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Deuxième année
Printemps - Semaine 8 (1/2)
Ma petite sœur était une vraie petite princesse. Elle était la petite dernière et il y avait toujours quelqu’un à la maison pour prendre soin d’elle, moi y compris.


Mathurin reçut cette saison-là, sa lettre d’admission à l’université. Inutile de vous dire qu’il était heureux comme tout. Il allait pouvoir s’inscrire à l’université de Foxbury pour suivre un cursus prestigieux en informatique. Il touchait du doigt son rêve de devenir ingénieur informaticien.


Papa et Maman avaient l’air très fiers de sa réussite pour l’examen d’admission et ne cessait de le féliciter. Mathurin avait même trouvé une petite maison à Gibbs Hill, colline idéalement placée entre les universités de Britechester et de Foxbury et qui abritait la célèbre bibliothèque nationale des sims ainsi qu’un pub qui permettait aux étudiants des deux universités de se réunir pour des moments amicaux.

Mon frère avait prévu de partager son logement avec Claire Moreau ce qui fit le bonheur de Papa sans que je ne comprenne vraiment pourquoi il montrait autant d’enthousiasme. Claire était notre amie depuis l’enfance et je ne voyais pas en quoi il avait l’air de trouver cela extraordinaire.
Claire vint chercher Mathurin vers seize heures et ils partirent à la fin de la journée.

Le printemps était revenu et la nature se réveillait doucement, nous révélant toute sa beauté après plusieurs mois d’une torpeur bienfaisante.

Il faisait encore frais mais les feuillages devenaient verdoyants, les fleurs commençaient à arborer fièrement leurs jolis pétales et les abeilles faisaient entendre leurs bourdonnements au fond du jardin.

Les animaux aussi semblaient sortir de leur léthargie hivernale et quittaient plus volontiers l’étable ou le poulailler.

C’était la saison idéale pour faire découvrir à Naya la joie des promenades en forêt, et cela me permettait aussi de prendre l’air et d’explorer la forêt de Bramblewood que je ne connaissais que très peu.


Papa avait achevé ce jour-là la construction du moulin sur lequel il travaillait, avec Jérôme Moreau, le père de Claire, depuis plusieurs mois. Et il n’était pas peu fier de son travail. Il faut dire que l’édifice était imposant et devait se voir d’aussi loin que le phare de Brindleton Bay.
Je savais que ce moulin était un rêve qu’ils avaient eu avec Maman lorsqu’ils se sont connus et je suis vraiment heureuse qu’ils puissent aujourd’hui en profiter avant d’être trop vieux.

Depuis que Maman avait mis au monde ma petite sœur Jeanne, j’avais pris la relève pour m’occuper des ventes tous les après-midi. Je n’avais pas la fibre commerciale mais nos pétillants aux fruits et nos gâteaux étaient déjà connus et, Naya était toujours près de moi pour m’encourager, alors, ce n’était pas très compliqué.

Les clients venaient jusqu’à la ferme Bellecour les yeux fermés et avait toute confiance en les produits que je leur proposais. Les bouteilles de lait et les légumes géants, que j’avais introduits peu à peu, commençaient même à avoir du succès et le bouche à oreille semblait fonctionner, pour ma plus grande fierté.

Je reçus cet après-midi-là un appel de Mathurin. Il était parti se promener dans la forêt de Bramblewood et souhaitait que je l’y rejoigne.

Je remballai aussitôt mes marchandises, les remis au frais, et allai chercher Naya puis nous partîmes pour Bramblewood.
Mathurin m’attendait près d’une aire de pique-*.

- Alors comme ça, tu viens te promener seul en forêt ? Je t’aurais plutôt imaginé sillonner le campus et écumer ce fameux pub dont tous les étudiants parlent.
- Je n’étais pas tout à fait seul.

- Ah bon ?
- J’étais avec Julien jusqu’à ce que je t’appelle. J’ai rompu avec lui.

- Et on peut savoir pourquoi tu as fait ça ? Il me semblait que tu l’aimais bien ce garçon, pourtant...

