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G6/ CHAPITRE 15 - Un grain de sable venu du passé
Partie 1
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Nous avions offert une guitare à Léandre pour son anniversaire. Depuis qu’il avait découvert la chaîne Musique Télé, il voulait absolument en avoir une. La guitare lui correspondait mieux que le piano, disait-il. Même s’il aimait toujours autant en jouer.
Ce jour-là, Yann et Maewenn étaient venus lui rendre visite. Christian travaillait et j’étais en train de lire sur la terrasse, l’étage, alors que Morgane regardait la télévision au salon.
C’est à ce moment-là qu’on frappa à la porte.
Léandre s’était déplacé, et avait ouvert la porte à une personne qu’il ne connaissait pas, et dont il avait supposé qu’elle venait me voir.
- Bonjour. Attendez une minute, je vais aller chercher Maman.
- Ce n’est pas la peine. C’est toi que je suis venu voir. Tu es bien Léandre ?
De la terrasse, je pouvais les entendre. Je reconnus immédiatement sa voix et me figeai, mon livre entre les mains. Que venait-il faire ici ?
- Oui, mais je ne vous connais pas.
- Je m’appelle Jonathan Moreau. Je suis ton père.
Durant quelques secondes, je n’entendis plus rien, puis Léandre se remit à parler. Il avait l’air en colère. Sa voix tremblait.
- Mon père ?! Je n’ai qu’un seul père, et ce n’est pas vous !
- D’accord. Je suis désolé. Appelle-moi Jonathan ou Monsieur Moreau, comme tu voudras. Tu veux bien qu’on aille s’asseoir.
Je pris la décision de descendre les rejoindre. Jonathan n’allait pas s’en tirer comme ça.
- Qu’est-ce que vous me voulez ?
- Rien du tout. Je voulais juste te voir, savoir ce que tu étais devenu...
- Et donc, vous vous pointez comme ça, chez moi, pour faire un brin de causette !
- Pourquoi pas ?
- Je n’ai rien à vous dire. Je préfèrerais que vous partiez.
- Comme tu veux. Es-tu heureux au moins, mon garçon ?
- Oui mais ce n’est pas grâce à vous.
- Je le sais bien. Mais c’est tout ce que je voulais savoir.
Jonathan ne m’avait pas entendu arriver. Je décidai donc de lui signaler ma présence :
- Qu’est-ce que tu fais ici ?
Il se retourna.
- Cassandre... Tu es toujours aussi belle, même après toutes ces années.
- Je le crois pas ! s’interposa Léandre. Vous n’allez pas draguer ma mère, en plus !
- Non, jeune homme, ne t’inquiète pas.
Il me regarda à nouveau :
- Je constate que notre fils est un brave garçon qui défend l’honneur de sa maman.
- Ce n’est pas notre fils. Il ne l’a jamais été. C’est mon fils et celui de Christian.
- Christian a été là, tout le temps. Pendant ma grossesse, puis dans la salle d’accouchement. C’est lui qui a été auprès de Léandre, toutes ces années, qui a joué avec lui, qui a séché ses larmes, et qui l’encourage dans tout ce qu’il fait. Toi, tu n’es rien. Alors, que fais-tu ici ?
- Il a dit qu’il voulait juste voir ce que j’étais devenu.
- C’est vrai. Même si tu le nies, je suis quand même son père.
- Non. Tu as perdu ce privilège, une première fois lorsque tu m’as quittée, au pub du campus, en me disant d’avorter, puis une seconde fois, lorsque tu as signé une renonciation à tes droits parentaux, et autorisé Christian à une adoption plénière.
- Je sais bien tout ça... Mais dans mon cœur, quelque part, j’ai toujours su que Léandre était là.
- Ton cœur a quand même mis dix-sept ans avant de se réveiller, Jonathan...
- J’en suis conscient. Mais si je suis là, c’est parce que je n’en ai plus pour longtemps.
- J’en suis navrée, mais cela n’excuse pas grand-chose.
