ! Il faut dire que Quentin ne m’invite jamais chez vous. Il préfère venir me voir, me dit-il.
(Claire) - Tiens donc !
(Elsa) - On en apprend tous les jours...

Claire réussit à m’éloigner de Rose sous un prétexte on ne peut plus discutable. Pendant ce temps, Amandine et Elsa s’occupaient de lui faire la conversation.
- C’est Quentin qui l’a envoyée ici, je le sais !
- Moi aussi je le sais. Aucune de nous n’est sotte. Mais on doit faire mine de croire au hasard, Michèle...

J’aperçus Charlotte au bar. Nous nous fîmes un geste de la main. Elle était avec ses amis et moi, avec les miens. Nous nous verrions plus tard au boulot.
- Il faut te calmer et sourire Michèle. Tu as très bien fait de lui dire que tu étais heureuse de la voir. Continue ainsi.
- Mais ce n’est pas la soirée qu’on voulait...

- Non mais il y en aura d’autres...
- A condition de mentir à Quentin et de ne pas lui dire où je vais... J’en ai marre de devoir lui rendre compte en permanence...

- Essaye de profiter de ta soirée et fais abstraction de Rose, d’accord ?
- D’accord !

- D’ailleurs je voulais te parler de quelque chose. Tu te souviens de Bastien ?
- Bien sûr ! C’était ton petit ami à l’adolescence ! Qu’est-ce qu’il était gentil !

Rose arriva et nous ne pûmes continuer notre conversation. Je regardai ma sœur, l’air entendu...
- Alors les filles ? Tout va bien ?
- Très bien tu vois ! On a un verre à la main et une petite conversation entre sœur. C’est donc parfait ! lui répondit Claire.

Mais Rose ne comprit pas et resta avec moi pour discuter. C’est à ce moment-là que Charles arriva.
- Michèle ! Comment ça va sœurette ?

- On ne peut mieux. Ça ne se voit pas ?
- Non. Ce n’est pas flagrant.

La soirée avançait et il y avait de plus en plus de monde au comptoir. C’est à ce moment-là que j’aperçus Bastien. Je me suis même fait la réflexion que si Charlotte avait su notre super agent si proche d’elle, elle aurait été folle !

Rose continuait à me parler mais je ne l’entendais plus. Je n’avais d’yeux que pour Bastien.

Mais c’était pire que cela : mon cœur s’était emballé de liesse. Bastien ne m’avait pas vue...
- Tu ne m’écoutes plus, là... Que regardes-tu avec tant d’intérêt ? me dit Rose.

Claire, qui n’avait pas perdu un mot de notre conversation, vint à mon secours :
- Michèle, ce ne serait pas Marina, notre vieille copine de classe ? Elle est drôlement affublée maintenant, tu ne trouves pas ?
- C’est sûr ! Je ne sais pas comment elle était avant mais votre copine a un drôle de look !

Je vis Claire se retourner. J’imagine qu’elle voulait voir qui était l’objet de mon attention. Je sais qu’elle comprit.
- Chapeau de paille et cravate, c’est de très mauvais goût !
- Tout à fait !

Je sais que Claire avait repéré Bastien. Et alors que Charles s’était mis à discuter avec Rose, ma sœur me parla en langage codé mais très clair pour nous.
- Il faudrait peut-être essayer avant de critiquer. Qu’en penses-tu Michèle ?

Claire me suggérait clairement une aventure extraconjugale avec Bastien.
- Tu es sérieuse ?
- Très sérieuse.

- Nous verrons ça...
- Ne l’écoute pas... Je suis sûr que ce look ne t’irait pas, me conseilla Rose qui n’avait rien compris.

Je partis d’un gros éclat de rire tout en regardant Bastien. J’étais tellement heureuse qu’il soit là mais il ne me voyait pas. Il ne tournait même pas la tête dans ma direction mais je l’aperçus en train de discuter avec Elsa.

J’essayai de tendre l’oreille l’air de rien mais je n’arrivai pas à entendre ce qu’ils disaient.
- Tu es venue avec ton mari à ce que j’ai vu.
- Mais pas que... C’était une soirée entre filles à l’origine. Nous sommes ici pour ma belle-sœur Michèle. Elle a de gros problèmes de couple. On voulait lui remonter le moral.

Par contre, alors que je tournai la tête, je sentis le regard de Bastien se poser sur moi et plonger directement dans le mien. Mes jambes se ramollissaient... Et, de nouveau mon cœur s’emballa.

J’aurais tellement désiré qu’il discutât avec moi. Les réactions que j’éprouvais envers lui me dépassaient. Pourtant nous étions très proches. Même Claire semblait voir ce lien invisible qui nous liait l’un à l’autre :
- Va lui parler. Il ne te rejettera pas. Ça se voit comme le nez au milieu de la figure.

- Ne t’en fais pas. Je te demande juste de me couvrir le cas échéant. Tu expliqueras ça à Charles et à nos belles-sœurs...

Et Bastien se retourna vers moi. D’un regard il me fit comprendre de nous rejoindre hors du bar.

Je le devançai...