- Il était trop jeune pour moi. Nous avons eu de bons moments, mais nous étions adolescents. Nos centres d’intérêts sont complètement différents à présent. Il me semble que ce que nous avions en commun n’existe plus.
- Oh... et bien j’imagine que tu vas trouver plein de beaux gosses sur le campus !

- N’y compte pas trop. Je pense que je vais essayer les filles. Pour tout te dire, ce n’est pas un hasard si Claire et moi avons pris une colocation ensemble.

À ses mots, je me redressai, complètement abasourdie. Mon frère m’avait confié, il y a plusieurs années en arrière, ses préférences sentimentales et il n’avait jamais été attirée par les filles :
- Tu plaisantes, hein ? C’est quoi cette histoire ?
- Je suis tout à fait sérieux.

J’abandonnai alors Naya pour me rapprocher de Mathurin qui n’avait absolument pas l’air de galéjer.
- J’ai entendu une conversation entre Papa et Maman, il y a quelques temps...
- Quel genre de conversation ?

Mathurin m’expliqua alors qu’il avait surpris une conversation entre nos parents et combien Papa avait paru inflexible au sujet de l’homosexualité.
- Je ne veux pas le décevoir, je ne pourrai jamais le décevoir.

Mathurin venait de sortir son cahier de cours. Il parlait de déception mais lui aussi avait l’air tellement déçu...
- Tu es sûr de ce que tu as entendu ? Tu n’aurais pas pu mal interpréter ? lui demandai-je.

- Papa a clairement dit qu’il ne voulait pas que je sois *. Je n’ai rien interprété, j’ai entendu clairement ses paroles. Alors, tu vois, je vais devenir un hétéro digne de ce nom. Et Claire va m’y aider.

Je le regardai aligner tranquillement des mots derrière les autres mais j’étais complètement atterrée.
- Ne dis pas cela, s’il te plait... Tu vas aller contre ta nature, je le sais...

- On ne sait rien, Thérèse. On ne fait que supposer, et, peut-être que cette vie avec Claire me réussira. Elle est partante pour essayer, alors même qu’elle a toujours su que j’aimais les garçons.

- Papa n’aimerait pas te savoir malheureux.
- Papa a déjà tout dit à Maman, je crois.

Mathurin ne démordit pas et m’annonça tout de go que Claire et lui avaient prévu de se marier, ce que je trouvai complètement insensé et prématuré. Il s’était mis dans la tête que Claire était suffisamment amoureuse de lui pour les rendre heureux tous les deux.

Il m’accompagna à la maison pour célébrer l’anniversaire de Jeanne avec nous.

Puis lorsque nous eûmes terminé le repas, il annonça sa grande nouvelle à nos parents qui trouvaient, eux aussi, que Mathurin était encore jeune pour se marier. Je ne pus m’empêcher de le regarder avec un sourire de satisfaction.

Papa et Maman l’avaient bien évidemment questionné sur son avenir. Qu’allait-il advenir de ses études ? Comment allait-il pouvoir subvenir aux besoins de son foyer avec sa seule bourse universitaire pour revenu ? Je les sentais inquiets.

Mon frère avait réponse à tout. Claire allait travailler jusqu’à ce qu’il obtienne son diplôme et, ensuite, il prendrait le relais. Papa et Maman eurent l’air satisfaits de la réponse mais je me demandais si leur petit arrangement durerait sur la longueur. Il faudrait que j’arrive à discuter avec Claire.

Mathurin partit peu de temps après en laissant notre père fou de joie à l’idée de marier prochainement son fils.

Je me demandais vraiment qu’elle allait être l’issue de toute cette histoire car je sentais qu’elle aurait une issue des plus désagréables. Je me pris alors à regretter l’insouciance de mon enfance.

Avec l’anniversaire de Jeanne, mes parents et moi avions transformé ma chambre d’adolescente en une jolie chambre pouvant aussi accueillir ma petite sœur.

La construction du moulin ayant pris beaucoup de temps et d’énergie à Papa, l’agrandissement de la bâtisse avait été reportée à plus tard. J’avais donc proposé de partager ma chambre avec Jeanne afin que mes parents puissent profiter de leur intimité.

