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G8/ Chapitre 8 - En tête à tête au Manoir Vatore
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Nous étions allés nous doucher avant de dîner. Caleb avait décidé que nous nous mettions à l’aise.
Je m’étais alors démaquillée et avais revêtu une des tenues d’intérieur que j’avais acheté le matin, assortie de talons aiguilles à bride. J’aurais bien glissé mes pieds dans des chaussons mais l’envie de faire plaisir à mon mari était la plus forte. Heureusement, aujourd’hui, j’avais passé presque tout mon après-midi pieds nus, entre la piscine et le bain à remous.
Je descendis ensuite avant lui, afin de dresser la table selon ses consignes du matin. Lorsqu’il arriva, il avait ce regard satisfait que j’adorais voir chez lui lorsqu’il me regardait. Il était si beau, je ne me lassais pas et, ce seul regard valait la peine que je me plie à ses désirs.
Je savais et je me doutais que plus le temps passerait, et plus Caleb augmenterait son emprise sur moi. J’étais parfaitement clairvoyante à ce sujet mais je n’avais aucune envie de me dégager de cette emprise enivrante.
J’avais apporté le poisson sur la table. J’aurais tant voulu m’asseoir près de lui... Mais le protocole si cher à ses yeux m’en empêchait. Pourtant, j’avais très envie de l’avoir près de moi...
Je m’assis donc en face de lui, à l’autre bout de la table, loin, trop loin à mon goût.
- Hum... Rose, ce bar est tout simplement magnifique, me dit-il.
Nous avions fini de dîner. Caleb s’était levé pour se rapprocher de moi.
Le ton de Caleb changea.
Je m’étais levée pour garder contenance.
J’avais hâte d’aller me coucher, de dormir...
Cette première journée en tant qu’épouse de Caleb m’avait complètement épuisée. Je surpris son regard perdu dans le lointain. J’espérais au moins qu’il réfléchirait à ce que je lui avais dit...
Il n’avait même pas relevé ma remarque... Mais je suis sûre qu’il l’avait entendue.
Et vlan ! Il me fallait remettre à plus tard mon envie de dormir. Qu’avait-il à me dire ?
A ce jour où je t’avais envoyé un téléphone et une longue lettre que t’avais écrite à la bibliothèque de Windenburg pour être près de toi. Je t’avais observée réceptionner le colis.
Tu l’avais caché dans les buissons devant la maison.
Lorsque nous arrivâmes dans la chambre, Caleb m’annonça qu’il devait travailler sur un dossier urgent et qu’il ne se coucherait avant une petite heure.
- Mais il est déjà tard, lui dis-je.
- Je le sais bien mais je n’ai pas le choix. Et j’aimerais que tu m’attendes. Je veux que nous nous endormions ensemble.
Je m’étais assise en face de lui. Il ne parlait plus. Il était plongé dans son travail.
Il releva la tête quelques minutes plus tard :
- Ma douce, va faire un tour s’il te plait.
- Je ne peux pas rester ici ? objectai-je.
- Non. Tu me déconcentres et mon travail n’avance pas.
- Mais je ne te parle même pas...
Son regard se figea. J’étais en train de discuter son bon-vouloir. Je sentis qu’il valait mieux me ne pas insister davantage.
- Rose, va faire un tour. Découvre ta maison. Là, j’ai besoin de travailler et je n’aime pas être dérangé lorsque je travaille.
- D’accord.
- Tu es chez toi. Explore les lieux et reviens dans une heure.
- Très bien mon chéri.
Je n’avais qu’une seule envie, dormir. Mais bon, j’allais explorer ma demeure...
Je commençai par le deuxième étage. Je ne l’avais pas encore visité.
J’arrivai dans une pièce qui avait dû autrefois être un grenier. Il y avait quatre portes. Caleb avait mis sur les murs les photos de se enfants et de sa petite fille.
A droite de l’escalier, il y avait un appareil de musculation et un vieux sac de frappe pour boxer. Il y avait aussi un chevalet.
J’ouvris la première porte. En son centre de la pièce, se trouvait une machine à bulles et, sur les murs, mon mari avait installé de petites étagères sur lesquelles je retrouvai les boules à neige et les tubes à bulles que Papa m’avaient offert. J’eus un petit coup de nostalgie qui passa cependant très vite.
A gauche de l’escalier, il y avait un jeu de fléchettes et un tapis de course.
J’ouvris une autre porte. C’était une salle de jeu. Aux murs étaient accrochés des photos de restaurant de Mamie, prises par Mamie elle-même.
Et dans cette pièce-là, il y avait toutes les photos que j’avais ramenées de Windenburg ainsi que ma précieuse affiche « dinosaure ». Il n’y avait rien d’autre. La pièce était vide de meubles.
Lorsque j’ouvris la dernière porte, je découvris une pièce avec plusieurs collections. J’ignorai que Caleb était collectionneur...
Je redescendis au rez-de-chaussée. J’avais remarqué dans l’entrée un petit portail et un escalier qui devait sûrement mener au sous-sol. J’aurais bien voulu le visiter mais la porte était fermée à clé. Il faudrait que j’en parle à Caleb.
L’échiquier me tendait les bras et je décidai de jouer un peu en attendant l’heure bénie de mon coucher. J’avais des difficultés à me concentrer tant j’étais éreintée mais cela faisait passer le temps.
Caleb me rejoignit.
- Alors, tu gagnes contre toi-même ? me dit-il gaiement.
- A tous les coups !
Il s’assit en face de moi.
- J’ai terminé un peu plus tôt que prévu, tu vois.
C’était l’occasion d’en savoir plus à propos du sous-sol.
- Je peux te poser une question, mon amour ?
- Bien sûr. Toutes les questions que tu voudras.
- J’ai visité le manoir, comme tu me l’as suggéré mais il y a un endroit que je n’ai pas pu voir.
- J’imagine que tu veux parler du sous-sol.
- Oui. La porte est verrouillée.
- C’est moi qui ai verrouillé cette porte. Et elle le restera pour le moment.
- Tu ne veux pas que j’y accède ?
- Pas dans l’immédiat. Et concernant le sous-sol, c’est moi qui te le ferai visiter. Il est hors de question que tu y descendes seule la première fois.
- D’accord.
Je n’insistai pas mais me demandais tout de même quel mystère il pouvait y avoir encore dans la vie de Caleb.
Je changeai donc de conversation en le remerciant d’avoir pris soin de mes affaires mais aussi d’avoir consacré une pièce à mes photos.
- Cette pièce est la tienne, Rose.
- La mienne ?
Je ne comprenais pas ce qu’il entendait par là.
- Oui, tu pourras en faire ce que tu veux, la décorer, la meubler, ce que tu veux. Ce sera ton lieu à toi. Je ne m’autoriserai jamais à y entrer. Je sais que la vie avec moi peut être difficile, et je tiens à ce que tu aies un endroit pour t’isoler, un endroit, où je ne pénètrerai jamais, où tu auras ta sérénité. Il sera ton refuge. Et je veux que tu t’y sentes bien.
- Mais je n’ai pas besoin d’un tel endroit, Caleb.
- Un jour, tu en auras besoin, je le sais. Ce que je ne sais pas, c’est quand. Alors, pense à t’en occuper.
A suivre... 🙂