... puis entendis sa voix quelques minutes après :
- J’ai cru que nous n’allions jamais pouvoir nous parler...
- Moi non plus. Il y avait trop de monde. Et surtout Charlotte mais aussi la sœur de Quentin. D’ailleurs, j’ai perdu Rose de vue.

- Je les ai repérées toutes les deux. Pas d’inquiétude. Rose est partie aux toilettes et Charlotte était tellement occupée avec ses prétendants qu’elle n’a pas fait attention à nous.
- Tu remarques vraiment tout...

- La force de l’habitude. Tu feras bientôt comme moi, j’en suis sûr !
- Peut-être mais je ne suis pas encore à ton niveau. Au fait, je ne savais pas que tu connaissais ma belle-sœur Elsa...

- Nous avons travaillé ensemble il y a quelques semaines. Tu sais bien que je travaille officieusement dans la sécurité... C’est une femme charmante et un flic très compétent.
- Ne m’en dis pas plus s’il te plaît...

- Pourtant je vais t’en dire plus parce que tu te méprends. Tu as tellement l’habitude de ne pas avoir confiance en un homme, que tu imagines que nous sommes tous semblables.

- Mais non !
- Bien sûr que si ! En plus j’ai une réputation de don juan parmi les femmes de l’agence alors que je peux t’assurer qu’elle est contrefaite.

- J’ai pourtant entendu des choses à ton sujet...
- Et tu en entendras encore ! Mais je te promets que jamais je n’ai couché avec une de mes partenaires. Allons-nous asseoir plus loin, tu veux bien ?

- Michèle... Je ne veux pas te mentir. Je tiens beaucoup trop à toi pour cela. J’ai eu beaucoup d’aventures, parce que, comme tout le monde j’ai des besoins. Mais jamais avec une partenaire dans le travail.
- Tu n’as jamais eu envie de te marier ?

- Jamais. Il faut être vraiment amoureux pour cela. Et mon amour, je l’ai perdue il y a longtemps.
- Tu l’as perdue ?

Ses paroles me bouleversaient indubitablement. Je n’étais pas sans ignorer qu’il parlait de moi...
- Et si nous allions chez moi pour continuer à converser ? Il commence à faire frais...
- Au point où nous en sommes... Allons-y !

Je ne pensais même plus à Quentin ni à la colère qui pourrait l’animer en me voyant rentrer si tard. Je n’avais qu’une seule envie : prolonger ces instants avec Bastien.
- Nous savons tous les deux que tu parlais de moi tout à l’heure...
- Bien sûr. Mais je ne t’en veux pas. Tu aimais quelqu’un d’autre...

- Tu as employé le passé. C’est là le plus important. Je l’aimais...
Je commençais à raconter à Bastien tout ce qui s’était passé depuis mon mariage avec Quentin. Je lui avais déjà donné beaucoup d’explications mais cette fois, je ne cachais aucun détail. Pourtant, Bastien en savait déjà largement plus qu’Olivier avant sa dernière visite. Maintenant, tout le monde savait tout...

- Voilà, je crois que je t’ai tout dit.
- Et j’en suis heureux. J’aimerais qu’on ne se cache rien toi et moi...

Je sentis la main de Bastien se poser sur la mienne... J’essayai de garder le contrôle mais ce fut très difficile...
- Alors, tu vois, ma vie est assez compliquée en ce moment...
- Michèle... Nous sommes en train de parler sentiments, non ? Ou alors je me trompe ?

- Non, tu ne te trompes pas...
- Et tu es ici, avec moi, dans MA maison... Pas à la planque... Nous sommes ici dans notre vie réelle.

- Oui Bastien.
- Alors qu’est-ce qui nous empêche d’être toujours ensemble ?

Je relâchai sa main...
- Je suis toujours mariée, malheureusement...
- Michèle... Je crois que tu n’es pas dupe et que tu sais très bien quels sont mes sentiments à ton égard...

- Je les connais oui. Et depuis ce soir, j’en suis sûre...
- Je t’aime... Je t’aime depuis toujours. Et j’ai envie que tu le saches...

- Je le sais... Moi aussi je t’aime... Je le sais maintenant.
- Tu en as mis du temps...

- Un temps fou avant de savoir ce qu’était l’amour...
- J’ai tellement attendu ces mots de ta part, mon amour...

- Mais nous devons attendre un peu. Je ne veux pas être une femme infidèle... Je me maudirais...
- C’est tout à ton honneur même si ton mari ne te mérite pas. Mais ce n’est pas à moi d’en juger car c’est pour ce genre de détails que je t’aime depuis si longtemps.

Avant que je ne parte, Bastien me serra si fort dans ses bras que je faillis m’étouffer. Et j’aurais aimé qu’il me serrât encore plus fort. Pourquoi n’était-ce pas lui que je pris pour époux, lui que j’aimais tant et que j’avais tant aimé sans le savoir. Cela me semblait tellement évident maintenant.

Lorsque je rentrai, j’avais encore la tête pleine de la soirée que je venais de passer.

Je m’aperçus que Quentin était derrière la fenêtre de la cuisine. Il devait attendre mon retour.

A suivre...🙂
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