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Fanfandefrance
11 years agoSeasoned Ace
La vie au campement suivait son train-train avec son lot de petits tracas matériels et humains.
Sur le plan matériel, notre second baby-boom nous avait contraints à accélérer la cadence pour loger décemment tout ce joli monde. Comme nous manquions singulièrement de matériaux, les hommes partirent plus souvent en expédition à l'extérieur du camp pour ramener tout ce qui pouvait servir: bois, pierres, bouts de ferraille, cordes... Finalement ça avançait plutôt bien !
Sur le plan humain, ma foi, ça ne se passait pas si mal si on faisait abstraction de quelques tensions persistant entre Maryvonne et Starlette, pas toujours évidentes à gérer.
Tiens, à ce sujet, laissez-moi donc vous narrer la dernière boulette de la schtroumpfette du campement et jubilons ensemble...
C'était le jour de notre réunion hebdomadaire durant laquelle Bertrand avait pour habitude de dresser notre inventaire et l'étendue de nos besoins. Donc, ce jour-là, à peine arrivée devant l'école où se tenaient nos réunions, j'ai senti venir l'embrouille. Maryvonne boudait dans son coin, se tenant à l'écart... Qu'est-ce qu'elle nous mijotait encore celle-là ?
Il n'en fallut pas davantage pour inciter Starlette à améliorer sa compétence malice: "Si Madame Duchâteau du Campement d'Oasis Spring veut bien se donner la peine de se joindre à nous..."
Aïeaïeaïeaïeaïe... ça sentait la poudre !
Bertrand désamorça habilement la situation explosive qui se préparait en commençant par les besoins urgents:
"Concernant le gros oeuvre, tous les chantiers engagés ont bien été menés à terme, il ne nous reste donc plus qu'à budgétiser les installations sanitaires. Chère Charlotte, maintenant que vous disposez des matériaux nécessaires et des compétences requises, auriez-vous l'obligeance de bien vouloir nous fournir un devis mentionnant les délais de livraison pour les équipements suivants: 4 bidets supplémentaires, 2 baignoires et 3 éviers..."
Starlette demanda (hélas!) la parole: "On pourrait aussi avoir des miroirs en plus ? Non parce qu'avec toutes ces filles à la maison, j'vous dis pas... bientôt va falloir prendre un ticket pour se refaire une beauté !"
C'est alors que Maryvonne s'est jetée sur
"Mais enfin, très chère, que pouvez-vous donc espérer d'un miroir sinon la terrible affliction d'y constater les outrages du temps et les flétrissures causées par vos grossesses multiples ? Cessez donc d'entretenir l'illusion de vos splendeurs passées et bougez-vous un peu le postérieur avant que votre époux ne finisse par regretter de vous avoir fait porter toute cette marmaille ravageuse.
Oups ! Attention... 3... 2... 1...
... et finalement la bombe n'explosa pas ! A la stupéfaction générale, Starlette a rentré la tête dans les épaules et s'en est allée chez elle sans rien rétorquer. Vache ! Là Maryvonne avait clairement dépassé les bornes des limites !
"Eh bien quoi, qu'ai-je dit de si grave Bertrand ? Cette fille n'a aucun sens de l'humour voilà tout !"
"Maryvonne... fermez-la s'il vous plait !"
"Eh bé, qu'est-ce qui t'arrive bébé ? T'en fais une tête ! C'est à cause des chaussettes que j'ai laissé traîner dans la chambre ?"
"Snifffff... non mon doudou, c'est pas ça... C'est Maryvonne ! Elle m'a dit que... "
On commençait à envisager une évacuation d'urgence de la famille Duchâteau quand Bertrand a décidé de prendre les choses en main:
"Bon, Maryvonne, il y a trop longtemps que je supporte votre bêtise et votre méchanceté. Par respect pour feu votre père qui m'a fait promettre de ne jamais mettre en péril notre union malgré votre sale caractère, je me suis toujours abstenu de vous réprimander. Mais ce temps est révolu Maryvonne, j'exige que vous alliez immédiatement vous excuser auprès de cette pauvre femme que vous venez d'insulter en public."
"Mais, Bertrand chéri..."
"Il n'y a pas de "mais" ni de "Bertrand chéri" qui vaillent Maryvonne. Oh et puis flûte tiens ! Maryvonne tu me les brises menues, tu prends tes cliques et tes claques et tu fais ce que je te dis, et en silence !!!"
Le soir même, prenant son courage à deux mains plutôt que ses jambes à son cou, Bertrand alla préparer le terrain auprès de Bud.
"Starlette, Bud, je tenais à ce que vous sachiez à quel point cet incident regrettable me chagrine. Maryvonne viendra vous adresser ses plus plates excuses dès demain matin."
"C'est ça, qu'elle vienne, j'vais lui causer du pays moi à ta bourgeoise ! Tu sais, j't'aime bien Bertrand, mais franchement je me demande comment t'as pu être assez débile pour te farcir une chieuse pareille."
"Moi aussi..."
"Allez, sans rancune mon vieux, tape m'en une et on oublie tout !"
"Merci Bud ! Vous êtes un chouette gars ! Et je vous promets que ça ne se reproduira plus... Dorénavant il y a deux trois choses qui vont changer chez les Duchâteau !"
(à suivre...)