Puis nous sommes allés faire un tour au jardin et Clémence m’annonça qu’elle était enceinte ! Je n’en revenais pas ! Déjà ! Nous avions à peine passé trois semaines à Granite Falls.- Tu n’as pas l’air de sauter de joie…- Si, bien sûr que si. Mais je suis étonné. Quand cela s’est-il produit ? - Tu veux rire j’espère ! Sûrement au début de notre séjour. Je suis enceinte de trois semaines… Le jour exact, je ne sais pas, vu que nous avons cracotté tous les soirs ! Tu dois être très fertile ! Ou moi peut-être…- Cela vient sûrement de moi ! Ce ne serait pas la première fois... - Ça je le sais que ce n’est pas la première fois. Mais que va-t-on faire ?- Et bien on va l’élever ce petit bonhomme, ou cette petite bambinette ! Tous les deux, ensemble et dans cette maison. J’étais anxieux mais si heureux. J’allais avoir mon enfant dans ma maison avec la femme que j’aime, notre enfant à tous les deux, un enfant de l’amour.- Je suis si heureuse que tu dises cela.- On va préparer son arrivée. C’est une chose que je n’ai jamais faite mais j’ai hâte de connaître tout cela et de le vivre avec toi. Quelques jours après, Max vient me rendre visite. Je suis très heureux de voir mon meilleur ami.- Elle est vraiment là, comme tu l’as dit ! - Max !!! Viens, on va discuter au salon. Clémence n’est pas une curiosité. Et lorsque je te dis quelque chose, tu devrais me faire confiance. Je suis ton meilleur ami, tout de même ! - Je l’aime. Je l’ai demandée en mariage. Et elle est enceinte ! - Un quatrième enfant ?- Qu’est-ce que tu veux que je te dise. Apparemment, je suis très fertile !Max n’en revient pas et me raille gentiment :- Il semblerait, oui ! - Ne te moque pas de moi, s’il te plaît. Clémence est mon amour, l’amour de ma vie. Et cette fois je suis sûr de moi. Je me range. Plus de folies. Je ne veux pas la perdre.- Je suis heureux d’entendre ça car j’ai quelque chose d’important à te dire. Je vais me marier. J’avais peur de ta réaction mais me voilà rassuré. J’ai demandé Bérénice en mariage. Et je l’aime comme un fou. - Alors là, tu ne peux pas me faire plus plaisir ! Sache que je n’ai jamais rien fait d’inconvenant avec Bérénice. Nous sommes même restés amis. Et je vous vois très bien ensemble.- Tu n’as jamais rien fait avec elle ? - Jamais ? Rien de rien ?- Jamais ! Je te le jure ! Juste un petit baiser de rien du tout. Et, en plus, elle m’a clairement dit qu’elle ne m’aimait pas. - J’en suis heureux. Je n'aurais pas aimé imaginer... Enfin bref! Ça ne te dérange donc pas que je l’épouse ?- Non, au contraire. Je suis très heureux pour vous deux. Et moi, j’ai ma Clémence ! Max avait l’air vraiment soulagé.- Merci, vieux ! - Je vais annoncer la bonne nouvelle à Bérénice maintenant.- Salue-la de ma part. La semaine qui suit, nous invitons Chris, le frère de Clémence, à venir célébrer son anniversaire avec nous. Il nous annonce que Nadège et lui vont vivre ensemble. J’ai du mal à ne pas m’étouffer avec mon gratin de tacos ! - Tu es en train de me dire que tu vas devenir le beau-père de mon fils Charles !- Oui et aussi ton beau-frère puisque tu épouses ma sœur, nous allons former une belle famille ! J’avoue que pour le moment, j’ai un peu de mal à partager l’enthousiasme de Chris. Mais Nadège a bien le droit de faire sa vie après tout.Clémence s’inquiétait un peu pour son frère :- Tu es sûr de pouvoir vivre avec une femme qui a déjà un enfant ?- Tu vas bien te marier avec un homme qui en a trois !Et toc ! Je me prends ça en pleine figure ! - Clémence gère très bien. Et puis mes enfants ne vivent pas avec nous, rétorqué-je.- Touché ! Mais j’aime Nadège et je sais que le petit Charles ne sera pas un problème. C’est enfin le moment pour Chris de souffler ses bougies et de passer à l’âge adulte. Lorsqu’il s’en va, je suis soulagé. La conversation commençait vraiment à me peser. Je plonge mon nez dans la vaisselle.- Et bien dis donc ! s’exclame Clémence. Il s’en est passé des choses durant nos trois semaines de vacances ! Max et Bérénice se marient et voilà que mon frère va vivre avec Nadège ! - Tu peux le dire ! En plus, j’ai reçu un appel de Stéphanie ce matin. Elle aussi s’est mise en ménage. Un certain Sir Alan. Il vit au manoir avec Claire et je ne sais même pas qui c’est, ce type !