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Prologue 1/4 - LUXE (publié en février 2021)
Je m’appelle Perrine. Je suis née dans un hôpital comme la plupart des enfants de ma génération.
J’habitais une très belle maison, moderne et luxueuse avec Papa, Maman et Amandine, notre majordome. Nous avions une vue imprenable sur la mer et sur toute la vallée et de l’autre côté, sur les montagnes. Une situation de rêve ! Et probablement aussi une vie de rêve.
Papa était ce que l’on appelle un créateur de tendances : il s’occupait perpétuellement de l’apparence des autres et il semble qu’il le faisait très bien puisqu’il était mondialement connu. Mais lorsque j’étais « dans ses pattes » alors qu’il discutait affaires, il appelait Amandine, le majordome, ou Paul, ma nounou, pour qu’ils m’emmènent jouer ailleurs.
Maman, elle était une actrice de renommée internationale, adulée par énormément de fans, à commencer par les jeunes acteurs qui travaillaient avec elle. Elle pouvait même se permettre de faire faire des caprices de star car du simple cadreur jusqu’au réalisateur ou au producteur, personne ne s’avisait de s’opposer à elle.
Mes parents étaient toujours occupés à beaucoup de choses tandis que moi, j’étais seule bien souvent.
J’essayais, chaque fois en vain, de capter l’attention de mes parents. Mon père passait beaucoup de temps sur son ordinateur à écrire des articles sur la mode, ou des blogs lorsqu’il n’enregistrait pas des vidéos sur sa station de production. Je l’observais souvent avec mes grands yeux innocents de bambinette, je lui souriais mais il était trop concentré pour s’apercevoir de ma présence.
Alors, j’allais voir ma mère mais il en allait de même : elle ne me voyait pas. Chaque fois, de nouveaux mixologues étaient là pour lui remplir son verre. Il devait être extraordinaire, son verre, parce qu’elle parlait à celui-ci très souvent, beaucoup plus qu’à moi. Mes sourires ne l’émouvaient pas plus que mon père.
Le seul qui écoutait mes babillages était mon nounours géant ! Mais il ne me répondait jamais lui non plus…
Alors, je m’asseyais sur un canapé trop grand pour moi et j’attendais que mes parents viennent me prendre dans leurs bras… Mais ils ne le faisaient jamais.
Maman passait quelques fois dans ma chambre, mais, voyant que j’étais occupée à jouer, elle repartait aussi vite qu’elle était arrivée. Je crois qu’elle était persuadée que je m’amusais beaucoup mais, surtout, elle était soulagée de ne pas avoir à s’occuper de moi. Après tout, elle payait suffisamment grassement un majordome et une nounou pour cela.
Elle leur donnait beaucoup d’ordres me concernant mais moi, si petite, j’aurais voulu ma maman.
Pourtant, petit à petit, je me suis attachée à eux, plus qu’à mes parents. Ils étaient toujours là lorsque j’en avais besoin, à me prodiguer réconforts ou câlins. Je les aimais très fort.
Paul prenait mon bain le soir et je m’amusais comme une petite folle à l’éclabousser.
Il me couchait aussi. Nous discutions un peu puis il attendait toujours que je m’endorme avant de partir.
Amandine me faisait toujours plein de câlins et jouait beaucoup avec moi. J’ai le souvenir de moments merveilleux passés auprès d’elle. J’ai su plus tard qu’Amandine ne pourrait jamais avoir d’enfant et qu’elle m’aimait comme si j’avais été sa propre fille.
Heureusement qu’elle était là et Paul aussi car mes parents avaient des choses toujours très importantes à faire et jouer avec moi n’en faisait pas partie !
Souvent, je voyais même des étrangers arriver dans notre jardin avec des caméras. Papa n’était pas content et il criait beaucoup après eux jusqu’à ce qu’ils s’en aillent. Amandine m’a expliqué que ce sont des paparazzi et qu’ils viennent embêter les gens célèbres pour les prendre en photo chez eux.
Papa et Maman se sont quand même rendus disponibles pour mon anniversaire.
Je les sentais de bonne humeur et je me souviens leur avoir fait part de mon souhait d’intégrer les scouts. J’en rêvais depuis longtemps et j’espérais leur assentiment. Secrètement, j’espérais ainsi pouvoir échapper à ma prison dorée et me faire des amis qui partageraient la même passion de la nature que moi.