Le soir était le moment que je détestais par-dessus-tout. Je pensais à Mathurin, bien sûr, et à sa lubie de vouloir se marier, mais aussi à Rahul, qui m’envoyait des cartes postales de tous les endroits qu’il visitait.


Heureusement la journée me donnait tant d’occupations que je n’avais plus le temps d’y songer. Jeanne m’accompagnait souvent lorsque je m’occupais des animaux et elle prenait plaisir à m’aider ou à me regarder.

C’était un plaisir pour nous tous de la voir ainsi s’épanouir près de nos bêtes. Elle avait même lié une amitié avec Marguerite qui ne se lassait pas de ses câlins.



Jeanne était à l’aise partout dans la ferme et elle aimait beaucoup courir après les poules, m’aider à distribuer la nourriture ou ramasser les œufs, lorsqu’elle arrivait à se lever le matin.

Mais elle n’en oubliait pas Naya pour autant.

Notre chienne appréciait beaucoup ses caresses mais elle avait en ce moment, d’autres préoccupations.

Pourtant, même après l’avoir encourager à s’accoupler, à maintes reprises avec ce chien appelé Kiwi ou avec d’autres, les échecs se succédaient et je ne savais plus quoi faire. Peut-être que Naya était simplement difficile sur le choix de son partenaire.

Ce matin-là, Maman avait tenu à se rendre à Henford avec moi.

Elle voulait présenter Jeanne à son amie Sarah tandis que je m’occupais des courses.

C’est alors que j’appris d’Agatha que Lavina inaugurait en ce moment-même un marché communautaire situé sur les hauteurs de la forêt de Bramblewood et elle me conseilla vivement de m’y rendre.

L’idée plut tout de suite à Maman qui s’excusa auprès de Sarah pour m’accompagner. Lavina était très heureuse de nous voir et nous accueillit chaleureusement, comme à son habitude.

Elle me raconta recevoir fréquemment des nouvelles de Rahul et m’apprit qu’il lui parlait sans cesse de moi, que ce soit au téléphone ou par courrier. Elle semblait convaincue que, si son fils revenait un jour, ce serait grâce à moi.

Elle devinait que Rahul était amoureux de moi mais cela me paraissait complètement ridicule car, non seulement il ne l’avait jamais laissé entendre, mais il était aussi parti très loin.

Lavina me dit d’avoir confiance, qu’une mère sent ces choses-là et qu’elle ne pensait pas se tromper.

Je fus sûrement un peu plus sèche que je ne l’aurais voulu mais je parvins à lui dire que je n’attendrais pas éternellement son fils et que, si l’occasion se présentait, je ne serais peut-être plus libre à son retour.


J’appréciai de pouvoir être seule avec elle, sans Papa à ses côtés car j’avais besoin de lui parler de Mathurin. Les hommes de ma vie me causaient vraiment trop de soucis.

Je lui demandai donc directement si elle était au courant de l’homosexualité de Mathurin.
Elle me répondit par la négative, mais me confirma que mon père lui avait fait part de ses doutes sur le sujet il y a quelques temps.

Maman m’écouta attentivement lui raconter que mon frère était attiré par les garçons depuis tout jeune et qu’il n’avait jamais osé en parler sinon à moi.

Elle m’écouta lui raconter comment il avait surpris leur conversation, un soir, et comment, depuis, il avait échafaudé ce plan de mariage avec Claire pour rentrer « dans la norme » et plaire à son père.

Maman était choquée. Nous nous mîmes donc d’accord pour qu’elle en discute avec mon père tandis que je me chargerai de convaincre Mathurin de revenir à la raison.

Je me rendis chez Mathurin deux jours plus tard.

A ma grande déception, Claire aussi était là et elle était arrivée au moment précis où je suggérais à mon frère d’abandonner cette idée de mariage.

Evidemment, cela ne lui plut pas du tout :
- Tu es encore en train d’essayer de détruire notre couple ! me dit-elle d’un ton sec.
- Et si nous allions nous asseoir pour en discuter calmement ?