- A ta place, j’irai le rencontrer. Ne serait-ce que pour savoir qui vit sous le même toit que ma fille. - Tu as raison, comme d’habitude. J’irai voir ça de plus près demain. Lorsque j’arrive au manoir, Stéphanie m’accueille avec un grand sourire. L’amour lui va très bien. Elle est resplendissante. Elle a prévenu Sir Alan de ma visite et elle m’invite à le rejoindre au salon où il est en train de jouer aux échecs. Il se trouve que Sir Alan est une personne très sympathique et d’un abord facile. Il comprend très bien mon inquiétude de voir arriver un inconnu dans la vie de sa fille et me dit de ne pas m’inquiéter. Il ne tient pas du tout à me remplacer auprès d’elle et gardera sa place de beau-père uniquement. C’est un peu rassuré que je monte voir Claire dans sa chambre. Alan m’a l’air d’être un homme très bien. Claire est enchantée de me voir.- Mon Papa ! Et lorsque je lis dans ses yeux tout l’amour qu’elle a pour moi, je ne m’inquiète plus. Je sais que je serai toujours son Papa. L’après-midi, je rejoins Nadège et Charles au parc d’Oasis Spring.- Alors, petite cachotière, il parait que tu vas devenir ma belle-sœur ! - Ça ne te dérange pas au moins ?- Pas du tout. Chris est quelqu’un de très bien et je suis sûr qu’il prendra soin de toi et de Charles. - Moi aussi. Et je trouve que c’est une bonne chose pour Charlie que nous fassions partie de la même famille, même si nous ne sommes pas un papa et une maman vivant sous le même toit.Je n’avais pas vu les choses sous cet angle mais Nadège a complètement raison. Nous allons faire partie de la même famille. Elle s’assombrit pourtant.- Par contre, j’aurai besoin de ton aide. Charles en fait voir de toutes les couleurs à Chris. Il est invivable. Depuis que nous avons emménagé chez lui, il accumule les bêtises.- Je vais lui parler tout de suite. - Viens voir un peu par ici, petit bonhomme ! Je rattrape Charlie sur l’aire de jeu.- Alors comme ça, il parait que tu fais plein de bêtises ! - Viens, on va un peu discuter entre garçons, toi et moi. Charles m’écoute alors attentivement. Je lui explique que Chris ne prendra jamais ma place auprès de lui et que ce n’est pas parce que sa maman a rencontré un homme qu’elle cessera de l’aimer. Je suis conscient que c’est très difficile pour un bambin de comprendre ces choses d’adulte. Je lui dis que Chris est une personne de plus qui l’aimera comme sa Maman, comme moi et comme Clémence. - Tu m’as compris, Charles ? Tu seras gentil ?- Oui Papa. Charlie compris. Zentil Chris. Charles semble avoir été réceptif à mes paroles. Avant de partir, je vais aviser Nadège que tout devrait rentrer dans l’ordre.- Merci de ton intervention. Je savais que tu trouverais les mots. Tu es un bon père pour Charlie.Je file à la maison pour rejoindre Clémence qui est toutes excitée car elle a senti notre bébé bouger dans son ventre pour la première fois. J’adore voir le regard de ma belle épouse illuminé par ce qu’elle ressent. J’ai déjà vécu cette expérience trois fois auparavant mais lorsque je pose ma main sur son ventre, ce que j’éprouve est totalement différent de ce que j’ai ressenti les fois précédentes. Cette fois, il s’agit de la femme de ma vie et de notre bébé à naître, l’enfant de l’amour. J’ai l’impression que je vis cette expérience pour la première fois et je suis émerveillé. Je la serre dans mes bras.- Qu’est-ce que je t’aime ma Clémence ! Notre bébé va être le plus heureux du monde ! [...]Quelques temps plus tard, c’est l’anniversaire d’Olivier, le premier de mes bambins à passer à l’âge enfant. Je ne veux manquer cela pour rien au monde et j’emmène Clémence chez Hélène pour aller le chercher. Je tiens à ce qu’elle soit présente.Hélène semble consternée.- Pourquoi vous ne m’avez pas appelée ? J’ai déjà préparé le gâteau et Olivier sait qu’il va grandir aujourd’hui… On se serait organisés.- Tu te doutais bien que je souhaiterais être là quand même ! Sentant que je suis sur le point de m’échauffer, Clémence prend alors le relais :- Hélène, voudriez-vous venir à la maison avec nous. Nous emportons votre gâteau et nous fêterons l’anniversaire d’Olivier tous ensemble.- Je ne voudrais pas vous déranger…- Ce n’est pas le cas. Cela me fait vraiment plaisir. Et puis vous êtes sa maman. Une fois de plus, Clémence a trouvé une solution et je m’empresse d’aller trouver Olivier.