- Ecoute, je vais te donner mon numéro de téléphone. Si Léandre veut me voir, ou seulement m’appeler, donne-le-lui. Au revoir, Cassandre.
Et Jonathan s’éloigna, sans même se retourner.
- Je n’en reviens pas, me dit Léandre. Il s’est passé ce qui s’est passé ?
- Oui...
Il s’était passé ce que j’avais redouté toutes ces années...
- Maman... Je n’ai pas envie de le revoir.
- Tu n’y es pas obligé.
- Même s’il va bientôt mourir ?
- Léandre, il t’a abandonné. Tu ne lui dois rien.
Il me serra très fort contre lui :
- Merci Maman ! Et merci d’être venue nous rejoindre. Tu m’as sauvé la mise !
- Ne me remercie pas. Va plutôt retrouver Maewenn et Yann. Ils doivent se demander ce que tu fais.
- Oh zut, oui ! Avec tout ça, j’avais oublié qu’ils étaient là !
Après le départ de ses amis, Léandre s’était plongé dans ses devoirs, et Morgane s’était inquiétée de le trouver un peu triste :
- Ça va Léandre ?
- Oui ça va. Je fais mes devoirs, ça ne se voit pas ?
- Si, mais tu n’as pas l’air comme d’habitude.
- Je suis tout à fait comme d’habitude. Laisse-moi tranquille, tu veux...
C’était la première fois que Léandre parlait ainsi, à sa petite sœur.
- Moi, je sais que tu vas pas bien. Tu ne m’aurais jamais dit de te laisser tranquille, avant.
- Et bien, je te le dis maintenant. Va jouer avec ton kit de médecin, et fous-moi la paix.
Le lendemain, nous nous retrouvâmes tous autour du petit déjeuner. Christian étant rentré tard dans la nuit, il n’avait pas encore été mis au courant de la venue inopinée de Jonathan. Il régnait un silence de plomb autour de la table, ce qui lui mit la puce à l’oreille.
- Quelqu’un va enfin me dire ce qu’il se passe ?
- C’est Léandre. Il va pas bien, lui répondit Morgane.
- Mais si, ça va.
Léandre avait été tellement sec, en parlant, que Christian ne fut pas dupe. Il enchaina sur un ton ferme, en s’adressant directement à notre fils :
- Non, ça ne va pas. Alors, qu’y a-t-il ?
Celui-ci lâcha le morceau :
- Jonathan Moreau est venu à la maison hier.
- Ben ça alors ! s’exclama mon mari, complètement abasourdi. Je ne m’attendais pas à celle-là !
- Il voulait savoir comment j’allais et ce que je faisais...
Je ne voulais pas interférer dans leur échange. Léandre avait besoin de parler à son père, et Christian avait besoin d’entendre ce que son fils pensait de cette nouvelle situation. Il était nécessaire qu’ils puissent se dire sincèrement ce qu’ils éprouvaient, sans que je n’y mette mon grain de sel.
- Et que lui as-tu dit ?
- Rien. Que je n’avais qu’un père et que ce père, c’était toi.
- Ben oui ! On n’a qu’un seul papa ! s’écria Morgane.
Elle n’avait jamais été mise au courant de l’adoption de son frère. Finalement, elle le saurait alors que nous étions tous réunis, en cet instant, et apprendrait que les liens du sang ne sont parfois pas aussi importants que l’amour que l’on se porte les uns aux autres.
Christian ne semblait pas avoir entendu l’exclamation de notre fille. Il n’avait entendu que les paroles de notre garçon, et elles l’avaient ému :
- Je te remercie, fiston. Vraiment. Et c’est tout ce qu’il a dit ?
- Non. Il veut aussi me revoir.
- Ha...
Christian avait peur, je le sentais. Il avait peur de perdre son fils qu’il aimait tant.
Léandre me regarda avec des yeux suppliants :
- Maman, aide-moi, s’il te plait.
- Commence par dire à Papa ce que tu m’as dit, mon chéri. Que tu n’as pas envie de le revoir, par exemple...