J’usai de mes arguments les plus éloquents pour tenter de faire entendre raison à mon frère et sa fiancée, ces deux-là s’entendaient comme larrons en foire depuis l’enfance et il paraissait évident qu’ils ne lâcheraient pas l’affaire aussi facilement.
- Mais vous n’êtes pas un couple ! lâchai-je brutalement.
- Peut-être pas dans le sens où tu l’entends mais nous en sommes un tout de même, m’envoya Claire d’un sourire forcé.

- Mais vous n’êtes pas amoureux ! Tu sais très bien que mon frère est gay. Tu as connu ses copains.

- Mathurin, vous serez malheureux tous les deux...
- Non, c’est faux, me répondit Claire. Mathurin a promis de ne se consacrer qu’à moi une fois marié. Et je le rendrai heureux.

- Il ne pourra pas tenir cette promesse et tu le sais très bien.

- Si, je la tiendrai, Thérèse.
- Tu vois, et avec le temps, Mathurin apprendra à m’aimer. Nous serons heureux.

- Bon ok ! La vie est belle, les petits oiseaux chantent ! C’est formidable mais tu n’es pas un garçon, que je sache !

- Thérèse... L’amour n’a pas de se.xe, me dit calmement mon frère.
Là-dessus, il marquait un point et je ne pouvais pas le contredire.

- Très bien, je vais vous laisser. Je vous promets de ne plus vous embêter avec ça. J’ai encore du travail à la ferme.

Lorsque je rejoignis la ferme, Jeanne et Naya étaient là toutes les deux pour m’accueillir.

J’avais croisé Maman sous le porche et elle m’avait dit n’avoir pas eu avec Papa plus de succès que je n’en avais eu avec Mathurin. Papa approuvait même la décision de mon frère de vouloir s’accommoder d’une vie traditionnelle et conforme à la société. Il semblait avoir oublié que la société avait évoluée.
Je pris mon sécateur, ma griffe et ma cisaille puis je filais au jardin pour me changer les idées, talonnée par mes deux meilleures amies du moment.

Deux semaines plus tard, Mathurin se joignit à nous pour fêter l’anniversaire de Papa, accompagnée de sa fiancée.
- Vous n’avez toujours pas changé d’avis ? lui demandai-je.
- Tu avais dit que tu n’en parlerais plus.
C’est vrai.

Je décidai, ce jour-là, de laisser tomber cette quête insensée de ramener Mathurin à la raison. Après tout, Maman avait aussi abandonné avec Papa, de son côté, et je finis par penser que c’était peut-être une décision raisonnable si nous voulions conserver des liens pérennes et amicaux au sein de notre famille. 
C’est donc dans une humeur bonne enfant que mon père souffla ses bougies. 

Les sujets de conversations, heureusement ne tournèrent pas tous autour du mariage de Mathurin. Celui-ci nous appris qu’il avait réussi sa présentation et son examen final sur les principes de programmation. Nous étions tous fiers de lui. 
Il avait encore beaucoup d’autres matières à passer pour obtenir son diplôme mais Claire nous confirma que Mathurin travaillait très dur dans ce but.
Contre toute attente, la soirée d’anniversaire de mon père fut une belle réussite et nous passâmes un agréable moment tous ensemble.
La suite juste en dessous 🙂
Sul sul Nathalie-san (fin semaine 8)
Que de rebondissement ! Un mariage voué à l'échec et un amour en attente.
La petite Jeanne semble pouvoir devenir une aide dans la ferme.
Et le mystère du concours de Henford ! 😖 Le fonctionnement de ce concours est incompréhensible ! 😵 Au moins je suis pas la seule ! 😭
- Nathalie98630 days agoSeasoned Ace
Bonjour Aoi-Senritsu,
Oui, pour le mariage, c'est pas la meilleure idée du siècle.... A voir comment ça évoluera 😉
En effet, Jeanne pourrait peut-être prendre la relève. Quant aux mystères des concours de Vie à la Campagne, va comprendre !! Il n'y a rien de logique là-dedans 😅
