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G8/ Chapitre 6 - Vers une emprise certaine
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Le mode de fonctionnement que me proposait Caleb pour notre couple n’avait pas l’air très catholique et quelque part, je me sentais un peu coupable d’avoir dit oui à tout cela. J’étais tiraillée entre la fascination que j’en avais et ma petite voix intérieure qui me soufflait que ce fût mal et immoral. Nous vivions une époque où les femmes n’obéissaient plus à leurs maris depuis longtemps. Pourtant Caleb était l’aimant qui m’attirait vers cette vie-là, un aimant puissant, dont je ne pouvais me détacher. J’étais de plus en plus sous son emprise, et je savais que cela ne faisait que commencer.
J’avais besoin de me sentir rassurée. Quelques soirs plus tard, je résolus donc de me rendre à la Clairière. Mais avant cela, je m’arrêtai au cimetière pour voir Mamie.
Je voulais la prier de me rejoindre à la Clairière Forestière. Après tout, deux Elues m’étaient déjà apparues, et Mamie en était une. J’aimerais tellement que ce fut elle qui vînt ce soir. J’avais besoin de me confier à elle et de la revoir aussi...
Du cimetière, je pouvais apercevoir l’arbre majestueux. J’avançai vers lui d’un pas décidé.
- Créateur... Faites-la venir... J’ai vraiment besoin de lui parler...
Mais ce ne fut pas elle... L’Elue qui apparut avec de longs cheveux blonds... Mamie était rousse dans sa jeunesse.
Elle s’avança vers moi.
- Bonjour Rose. Je suis Michèle. Je sais que tu es déçue car tu voulais voir Cassandre. Malheureusement, tu ne le pourras pas avant de nous avoir toutes vues, dans notre ordre de naissance... C’est ainsi que le Créateur l’a voulu. Et Cassandre, ta mamie, est la dernière...
- Alors pourquoi es-tu apparue avant Maxime ? C’est ton père. Il est né avant toi.
- Seules les femmes ont accès à la clairière. Les hommes ne sont pas considérés comme de vrais Elus par le Créateur, en tous cas, pas au point de venir ici. L’héritage est une question de matriarcat, tel que cela a été décidé à l’origine.
- C’est dommage. J’aurais bien aimé le connaître.
- Oh mais je manque à tous mes devoirs. Je ne t’ai même pas embrassée, Rose.
- C’est vrai. Ni moi d’ailleurs.
J’imagine que ce devait être une coutume dans le monde des Elues.9
L’étreinte de Michèle me fit autant de bien que celles de Perrine et Angélique. Je me sentis apaisée. Elles étaient toutes mes mères, je le sentais au fond de moi...
- Pourquoi nous as-tu appelées ?
- Il s’agit de Caleb...
- Nous avons toutes ressenti un gros cas de conscience... Comme si tu luttais contre tes croyances, ou alors tes principes...
- C’est exactement ça. Je n’arrivais pas à mettre les mots dessus mais c’est ça. Un cas de conscience.
- Caleb t’en fait voir de toutes les couleurs, n’est-ce pas ?
- Un peu... Il est tellement autoritaire. Il veut que je lui obéisse lorsque nous serons mariés.
- Waow ! Il n’y va pas de main morte ! Il t’a tout suite planté le décor.
- En échange, il me promet de prendre soin de moi, de m’aimer et de me rendre heureuse.
- Oui... Je vois ce que c’est.
- Ah bon ?
- Heureusement que c’est moi qui suis venue te voir aujourd’hui. J’ai connu une situation similaire avec Bastien.
- Tu vas pouvoir m’aider alors ?
- J’espère. Ce que tu me racontes de Caleb me fait penser que c’est quelqu’un qui ne supporte pas de voir ses décisions remises en cause.
- Je l’avais un peu compris.
- Bastien était un peu comme ça, mais à un niveau beaucoup, beaucoup moins élevé, étant donné qu’il n’était pas un vampire. Bastien avait aussi tendance à prendre les décisions pour toute la famille.
- Mais quel est le but de Caleb, alors ?
- Il n’a aucun but. Il a un concept de vie. Un mode de fonctionnement, si tu préfères.
- Ce sont les mots qu’il a utilisés.
- Il veut ton soutien inconditionnel.
- Je le lui ai accordé.
- Si tu es sûre de toi, tu as bien fait.