Morgane, le nez dans son assiette, grommelait qu’elle ne comprenait rien à notre conversation.
Christian essaya de mettre notre fils à l’aise :
- Tu feras ce que tu veux à ce sujet. Je ne t’en empêcherai pas. Tu es grand, et capable de te forger toi-même une opinion. Et nous ne t’avons jamais caché que je t’ai adopté.
- Mais je ne sais pas tout. Il a signé un document t’autorisant à m’adopter, c’est ça ? Je ne le savais pas. C’est Maman qui lui en a parlé hier.
- Alors, Léandre est un adopté ?
Christian ne répondit pas à Morgane. Son but n’était pas de l’ignorer, mais il ne voulait pas rompre le lien avec son fils :
- Pourquoi t’aurions-nous raconté les détails ? Nous t’aimons, je t’aime. En quoi ces détails-là sont-ils importants ?
Et je n’osais pas le faire, moi non plus.
- Ils le sont pour moi, fit Léandre, des larmes plein les yeux.
- D’accord fiston, je comprends. Dis-moi ce que tu veux savoir.
- Tout ! Je veux tout savoir !
- Et moi aussi ! ajouta sa petite sœur, qui ne perdait pas une miette de la conversation.
- Très bien. Alors commençons par le début. Ta mère et moi nous sommes connus à l’université. Dès que je l’ai vue, je suis tombé fou amoureux d’elle. Elle n’était alors qu’une étudiante, avec de très jolies couettes.
- Elle était si belle, si intelligente, si intéressante. Bref, je suis tombé sous le charme. Et nous sommes devenus amis. Juste des amis. Ce qu’elle ne m’avait jamais dit, c’est qu’elle fréquentait quelqu’un, qu’elle avait un amoureux...
- Nous avons passé du bon temps ensemble, ainsi qu’avec Angela, la maman de Maewenn et Yann. Nous avons même fait des bêtises, comme enrouler du papier toilette sur la statue de l’université adverse, ou accrocher nos banderoles sur leur stade.
- Christian... Es-tu obligé de raconter ça aux enfants ? lui dis-je.
- Mais oui ! me répondit ma fille. C’est super de savoir que vous avez fait des bêtises, tous les deux !
Christian continua :
- Bref. On s’est bien amusés ! Jusqu’à ce jour où votre mère est arrivée au pub du campus, accompagné de Jonathan Moreau, qu’elle m’a regardé, et est montée s’installer avec lui à l’étage, sans même me dire bonjour.
- Ça non plus, tu n’étais pas obligé de le dire...
- Léandre veut tout savoir, ma chérie. Alors, je lui dis tout.
- Oui, je veux tous les éléments.
Christian poursuivit donc.
- Je m’étais installé au bar, lorsque je vis Jonathan redescendre. Seul. Alors, je suis monté voir votre mère. Elle était seule, triste, et mal en point. Elle me raconta que Jonathan venait de la quitter. C’est là que j’appris qu’elle avait une relation sentimentale avec lui.
- Et pour moi ? Tu ne savais pas ? demanda Léandre.
- Non. Je ne l’ai su que quelques semaines plus tard. Maman m’a alors tout avoué. Mais cela ne changea pas les sentiments que j’avais pour elle. Alors, je suis restée près d’elle, pour l’aider du mieux possible, pendant sa grossesse et ensuite, alors que tu étais un bébé. Je me contentais d’être là, c’est tout, pour vous deux. Je n’ai demandé Maman en mariage que lorsque tu étais bambin. Le même jour, j’ai demandé à t’adopter.
- Et Maman a dit oui, bien sûr.
J’avais repris ma place autour de la table, pour répondre directement à mon fils.
- Evidemment. Je ne voulais pas que tu grandisses sans père, et j’aimais déjà ton Papa.
- Alors, nous avons pris un avocat. Ce même avocat a contacté Jonathan Moreau, qui lui a dit ne rien vouloir à faire avec toi. Il a donc signé une renonciation à tous ses droits de père sur toi, et a également signé une autorisation me permettant de t’adopter légalement.