J’ai eu beau les supplier, rien n’y a fait. Ils ont trouvé mon idée complètement farfelue et il était pour eux hors de question que j’aille me salir dans les forêts environnantes et me vautrer dans l’herbe ! Et tout cela en compagnie du petit peuple ! Quelle aberration !
Pour eux, le sujet était clos. Ils m’avaient de toute façon inscrite au club de théâtre dans le but que je devienne une actrice aussi célèbre que ma mère. Quelle déception pour moi…
Mes parents m’ont également changé de chambre. Je me retrouvais de l’autre côté de la maison, avec un dressing et une nouvelle salle de bain. Je n’ai pas compris pourquoi ce changement. J’étais tellement bien dans ma chambre de bambinette.
Je ne me sentais plus chez moi. J’avais perdu le seul environnement qui me rassurait.
Pourtant, je me rappelle avoir aimé ma nouvelle salle de bain. Il y avait une vue magnifique et surtout, je pouvais y réfléchir toute seule sans croiser les invités de Maman ou des paparazzi. J’y pleurais aussi, souvent, en silence.
Je ne comprenais pas pourquoi je ne pouvais pas rejoindre les scouts, pourquoi je n’avais pas le droit de courir dans l’herbe ou de sauter dans les flaques d’eau, ou même de creuser la terre ou de chercher des grenouilles. Mes camarades de classe en parlaient souvent et ils adoraient ces activités si farfelues pour mes parents. Cela avait l’air très rigolo.
Il y avait une pièce adjacente à la cuisine où il y avait une cheminée et beaucoup de jardinières. J’adorais y venir : j’adorais ce feu qui crépitait et m’envahissait d’un bien-être absolu. J’adorais aussi ces jardinières dans lesquelles j’imaginais de belles fleurs que j’aurais plantées moi-même mais j’avais une nouvelle fois été stoppée dans mon élan par Maman qui m’interdit formellement de le faire. Ce n’était pas à une fille de mon rang de faire cela. Il n’y aurait donc pas de fleurs.
Ce n’est pas grave. Je décidais alors que cette pièce serait mon petit jardin. J’y passais aussi ici mes appels téléphoniques à Elsa, une camarade de classe qui est très vite devenue une amie et avec qui je passais beaucoup de temps mais qu’il m’avait aussi été interdit de fréquenter à cause de son « statut social ».
J’avais invité plusieurs fois Elsa à la maison mais mes parents ne voyaient pas cela d’un très bon œil. Ils vaquaient à leurs petites occupations mais je sais bien qu’ils nous surveillaient quand même, l’air de rien.
Et nous, nous nagions ensemble, faisions de la balançoire ou jouions à faire semblant. Mais un jour, mes parents ont mis un terme à tout cela. Ils ne voulurent plus voir Elsa à la maison.
Un soir, alors que je finissais de me laver les dents, mon père arriva dans la salle de bain pour se diriger directement vers la bibliothèque. J’avais toujours trouvé bizarre qu’il y ait une bibliothèque dans la salle de bain mais je compris ce jour-là qu’il s’agissait en réalité d’une porte déguisée en bibliothèque.
Il disparut derrière et la bibliothèque reprit son aspect initial. Je la regardai alors avec grand intérêt mais ne vit aucune poignée susceptible de l’ouvrir. J’étais tout excitée ! Je venais de découvrir un passage secret.
Je me souviens être allée en parler à Amandine.
- Tu sais, il existe des mécanismes cachés dans les livres ou dans les décorations pour ouvrir ce genre de porte.
- Génial ! Je vais essayer ça cette nuit quand les parents dormiront !
- Attention, je ne t’ai rien dit, bien évidemment !
- Bien évidemment ! Je t’aime trop Amandine !
- Moi aussi, ma petite chérie, moi aussi !
Amandine dut me laisser car mes parents avaient des invités ce soir et elle, avait donc beaucoup de travail. C’est certainement pour cela qu’ils m’avaient fait dîner si tôt et envoyer à l’étage. Je constatai que les premiers étaient arrivés. Tant mieux ! Ils seront trop occupés pour se rendre compte que j’allais fureter du côté de la bibliothèque.
Je découvris le mécanisme assez rapidement. C’est beaucoup plus facile lorsqu’on sait ce que l’on cherche. Tirer la chevillette et la bobinette cherra. C’est ce que je fis : la porte s’ouvrit.