- Mais c’est mal, non ?
Michèle me conduisit au bord de l’eau. Qu’elle était belle ! Tout comme Perrine et Angélique. Je me demandais quelle pouvait être ma ressemblance avec ces femmes magnifiques. Elle s’était certainement perdue en route. J’étais le vilain petit canard de la descendance...
- Non, ce n’est pas mal. Lorsque tu reprends les écrits d’autrefois, tu peux y lire que les épouses acceptaient les décisions de leurs maris. C’était une preuve d’amour, la preuve d’un amour sincère et inconditionnel. Caleb vient de cette époque-là. Pour lui, l’amour, c’est ça.
- C’est incroyable.
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- Alors, si je suis son mode de fonctionnement, je ne fais rien de mal ? Tu ne m’en voudras pas et le Créateur ne m’en voudra pas ?
- Absolument pas, au contraire. Le Créateur, au fil des générations, souhaite rétablir l’ordre tel qu’il était avant. Et c’est ce que tu es en train de faire. N’oublie pas que tes objectifs sont libres. Le Créateur te fait confiance, alors fais-toi confiance. Tu en as déjà réalisé trois, sans même le savoir...
- C'est une bonne nouvelle... Je peux donc me marier avec Caleb sans crainte ?
Michèle me plaisait beaucoup.
- Tu m’as dit que Bastien était autoritaire. Tu as été malheureuse avec lui ?
- Absolument pas. Au contraire ! J’étais la femme la plus heureuse du monde. Je lui en ai parfois voulu de certaines décisions, c’est vrai, mais je n’ai jamais été aussi heureuse de ma vie. Et surtout, je l’aimais, et il m’aimait. Son amour pour moi était grand, immense, infini. Il aurait tout fait pour moi.
La femme la plus heureuse du monde... Caleb me l’avait dit. Et lorsque je vis l’enthousiasme que mettait Michèle à me raconter son expérience, je n’eus plus aucun doute. Je savais que Caleb m’aimait du même amour que Bastien avait aimé sa femme : grand, immense, infini. Et pour Caleb, sûrement éternel... mais j’aurai une fin.
- Bastien doit te manquer, non ?
- Je le vois tous les jours. Tout comme mon père, ma mère, mes frères, ma sœur et ma petite fille... Cassandre est peut-être ta grand-mère, mais elle est pour moi, ma petite-fille chérie.
Je n’avais pas songé à cela... Je me perdis un instant dans mes pensées, puis je revins vers Michèle.
- Votre histoire, à Bastien et à toi, est vraiment très belle.
- La tienne le sera aussi, Rose. N’en doute pas.
Michèle me reconduisit jusqu’à l’arbre.
- Maintenant, c’est moi qui ai une question à te poser, me dit-elle.
- Je suis étonnée ! Tu n’es pas sensée tout savoir ?
- Le Créateur ne me dit pas tout.
- Rose, pourquoi ne veux-tu pas inviter tes parents à ton mariage ?
- Comment peux-tu savoir ça ? Je ne l’ai dit à personne.
- Nous le savons tous ici. Mais ce que nous ne savons pas, c’est pourquoi.
- Demande au Créateur. Mes parents ne se sont jamais souciés de moi. A part ma mère peut-être... Et encore, dans la dernière année de mon adolescence. Et qu’ont-ils faits une fois que je suis devenue jeune adulte ? Ils sont partis. Ils m’ont laissée toute seule dans la grande maison de Mamie.
- Toute seule. Comme je l’ai été dans de nombreuses phases de ma vie... Seule. Ils étaient toujours trop occupés. Leur fille était un fardeau pour eux, une gêne. C’est ça la vérité. Et puis un jour, j’ai connu Caleb. Il a été le seul ami que je n’ai jamais eu. Vrai, réel. Il se préoccupait de moi. Sincèrement. Mon père le hait. Je ne veux pas qu’il vienne à notre mariage.
- Crois-le ou non, mais je te comprends.
- Et Maman ? Et bien Maman est un dommage collatéral. Elle s’est réveillée un peu tard.
- Je te trouve très dure. Mais je ne savais pas que tu avais autant souffert.
- Lorsque nous sommes revenus vivre à Windenburg, j’ai eu Mamie. Elle m’aimait, c’était magique pour moi.
- Je l’imagine bien.