- Mais comment a-t-il pu faire ça ? Il était mon père...
Quelle douleur, pour un enfant, d’entendre ça... Je ne pouvais qu’imaginer la peine de mon fils.
- Je ne sais pas, mon grand, lui répondit son père. Mais il l’a fait. Pour mon plus grand bonheur.
Le visage de Léandre se ferma subitement, ses pensées semblèrent lointaines, mais le ton de sa voix était grave :
- C’est quoi le nom de cet avocat ?
L’enthousiasme débordant de Morgane, mit un peu de joie dans mon cœur :
- Moi je trouve tout ça génial ! Comme ça, Léandre est mon vrai frère !
- Il aurait été ton vrai frère, de toute façon, lui répondit Christian. Nous vous aimons tous les deux, de manière identique, sans nous poser de questions.
J’inspirai profondément, puis donnai à Léandre, l’information qu’il demandait :
- L’avocat s’appelle Garnier, Maître Guillaume Garnier. Son cabinet est à Oasis Spring.
Léandre quitta ensuite la table et alla s’enfermer dans sa chambre. Nous ne savions qu’en penser.
La suite, juste en dessous 🙂
- Nathalie98619 days agoSeasoned Ace
Suite chapitre 15
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Un matin, nous reçûmes un appel de la femme d’Éric Roussel, l’employé que j’avais nommé gérant de la boulangerie de Papa et Maman. Il venait de décéder, et il nous fallait absolument nous trouver un autre mode de fonctionnement.
Christian m’avait accompagnée. Nous devions recevoir une nouvelle employée appelée Charlotte Fontaine.
La jeune fille était enthousiaste souriante et très motivée. Elle nous plaisait beaucoup, à Christian et à moi. Nous décidâmes donc, de l’embaucher.
- Très bien. Vous nous avez convaincus. Bienvenue à la Boulangerie Jules, Charlotte.
Nous la présentâmes à Becca Clarke et Elodie Vatore, nos employées, qui étaient arrivées pour s’occuper de la mise en place du magasin. Toutes les deux étaient aussi enthousiastes que nous, et accueillirent la nouvelle, à bras ouverts.
Nous leur parlâmes également de la nouvelle organisation du magasin. Becca se porta volontaire pour la gérance de la boulangerie, tandis qu’Elodie n’était pas du tout intéressée, ce qui nous facilita la tâche. Becca repartit donc continuer son travail, consciencieusement, comme à son habitude.
J’avais pleinement confiance en elle. Je connaissais sa façon de travailler et elle était très méticuleuse. Elodie nous fit part de son enthousiasme.
Chaque fois que je regardais Elodie, elle me rappelait quelqu’un. Mais je n’arrivais pas à déterminer de qui il s’agissait. Christian, lui, n’avait pas du tout la même impression que moi, mais nous étions d’accord sur une chose, cette fille était courageuse et travailleuse.
- Eh bien voilà ! Nous avons notre nouvelle organisation, constata Christian, avec soulagement. Et j’ai l’impression qu’elle se présente plutôt bien.
- Oui, mais honnêtement, je me demande si je ne vais pas finir par vendre la boulangerie...
C’était, en effet, une idée qui me trottait dans la tête depuis quelques temps.
- L’affaire de tes parents ? Tu es sûre ?
- Oui.
- Comment voudrais-tu que l’on fasse ? lui dis-je. Nous avons nos emplois, et aussi le restaurant. Avec la boulangerie, ça fait beaucoup de choses ! Je ne sais plus comment faire ! Je me sens débordée !
- Je suis d’accord.
J’étais surprise. Je m’étais attendue à ce que Christian résiste un peu plus. Il adorait Maman.
- Tu as dit que tu étais d’accord ?
- Bien sûr.
- Et moi qui croyais que tu allais me faire un long discours pour ne pas que je vende !