Elle se referma d’un coup sec derrière moi. Je sursautai. Il n’aurait plus manqué que je restasse enfermée là-dedans. Mais je constatai vite, soulagée, que de ce côté-ci, il y avait une vraie porte avec une poignée.
Sur la droite, j’aperçus un escalier.
Je descendis la tripotée de marches de cet escalier pour pénétrer, médusée, dans, non pas un, mais deux coffres-forts ! Ils étaient remplis de billets, de bijoux et autres lingots. Je venais de découvrir le trésor familial : mes parents étaient riches à millions. Malgré tout, je me demandai à quoi cela servait d’en avoir autant.
Amandine ne l’était pas. Elle m’expliqua que Papa, en publiant une seule vidéo, gagnait des milliers de simflouz, tout comme Maman lorsqu’elle jouait une seule scène d’un film.
- Alors, imagine lorsqu’elle a fini le tournage du film ! Et pense à ton père qui publie une à trois vidéos par semaine !
Maman nous observait Amandine et moi tout en sirotant son verre de nectar matinal. Je savais qu’elle ne pouvait pas entendre que nous nous disions mais j’eus tout de même peur qu’elle ne me privât d’Amandine tout comme elle le fit avec Elsa, ou du moins, tout comme elle crût qu’elle le fît.
Elsa et moi nous voyions aussi souvent que possible, dans le dos de mes parents, bien sûr !
C’est ainsi qu’elle me fit découvrir la ville de San Myshuno et son festival des épices. Nous nous y rendîmes un soir où mes parents s’étaient absentés pour une remise des Topisims. C’est là que je goûtai un curry pour la première fois de ma vie. Le plat était excellent mais je me souviens avoir eu la bouche en feu des heures durant après l’avoir avalé. Elsa s’amusa beaucoup de mon infortune.
Nous finîmes la soirée chez elle car elle tenait absolument à me montrer sa maison. Son père était là et regardait la télévision.
Elsa nous présenta. J’ai le souvenir d’un homme charmant et accueillant avec qui j’ai discuté un bon moment, un homme qui était tout le contraire de mes parents. Il m’invita à revenir voir Elsa quand je le souhaiterais.
Il engagea même Elsa à me faire visiter sa maison.
Et nous partîmes à la découverte de la maison. J’avais déjà remarqué que la cuisine/salon/salle à manger était une seule et unique pièce mais de bonne taille tout de même.
La chambre d’Elsa était très mignonne. Elle avait tout ce qu’il fallait, et même un atelier de scientifique ! J’aurais tellement aimé en avoir un. Mais Papa et Maman n’auraient jamais voulu. Au lieu de cela, j’avais un grand dressing ! Tu parles d’une aubaine !
Je visitai aussi la chambre de la grande sœur de mon amie, une adolescente et j’y découvris un magnifique piano.
La maison était aussi dotée d’une grande piscine comme chez nous, certes pas si grande mais il y avait de quoi y faire de belles longueurs.
Et la chambre de ses parents était, je pense, aussi grande que celle des miens, avec autant d’espace inutile.
Quant à leur salle de bain, elle valait largement toutes les nôtres. Nous en avions certes cinq mais nous ne les utilisions jamais toutes…
Et ils avaient aussi un bureau, un ordinateur, une salle de sport très bien équipée, bien mieux que chez nous d’ailleurs, et une magnifique terrasse avec une très belle vue.
A force d’entendre Maman dire qu’Elsa habitait dans un taudis, je m’étais imaginé une maison tout à fait différente de celle-ci. La maison d’Elsa était grande et aussi belle que la nôtre. Qu’elle soit plus petite ne la rendait pas moins honorable. C’était une maison accueillante et chaleureuse, tout comme Elsa et son Papa. J’aurais beaucoup aimé y vivre.
Je remerciai Elsa de sa gentillesse et de son accueil. Je la remerciai de m’avoir fait visiter son « chez-elle » alors qu’elle n’avait jamais pu mettre les pieds que dans mon jardin. Mais il fallait que je sois à la maison avant que Papa et Mama ne reviennent de la cérémonie des Topisims.
Elsa se proposa de me raccompagner, ce que j’acceptai volontiers, me disant que, étant donné l’heure, Papa et Maman ne seraient pas encore rentrés.
A suivre...
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