- C’est elle aussi qui m’a raconté l’histoire de la famille. Puis elle est morte. Alors, j’ai dû me débrouiller et fouiller dans ses archives littéraires. Papa et Maman ne m’en ont jamais rien dit.
- Ton père, au moins, aurait dû t’en parler. C’était son rôle d’Elu.
- Quant à ta mère, elle aurait pu le faire aussi. Elle a lu toutes nos biographies et tous nos livres. Elle en a même écrit. Et ils reflètent l’exactitude de l’histoire familiale. J’avoue que je ne comprends pas...
- Ne cherche pas. Ils ne m’ont jamais aimée. Et ils ne viendront pas à mon mariage.
- J’ai entendu ce que tu as dit. Et crois-moi que ton père va nous entendre le jour où il arrivera ici... De ton côté, sois rassurée. L’un de tes objectifs était de couper les ponts avec ta famille. Et tu l’as fait.
Michèle me dit ensuite qu’elle devait partir.
- Je t’aime, ma petite Rose. J’espère que tu sais que nous t’aimons toutes.
- Oh oui, je le sais !
Elle disparut ensuite, et il me fallut rentrer...
Ce matin-là, je pris le petit déjeuner avec Caleb. La veille, il était resté dormir à la maison, comme il le faisait parfois. Pas dans ma chambre, non. Caleb était fidèle à ses principes. Il s’installait chaque fois dans l’ancienne chambre de Mamie, au rez-de-chaussée.
Ce matin, il s’était assis en bout de table. Prenait-il déjà sa place de chef de famille ? Je le regardai en souriant.
- A quoi penses-tu ? me demanda-t-il.
Il était beau, musclé et si plein d’expérience. Son regard me faisait frémir.
- A toi...
- Tu es si belle quand tu souris. J’ai vraiment très bien dormi, cette nuit, ajouta-t-il. Cela me fait ça chaque fois que je te sais près de moi. Et bientôt nous serons mariés. C’est un bonheur rien que d’y penser.
- Pour moi aussi, j’ai tellement hâte !
- Je sais que je te l’ai déjà demandé maintes fois, mais je tiens à te dire que tu peux encore refuser de te marier. Je t’aime suffisamment pour comprendre. Mon côté autoritaire pourrait te sembler dur à supporter.
- Voyons, mais qu’est-ce que tu racontes ! Je veux passer ma vie avec toi.
- Caleb, je ne serai heureuse que près de toi. Je le sais.
- Très bien. Alors, c’est la dernière fois que nous abordons le sujet, mon cœur. Je vois bien que tu es sincère. Je ne t’embêterai plus avec ça. Tu sais, j’ai vraiment hâte de prendre mon petit déjeuner avec toi tous les matins.
Caleb alla ensuite prendre une douche puis partit...
Une fois prête à mon tour, j’appelai sa sœur Lilith pour l’inviter à venir me voir. Elle n’était pas disponible aujourd’hui mais m’assura qu’elle viendrait dès le lendemain matin. « Et c’est bien parce que c’est toi », me dit-elle. « parce que je crains vraiment le soleil ».
- Merci Lilith. A demain.
Lorsque Lilith arriva, j’eus le droit à une leçon de morale. Elle me fit tout un discours comme quoi je ne devais plus inviter de vampire chez moi, que c’était très dangereux.
- Maintenant, je peux pénétrer chez toi quand je veux.
- Ce n’est pas grave. Tu seras toujours la bienvenue.
- Je pourrais être un méchant vampire...
- Oh mais arrête ! Tu n’es pas méchante. Je le sais très bien.
- D’accord. Mais il fallait que je te le dise quand même. Pourquoi voulais-tu me voir ?
- Je voulais savoir ce que tu penses de notre mariage, à Caleb et moi. Sincèrement.
- Je pense que vous formez un très beau couple. Vous êtes complices, cela se voit. Pour moi, vous êtes des âmes sœurs.
- Tu le penses vraiment ?
- Bien sûr. Ça crève les yeux ! C’est pour cela que nous sommes ravis tous ravis de t’accueillir dans la famille.
- C’est très gentil, ça.
- Je crois que tu ne peux même pas imaginer à quel point Caleb t’aime. Cependant, il faut que tu saches que l’amour d’un vampire est très puissant.
- Caleb me l’a dit.