- J’ai toujours été de ton côté, mon amour, toujours. Il est évident que nous ne pouvons pas tout mener, de front. En plus, ta mère a été claire : tu devais réaliser ton rêve, et faire du restaurant, ta priorité.
- Tu crois qu’il faut vendre, alors ?
- Je crois qu’il nous faut attendre un peu, afin de voir comment ça va se passer avec la nouvelle équipe, et après, oui, nous pourrons vendre.
Christian avait raison. Il fallait attendre de voir comment tournait la boulangerie, afin de la vendre à un prix raisonnable. Je passais donc mes journées entre la boulangerie, le restaurant et mon travail.
Les journées étaient bien remplies. Heureusement que mon mari était là pour m’aider.
Mais nous ne pourrions pas éternellement tenir ce rythme-là.
Ce soir-là, je m’étais installée devant la cheminée pour me replonger dans les biographies familiales. J’avais besoin de me rafraîchir la mémoire sur certains détails qui n’étaient plus très clairs, dans mon esprit.
Les enfants faisaient tranquillement leurs devoirs dans la salle à manger.
Depuis la visite de Jonathan, je trouvais Léandre, l’air perpétuellement triste et soucieux.
Christian et moi nous faisions du souci pour lui. Il ne nous parlait presque plus.
- Léandre, viens me retrouver là-haut quand tu auras fini tes devoirs, lui dit un jour, son père. Il faut qu’on discute.
- Si tu veux.
Le ton de notre fils était perpétuellement atone, lorsqu’il n’était pas sur la défensive. Et je savais que Christian souffrait énormément de cette situation.
Il vint à ma rencontre, alors que j’étais encore au salon :
- Bonsoir chérie !
- Bonsoir mon amour.
- Tu sais que je t’aime, toi ! me dit-il en m’embrassant tendrement.
Je me mis à chuchoter :
- J’ai entendu que tu voulais parler avec Léandre.
Christian était tendu :
- Oui, la situation ne peut plus durer. Il faut bien crever l’abcès, non ?
Je l’encourageai, alors, de mon plus beau sourire.
- Tu as raison. Notre fils ne va pas bien, et je pense que tu es le seul à pouvoir le rassurer.
- Je vais m’y employer.
- Moi, je vais aller travailler sur ma biographie.
- Et on n’écoute pas aux portes, hein ? me rappela mon mari.
- Tu voulais me parler ?
- Oui. Assieds-toi.
Léandre avait adopté un ton insolent :
- Voilà, je suis assis. Je t’écoute.
- Je sais que tu ne vas pas bien depuis que Jonathan est venu. On ne t’a jamais caché que tu as été adopté. Alors, j’aimerais savoir ce qui t’a autant bouleversé ?
Christian fut agréablement surpris de constater que le ton de Léandre s’était adouci. Il s’exprimait d’une voix plus calme.
- Je crois que c’est de l’avoir vu. J’aurais préféré qu’il ne vienne jamais.
- Et tu ne penses pas qu’un jour, tu aurais voulu savoir qui il était ?
- Je savais qu’il avait abandonné Maman lorsqu’elle était enceinte, et que c’était son amoureux au premier semestre d’université. Ça me suffisait.
- D’accord. Alors, pourquoi sembles-tu toujours si triste ?
- Tu veux vraiment le savoir ?
- Evidemment, sinon je ne te poserais pas la question !
Et je savais que Christian était prêt à tout entendre pour retrouver son fils.
- Je me demande pourquoi je suis si nul, au point qu’il n’a jamais voulu de moi.
- Mais enfin, tu n’es pas nul ! Pourquoi dis-tu une chose pareille ?
- Il m’a abandonné une fois lorsque j’étais dans le ventre de Maman, et une deuxième fois en renonçant à ses droits parentaux. Il n’a même jamais voulu me connaître. Sauf maintenant.
- Tu vois, tu viens de répondre toi-même. Comment aurait-il pu savoir si tu étais nul, ou pas, puisqu’il ne te connaissait pas. Il ne t’a pas abandonné pour ça. Tu n’y es pour rien.