- Que dis-tu d’aller fêter ton anniversaire à la maison de Papa, avec Maman et Clémence ? On emporte ton beau gâteau bien sûr ! Et tandis que Clémence se charge d’emballer le gâteau, Olivier me fait un gros câlin. Il est très content et je sens qu’Hélène est également très touchée de la proposition de Clémence. Lorsque nous arrivons au chalet, Clémence dépose le gâteau sur la table et Hélène y ajoute quelques bougies. J’approche Olivier de la table. Il est émerveillé par son beau gâteau et Hélène est heureuse.- Gâteau de Maman ! Et Olivier souffle. Il est devenu un petit bambin qui ressemble énormément à sa mère.- Vous avez un fils magnifique Hélène, lui dit Clémence.- Oui. Le temps passe si vite. J’ai l’impression de l’avoir mis au monde hier. Hélène s’affaire dans la cuisine pour ranger les vestiges de notre goûter d’anniversaire et je suis ravi qu’elle se sente suffisamment à l’aise chez nous pour faire ce genre de choses car elle y sera toujours la bienvenue. Mais il nous faut nous quitter. La nuit est tombée et la neige avec. Il commence à faire froid. Hélène tient à rentrer avant que le gel ne rende les routes impraticables.- Sois sage avec Maman, hein ? Et reviens très vite me voir. Tu me manques déjà. - Quand je veux ?- Evidemment ! Quand tu veux ! Et Hélène et Olivier sont repartis chez eux.- Eh bien voilà ! C’était une petite fête réussie, non ? - Oui et c’est grâce à toi.- Grâce à tout le monde. Hélène a accepté de venir et toi, tu ne m’as pas contredite, tu as bien voulu qu'elle vienne. - Tu te sous-estimes, je t’assure. C’est ta gentillesse et ta bienveillance qui ont permis cela. Plus la grossesse de Clémence avance, et plus nous passons nos soirées en « mode cocooning » au salon. J’aime beaucoup ces soirées tranquilles durant lesquelles nous sortons les pyjamas et nous installons confortablement sur le canapé, auprès du feu. Clémence était resplendissante mais elle n’avait pas l’air de le croire.- Tu es si belle ! La grossesse te va à merveille, mon amour.- Ah oui ? Vraiment ? Tu es aveugle ou quoi ? - Oh non, je vois que tu as mal aux reins mais tu es très belle même quand tu as mal.Je sens que mes paroles ne l’ont pas convaincue. Il faut que je me rattrape, et surtout, que j’efface ce sourire niais de mon visage. - Que dirais-tu d’un petit massage ?- Je prends avec plaisir. - Il n’y a qu’à demander !Je la masse délicatement pendant une bonne demi-heure et la sens se détendre, petit à petit, sous mes doigts.- C’est vraiment divin, Maxime ! - Alors cela t’a fait du bien ?- Vraiment oui. Je me sens déjà beaucoup mieux. - Maintenant allons dormir.- Déjà ?J’avais bien autre chose en tête mais je voyais bien que Clémence était épuisée. Il lui fallait du repos et de la tendresse. - Oui. Tu as besoin de sommeil. Je te ferai plein de câlins dans le dos pour t’aider à t’endormir. Je souhaite te ménager ma chérie.- D’accord. Ton programme câlin me va très bien. Les jours qui suivent, nous restons bloqués à la maison à cause de la tempête. J’en profite pour étudier certaines de mes plantes de plus près tandis que Clémence s’est lancée dans la lecture approfondie de la biographie de Mamie Perrine. Elle est capable d’y passer des heures. - Alors, c’était intéressant ?- Passionnant, je dirais.Je suis vraiment flatté que ma future femme s’intéresse ainsi à l’histoire de ma famille. Elle est tellement enjouée sur le sujet qu’elle envisage de lire les deux prochains tomes puis d’enchaîner avec les diverses écritures de Maman qui, elle, a écrit sa biographie sous forme de fiction, de livres de sciences fiction, plus exactement. Maman avait également écrit deux livres dédiés à Papa : un recueil de poésies et un roman d’émotion écrit après sa mort, sur tout l’amour qu’elle avait pour lui. - Je vais avoir de quoi être occupée un moment avec tous ces livres !- C’est certain. Ecoute, je change de sujet mais j’ai une proposition à te faire.L’idée m’était venue au milieu de la nuit. Je dis à Clémence que nous allons bientôt être pris avec les anniversaires consécutifs de Claire et Charles. D’autre part, sa grossesse est déjà bien avancée et j’aimerais beaucoup qu’elle soit officiellement mon épouse lorsque notre bébé viendra au monde. J’aimerais tout faire dans les règles cette fois.- Que dirais-tu de nous marier à la fin de la semaine, ici même, dans notre jardin ? Une cérémonie en toute intimité, rien que nous deux ?