- C’est très bien qu’il t’en ait parlé. Au moins, il ne te prend pas en traître. Mais je ne suis pas étonnée. Caleb est honnête.
- Nous avons même eu plusieurs discussions sur le sujet. Il voulait être sûr que je comprenne bien la situation.
- C’est mieux, en effet. Tu sais, l’amour d’un vampire est grand. C’est un amour éternel. Un vampire ne peut aimer qu’une fois dans sa vie. Et Caleb t’aime, toi.
- Il n’a aimé personne avant toi, et il n’aimera plus jamais après toi... Tu es son Unique.
- Et dire qu’il m’a offert une chance de partir, de ne pas me marier...
- Tu vois combien son amour pour toi peut être grand. Il t’aime au point de te laisser partir.
- Je m’en rends bien compte.
- Je pense qu’il a dû te dire qu’il te faudrait le reconnaître en tant que patriarche, non ?
- Oui.
- Si tu acceptes ça, tu seras la plus heureuse des femmes. Ta vie sera différente, certes, mais il t’aimera jusqu’à ta mort.
- Jusqu’à ma mort... Bien sûr..
- C’est ce qu’il y a de plus dur pour un vampire... Je sais de quoi je parle. Caleb ne vieillira pas à tes côtés. Il restera jeune et vigoureux.
- Et il me verra mourir... Je n’ai pas envie de ça... Il doit bien y avoir une solution, non ?
- Oui, il y en a une. Mais elle risque de ne pas te plaire.
- Tu peux peut-être m’en parler quand même.
- La seule solution serait que tu deviennes toi aussi un vampire. Tu serais alors immortelle, tout comme lui.
- Ah... effectivement...
- Je savais que ça ne te plairait pas.
- Ça ne doit pas être si terrible que ça d’être un vampire. Vous avez l’air de bien le vivre Caleb et toi...
- Rose... La vie éternelle peut être très longue... Je te parle d’éternité, là.
- C’est sûr... Je sais pas si je suis prête à cela...
- Et tu as raison. Parce que c’est parfois un cadeau pourri. Surtout quand tu aimes des humains. J’ai perdu mon bien-aimé et mes enfants... La souffrance a été horrible. Et elle a duré des années.
- J’en suis tellement désolée, Lilith...
Sa souffrance était encore bien présente. Je l’avais vu dans son regard...
- Bon, je vais y aller maintenant. J’ai promis à Elodie d’aller avec elle acheter une belle robe pour le mariage de son père.
Lilith me serra dans ses bras.
- Tu sais, j’ai vraiment hâte qu’on soit belles-sœurs toutes les deux. Ce sera même plus que ça. Tu seras ma sœur.
- Moi aussi, j’ai hâte, Lilith.
Lilith partit. La situation devenait compliquée. Mon amour pour lui était si fort que je ne l’imaginais pas me survivre. Je voulais passer le reste de sa vie avec lui. Mais devenir un vampire ? Je n’étais pas du tout prête.
Et j’avais appris autre chose aujourd’hui. Un vampire ne peut aimer qu’une seule fois au cours de sa longue vie... Je trouvais cela tellement injuste. Lorsque je mourrai, Caleb passerait le reste de sa vie sans amour... Comme Lilith... Et cette pensée m’était insupportable.
Nous nous mariâmes un mois plus tard. Caleb avait choisi ma robe de mariée et Samuel avait insisté pour que notre mariage se fasse chez lui, dans la plus stricte intimité. Toute sa famille était présente.
Ma mort seule nous séparerait...
Caleb avait chuchoté mais j’avais bien vu que mes mots l’avaient touché.
Caleb me relâcha. Les invités étaient cloués sur leurs chaises à nous regarder.
Cela me faisait tout drôle. J’étais la première Elue à changer de nom... Mais j’en avais envie. Je voulais porter le nom de mon mari. Et, de toute façon, dans la loi de Caleb, je ne pense pas que j’eusse eu un autre choix...
Lui aussi voulait rester près de moi. Nous ne nous quitterions plus désormais...
Samuel vint m’embrasser.
La mixologue engagée par Samuel arriva quelques minutes après. Le jour commençait à décliner.
La nuit était tombée et Lilith avait lâché son ombrelle.
Emmanuelle avait cessé de danser et nous avait rejoints.
A suivre... 🙂
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