- Mais pourquoi alors ? Pourquoi n’a-t-il pas voulu de moi ?
- Jonathan était un coureur de jupons de la pire espèce. Il séduisait les filles en leur faisant croire qu’il les aimait, mais il ne voulait que s’amuser. Il avait parfois plusieurs copines, en même temps, et chacune ignorait l’existence des autres. Ta mère était jeune. Elle s’est laissé avoir. Et toi, tu étais un obstacle à l’amusement de cet homme. Je ne te dis pas cela pour influencer ton amour envers moi, mais parce que Jonathan Moreau était ainsi connu sur le campus. Ce que je te dis est la vérité, Léandre.
- Alors, c’est pour ça... Ce n’est pas parce qu’il ne m’aimait pas ?
- Bien sûr que non. Comment aurait-il pu savoir à quel point tu étais génial, puisqu’il n’a même pas pris la peine de te rencontrer ?
- C’est vrai. Tu as raison. C’est pour ça que tu m’as adopté ? Parce que tu me trouvais génial, ou parce que tu aimais Maman ?
- Parce que j’ai fondu lorsque tu m’as fait ce joli petit sourire à la maternité, parce que mon cœur a failli exploser, le jour où tu m’as fait ton premier câlin, ou encore ce jour où tu m’as appelé Papa pour la toute première fois. C’est toi qui m’as choisi, mais si je t’ai adopté, c’est parce que je t’aime, toi.
- Alors ce n’était pas pour faire plaisir à Maman ?
- Bien sûr que non. J’aime Maman, évidemment mais si je n’avais aimé qu’elle, je me serais contenté de l’épouser sans pour autant t’adopter. Voilà tout.
- D’accord. Désolé si je t’ennuie avec mes questions, mais tu n’as pas été adopté, toi, tu ne peux pas comprendre.
- Alors... D’une, tu ne m’ennuies pas. Et de deux, justement, je n’ai jamais été adopté. Pourtant j’aurais bien voulu. Je pense que je vais te raconter mon histoire...
- Je ne comprends plus rien... Tu aurais voulu être adopté ?
- Oui. Mes parents sont morts dans un accident alors que j’étais bambin. Ensuite, j’ai connu la joie des familles d’accueil, une dizaine au total. Personne n’a jamais voulu m’adopter. Je suis resté sans famille jusqu’à ce j’épouse Maman et que je t’adopte.
- Mais c’est horrible. Personne n’a jamais voulu de toi ? Tu ne t’es jamais senti nul ?
- Si. Pendant très longtemps. Et puis, j’ai compris que les personnes qui voulaient adopter préféraient juste les bébés, ou les bambins. Alors je me suis fait une raison. Mais je savais que ce n’était pas de ma faute.
- C’est dingue ! En fait, ta vie a été pire que la mienne.
- Je ne trouve pas que ta vie soit horrible. Tu as une famille. Un père, une mère et une sœur. C’est plutôt une belle histoire, non ?
- Pardon, Papa. Des fois, je suis vraiment égoïste.
- Bien. A partir de maintenant, je veux que tu prennes conscience que je suis ton père. Pas ton père adoptif. Juste ton père. C’est compris ?
- Oui Papa, d’accord, tout ce que tu veux !
- Je t’aime fiston.
- Moi aussi, Papa, moi aussi, je t’aime !
- Mais on va peut-être se lâcher, hein ?
- Oui, tu as raison, fiston. Ça commence à devenir gênant.
- Et si tu me jouais un peu de guitare ? Ça fait longtemps que je ne t’ai pas entendu jouer.
- D’accord, Papa ! Mais sois indulgent.
J’étais concentrée sur ma biographie, lorsque j’entendis les premières notes.
La conversation avait dû bien se passer puisque Léandre s’était remis à jouer.
Et je les vis. Ils se souriaient.
J’allai doucement les rejoindre, le cœur rempli de joie.
A suivre... 😊
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